Pour Sidya Touré, président de l’UFR «Les élections n’auront pas lieu en février 2020» [Vidéo]


Invité politique du journal TV5 Monde, l’opposant guinéen et membre actif du Front national pour la défense de la constitution (FNDC) dénonce le fichier électoral et la volonté du président Alpha Condé de s’éterniser au pouvoir.

L’intégralité de l’interview







Nicéphore Soglo: “Il ne faut pas attendre qu’il y ait des génocides pour intervenir” en Guinée (Audio)


Évaluer l’environnement politique et électoral à l’approche des élections législatives de février 2020, proposer des recommandations pour renforcer la confiance des citoyens dans le processus et atténuer les risques de violence en république de Guinée. Tel est l’objectif d’une mission d’une semaine organisée par le National Democratic Institute (NDI) en collaboration avec la Fondation Kofi Annan.

La mission qui a pris fin vendredi 13 décembre 2019 était conduite par Nicéphore Soglo, ancien Président du Bénin, et Goodluck Jonathan, ancien Président du Nigéria.

Nicéphore Soglo, ancien président du Bénin, explique les attentes des futures élections en Guinée.

Il répond aux questions de Ferdinand GOGOUA.



Cet article est republié à partir de bbc.com. Lire l’article original





Législatives février 2020 : le vice-président de la CENI dénonce «le fichier électoral guinéen en cours de révision»


Dans une déclaration rendue publique ce lundi 16 décembre 2019, Mamadou Bano Sow, vice-président de la Commission électorale nationale indépendante de la Guinée dénonce « le fichier électoral guinéen en cours de révision », les « insuffisances injustifiées de matériels essentiels pour l’enrôlement », « le fonctionnement de la CENI », et recommande la reprise du « chronogramme des élections législatives ».


Déclaration

Je,
soussigné, Mamadou Bano SOW, Vice-président de la CENI, dénonce le fichier
électoral guinéen en cours de révision. Je formule la recommandation suivante :

Reprendre le
chronogramme des élections législatives pour le décomposer en deux étapes :

  • révision du fichier électoral, audit du fichier électoral révisé, correction des anomalies, évaluation sur le terrain des citoyens laissés pour compte pour leur donner la possibilité de s’enrôler ; certifier le fichier final ;
  • élaborer le chronogramme des élections après la finalisation d’un fichier électoral consensuel.

Je dénonce la révision du fichier en cours. Je suis désarmé face à un système puissant, bien élaboré, qui impliquerait le Président de la CENI, la mouvance et le Pouvoir par l’interférence de l’administration.

Tout est bien orchestré

Un chef
secteur qui « décide » qu’un président de CAERLE ne travaille plus sur SON
territoire. Un chef de quartier qui « décide » de vendre un certificat qui est
pourtant gratuit et qui le délivre de manière discriminatoire. Des membres de
CAERLE emprisonnés au gré de l’autorité locale. Des représentations
diplomatiques qui décident du déploiement des Kits d’enrôlement ou de l’arrêt
du processus d’enrôlement. Des représentations diplomatiques, qui normalement
habituées à remplir les formalités d’usage, qui accusent du retard pour saisir
les autorités des pays hôtes. Des consulats qui créent des difficultés dans la
délivrance des cartes consulaires.

Insuffisance injustifiée de matériels essentiels pour l’enrôlement : formulaires d’inscription, récépissés…; lancement précipité et désordonné des opérations de révision ; introduction de formulaires d’identification qui a semé la confusion, pendant que certains opérateurs de bonne ou de mauvaise foi disent aux électeurs qui disposent d’un formulaire d’identification qu’ils n’ont pas besoin de s’enrôler en contradiction totale avec la recommandation forte de l’audit R1 ; réduction de moitié du nombre d’opérateurs par kit.

Un chef d’orchestre aguerri

A mon
arrivée à la CENI, j’ai fait le jugement suivant. Le président de la CENI est
un homme intelligent, qui a une bonne connaissance de la CENI et une expérience
avérée. Il a une grande capacité de travail. Ce que je ne pouvais pas imaginer
était qu’il était capable de conduire le processus électoral et tous les
acteurs du processus dans la situation préoccupante actuelle. Et le plus grave,
tous les acteurs l’accompagnent ; peut être en se disant qu’ils sont bien
représentés à la CENI.

