Putsch constitutionnel: le peuple n’a pas dit son dernier mot! [Par Hadiatoullaye DIALLO]


Plus
personne ne doute désormais de l’intention du Président de la République de
Guinée de rester à vie au pouvoir. Chaque citoyenne et chaque citoyen de notre
pays, y compris, les partisans du régime en place, savent aujourd’hui que le
projet de Nouvelle Constitution est une supercherie, qu’il n’a pas pour objet
de contribuer à une quelconque amélioration du système de gouvernance mais
plutôt le maintien illégal au pouvoir du Président et de l’élite corrompue et
servile qui l’entoure et ce, quel que soit le prix humain à payer par des
populations déjà meurtries par l’analphabétisme, le chômage endémique, la
pauvreté généralisée et les problèmes de santé.

Mais, alors, me direz-vous, pourquoi
chacune et chacun de nous croient inconsciemment ou non que le référendum
scélérat aura lieu et que le Président actuel arrivera à ses fins?

Parce
que, au fond, tout le monde est épuisé, épuisé par la rhétorique politique
permanente et les mensonges quotidiens qui nous sont servis depuis bientôt dix
ans; épuisé par l’absence de pause depuis plus de
soixante et un ans dans le matraquage psychologique et les répressions
mortelles de toute velléité de contestation du Pouvoir; épuisé par le sentiment
que le combat entre les politiciens ne repose que sur le besoin d’accéder au
pouvoir pour partager le gâteau des deniers publics sur le dos de l’écrasante
majorité des citoyens ; épuisé par l’absence d’incarnation du véritable
patriotisme par un parti politique ou par une personne providentielle; épuisé
par la confiscation des droits; épuisé par la corruption structurelle; épuisé
par ce sentiment diffus qu’il n’y a pas d’espoir
et qu’il faut s’en remettre à «Dieu»; épuisé par les politiques du fait
accompli et du court terme pour parer au plus pressé, illustration d’un manque
criard de Vision; épuisé par l’acharnement du Pouvoir en place à diviser les
Guinéens pour régner et pour mieux se servir ; épuisé par le manque de
perspective pour les jeunes; épuisé par la saleté; épuisé par les mauvaises
conditions de transport; épuisé par les coupures ou l’absence d’électricité;
épuisé par le manque d’eau; épuisé par le manque de travail; épuisé par la
perte des valeurs et principes; épuisé par…l’épuisement!

Faut-il pour autant renoncer à lutter
contre cette injustice flagrante et l’insulte faite au Peuple de Guinée ?

La
réponse est sans ambiguïté, Non! Pourquoi ? Parce qu’en renonçant, nous
validerons définitivement le fait que nous sommes devenus un peuple qui ne retient
pas les leçons de notre propre histoire ; Parce qu’en renonçant, nous
validerons définitivement le fait que notre pays a vocation à n’être dirigé que
par des élites corrompues qui n’ont besoin de rendre compte à personne ;
Parce qu’en renonçant, nous validerons définitivement le fait qu’un groupuscule d’élites corrompues et
leurs familles ont le droit de disposer d’à peu près tous les droits et tous
les biens de plus de douze millions d’âmes ; Parce qu’en renonçant, nous
validerons définitivement l’ancrage de notre pays dans le sous-développement
moral, culturel, économique, social, environnemental et politique.

Enfin, Que faire?

  1. Opposer
    un refus individuel et collectif au niveau de chaque personne et de chaque
    groupe constitué
  2. Résister par tous les moyens, y compris la
    désobéissance civile, à toute tentative d’imposition d’une nouvelle
    constitution,
  3. Refuser de participer à toute élection tant
    que:
  • Le fichier électoral n’est pas assaini, avec la certification d’un organisme neutre formellement agréé conjointement par les différents acteurs du processus électoral,
  • Le recensement du corps électoral ne s’effectue pas dans un délai jugé raisonnable par toutes les parties prenantes, et sous un contrôle conjoint de tous les acteurs du processus,
  • Le processus des élections locales et communautaires n’est pas entièrement clos conformément à la loi,
  • Le Président persiste dans sa volonté d’officialiser le parjure qui est à la base de cette Nouvelle constitution dont le caractère autocratique et dictatorial n’échappe à personne.

Pour
conclure, tout Citoyen Guinéen qui a peur doit se rappeler ces paroles de
Sénèque dans les Lettres à Lucilius, au milieu du premier siècle après
Jésus-Christ : «Il n’est pas de vent
favorable pour celui qui ne sait où il va”! Le Peuple de Guinée
doit montrer à ces «Dirigeants» qui confisquent leurs droits, qu’il est enfin
mûr et qu’il sait où il veut, où il doit aller.


#Amoulanfé


Par Hadiatoullaye DIALLO Étudiante en Communication à Paris