Je dénonce le fonctionnement de la CENI. A distance, j’ai suivi les péripéties et tractations qu’il y a eu pour changer la loi, les Commissaires de la CENI et les présidents qui se sont succédé. Aujourd’hui de l’intérieur, je comprends mieux ce qui a manqué pour améliorer la situation. Après l’audit du fichier, il devrait s’en suivre l’audit du fonctionnement de la CENI. C’est aujourd’hui encore une nécessité.

Quelques
illustrations. Je suis Vice-président, je ne pense pas être seul dans cette
situation. Je n’ai jamais vu le contrat signé avec Innovatrics, les précédents
contrats non plus, du reste. Malgré toutes les compétences techniques parmi les
17 commissaires actuels, je ne connais pas un seul qui a accès à la base de
données pour dire à la plénière voilà ce qui s’y passe, voilà où nous en
sommes.

En février
dernier, crédule et inexpérimenté que j’étais, voici ce que je suggérai :

  • Que le site central de la CENI soit administré par un service administratif et technique et placé sous l’autorité du département fichier.
  • Que le fichier soit géré au site central et un backup quotidien en mode lecture soit cogéré par des commissaires de la CENI afin d’effectuer le contrôle et suivi de toutes les activités menées au site.
  • Que le Président de la CENI dispose de tous les privilèges pour la gestion de tous les mots de passe.

Aujourd’hui, le site central est placé sous le seul contrôle direct du président. Il n’y a aucune possibilité pour un commissaire, si compétent soit-il en informatique, d’évaluer ou de contrôler les travaux sur le fichier. Seul le président peut demander une information ou donner une instruction à l’opérateur Innovatrics.

Les 16
autres commissaires que nous sommes, sont censés valider le fichier qui en
sortira pour que les acteurs du processus soient en confiance.

Personnellement, pour le moment, je suis au regret de dire que je ne suis pas en mesure de certifier les travaux du fichier en cours.

Conakry, 16 décembre 2019

Elhadj Mamadou Bano SOW





La mission NDI / KAF demande au gouvernement de «clarifier davantage sa position concernant les spéculations sur le cadre constitutionnel du pays» [Déclaration]


DÉCLARATION DE LA MISSION CONJOINTE D’ÉVALUATION NDI/KAF EN GUINÉE 13 décembre 2019


I. Introduction

Du 9 au 13 décembre, le National Democratic Institute (NDI) et la Fondation Kofi Annan (KAF) ont mené une mission d’évaluation préélectorale avant les élections législatives prévues le 16 février 2020. La délégation était composée de S.E.M. Nicéphore Soglo, ancien Président du Bénin, S.E.M. Goodluck Jonathan, ancien Président du Nigéria, l’Ambassadeur Medina Wesseh, Secrétaire générale de l’Union du fleuve Mano, Dr Christopher Fomunyoh, Directeur Afrique au NDI, M. Sébastien F.W. Brack, Chef du programme Élections et Démocratie à la Fondation Kofi Annan, Dr. Sophia Moestrup, Directrice adjointe pour l’Afrique centrale et occidentale au NDI, et M. Paul Komivi Sémeko Amegakpo, Directeur résident du NDI en Guinée.

Les objectifs de la délégation
étaient les suivants :

  • Manifester le soutien international à la démocratie et au processus électoral en Guinée ;
  • Évaluer l’environnement politique et électoral à l’approche des élections législatives de 2020 ;
  • Évaluer les préparatifs électoraux et proposer des recommandations pour renforcer la confiance des citoyens dans le processus et atténuer les risques de violence.

La délégation a rencontré le Président de la République, S.E.M. Alpha Condé, le Président de l’Assemblée nationale, Honorable Claude Kory Kondiano, et d’autres dirigeants de l’Assemblée nationale, le Premier Ministre M. Ibrahima Kassory Fofana, le Président Me Salif Kébé et les membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), des responsables des partis politiques de la majorité et de l’opposition, des responsables d’organisations de la société civile, des représentants des médias, le Groupe national de contact (GNC), l’Imam de la Grande Mosquée de Conakry et le Conseiller Spécial de l’Archevêque de Conakry, ainsi que des représentants de la communauté diplomatique et des partenaires internationaux basés à Conakry. La délégation exprime sa profonde gratitude à toutes les personnes rencontrées d’avoir reçu la mission et d’avoir librement partagé leurs points de vue sur le contexte politique et le processus électoral.

La délégation a
mené ses activités conformément aux lois de la République de Guinée et à la
Déclaration de principes pour l’observation internationale des élections,
adoptée en 2005 aux Nations Unies. Elle a également pris en compte les normes
électorales internationales et régionales, notamment la Charte africaine de
l’Union africaine (UA) sur la démocratie, les élections et la gouvernance,
ainsi que le Protocole additionnel sur la démocratie, les élections et la bonne
gouvernance de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
(CEDEAO).

Résumé des conclusions principales

La délégation a
noté que tous les Guinéens rencontrés ont exprimé le fort désir d’avoir des
élections législatives apaisées, inclusives et crédibles en 2020. Ils ont
souligné l’importance de ces élections pour le renforcement de la démocratie du
pays et la fin de la prorogation de la législature actuelle dont le mandat a
expiré en janvier 2019. De nombreux Guinéens se sont dits préoccupés par le fait que les spéculations sur des changements au cadre constitutionnel et le calendrier électoral du pays affectent la préparation des
élections de février 2020. Ils ont dénoncé les violences qui ont entaché les
manifestations politiques depuis octobre dernier, qui ont fait des morts et
occasionné des dégâts matériels. La plupart des victimes de violences étaient des
jeunes de 20 ans ou moins.

La délégation a
également noté une polarisation et une méfiance parmi les acteurs politiques
guinéens et les organisations de la société civile. La délégation a observé que
bien que la commission électorale (CENI) soit confiante quant aux mesures
prises pour organiser les scrutins, les dirigeants politiques de la majorité et
des partis d’opposition ont exprimé des préoccupations concernant le processus
d’inscription des électeurs en cours. La CENI doit déployer des efforts extraordinaires
pour partager des informations sur son travail et son calendrier avec les
citoyens. Les dirigeants guinéens doivent renforcer le dialogue entre les
partis politiques et favoriser des communications et des interactions plus
régulières entre les partis et l’organe de gestion des élections.

II . Environnement politique

De nombreux
Guinéens craignent que les préparatifs des prochaines élections législatives
soient éclipsés par un débat en cours sur la nécessité ou non d’une nouvelle
constitution. La délégation a noté plusieurs défis dans le paysage politique
actuel qui pourraient avoir un impact sur la préparation des élections.

Polarisation autour de la possibilité d’un référendum constitutionnel

Au cours de l’année écoulée, la République de Guinée a été polarisée par un débat houleux sur la question de savoir si le pays a besoin d’une nouvelle constitution, et si pour adopter cette nouvelle constitution, un référendum devrait avoir lieu avant l’élection présidentielle d’octobre 2020. En vertu de la constitution actuelle, adoptée en 2010, le Président Alpha Condé exerce actuellement son dernier mandat qui doit se terminer en décembre 2020. Cependant, si une nouvelle constitution doit être adoptée, certains Guinéens estiment que cela ferait recommencer un nouveau mandat, auquel cas, le Président en exercice pourrait se présenter à nouveau. Les partisans d’une nouvelle constitution et ceux opposés à l’idée d’un changement constitutionnel ont organisé des manifestations massives à Conakry et dans d’autres parties du pays. Une coalition de partis d’opposition et des organisations de la société civile a formé un Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), et ont organisé des manifestations hebdomadaires depuis octobre. En réponse, les partisans d’un changement constitutionnel ont créé la Coalition démocratique pour la nouvelle Constitution (CODENOC). La délégation a relevé des préoccupations selon lesquelles, compte tenu des antécédents de violence politique en République de Guinée, l’adoption d’une nouvelle constitution sans arriver à un consensus national sur la question pourrait entraîner de nouvelles violences à grande échelle. Le Président en exercice n’a pas encore annoncé publiquement comment il entend procéder sur les questions constitutionnelles au centre du débat.

Violence récurrente autour des élections et de la participation politique

La société guinéenne est traversée par un sentiment de déni de justice et de ressentiment vis-à-vis des violences passées, notamment le massacre de plus de 150 manifestants non armés en septembre 2009 par les forces de sécurité lors d’un rassemblement politique à Conakry. Les familles des morts et d’autres victimes attendent toujours la justice dix ans plus tard. En effet, depuis les élections de transition en République de Guinée en 2010, chaque élection a connu des violences liées aux élections. Par exemple, à la suite des élections locales de février 2018, les partisans de divers partis politiques ont contesté la déclaration des résultats dans 12 des 342 circonscriptions du pays, craignant que le processus de centralisation des votes soit manipulé. Ces manifestations ont dégénéré en violences postélectorales et le gouvernement guinéen a interdit les manifestations publiques. Une loi récemment adoptée en juin 2019 a renforcé le pouvoir de la gendarmerie et de la police dans le maintien de l’ordre. La délégation a appris que, en trois mois de manifestations contre une nouvelle constitution, près de 20 manifestants, pour la plupart très jeunes, ont été tués lors d’interventions violentes des forces de sécurité. Selon certains témoignages, 126 personnes ont été tuées lors de manifestations politiques depuis la transition démocratique de 2010. De nombreux interlocuteurs rencontrés par la délégation, regrettent que personne n’ait été poursuivi pour ces homicides et expriment des préoccupations quant au fait qu’un sentiment d’impunité ne peut qu’encourager un recours à une force excessive par les forces de sécurité contre des militants politiques civils.

Dialogue politique intermittent

La méfiance est profonde parmi les dirigeants politiques guinéens, alimentée en grande partie par l’absence d’un dialogue soutenu et des engagements qui n’ont pas été satisfaits, ce qui peut porter atteinte à l’unité nationale. Les partis de l’opposition accusent le gouvernement et le parti au pouvoir, le Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) de manipuler les élections, d’enfreindre les droits de l’homme et de restreindre les droits civils, tandis que le gouvernement et le parti majoritaire accusent l’opposition d’entraver le progrès national et de soutenir des manifestations violentes qui entraînent des pertes en vies humaines et la destruction de biens publics et privés. Depuis 2010, l’opposition a, à plusieurs reprises, boycotté l’Assemblée nationale et d’autres institutions telles que la CENI. Bien que le RPG et les principaux partis d’opposition aient dû recourir à plusieurs accords négociés pour résoudre les questions litigieuses liées au cycle électoral, suite aux résultats contestés des élections locales de février 2018, les partis de l’opposition ont suspendu leur participation au cadre de dialogue créé pour superviser la mise en œuvre de l’accord politique du 12 octobre 2016 (l’accord politique guinéen de 2016) . La délégation a noté qu’une semaine avant son arrivée, le Premier ministre guinéen a relancé les efforts de dialogue. La délégation a apprécié que des discussions soient en cours pour adopter un plan opérationnel afin de répondre à une demande pressante de l’opposition concernant l’installation de conseillers de district et de quartier. Si elle était rapidement appliquée, l’installation de ces chefs de quartier et de district pourrait commencer à contrer le scepticisme exprimé par plusieurs interlocuteurs et à rétablir la confiance et le respect mutuel entre le gouvernement et l’opposition politique.

Clivages ethniques sous-jacents à l’appartenance politique

Historiquement,
la Guinée compte quatre zones géographiques, chacune s’identifiant à des
spécificités ethniques et culturelles. Le pays compte actuellement plus de 150
partis enregistrés, dont 15 sont représentés à l’Assemblée nationale. Les
partis se sont organisés par affiliation en sept blocs, dont trois appartiennent à la majorité
au pouvoir et quatre à l’opposition.
Les interlocuteurs rencontrés par la délégation se sont dits préoccupés par le
fait que les principaux partis aient recouru à des appels ethniques ou
régionaux pour obtenir un soutien électoral. Dans de telles circonstances, la
polarisation politique tend à alimenter les tensions ethniques dans le pays.
Ces clivages qui se chevauchent sont très préoccupants et, s’ils ne sont pas
maîtrisés, ils pourraient exacerber les tensions et risqueraient de provoquer
des violences et des conflits lors d’élections hautement compétitives. Cela est
d’autant plus préoccupant compte tenu de la situation sécuritaire de la sous-région.

III. Conclusions par rapport aux élections législatives de 2020

La délégation a
observé qu’il n’y avait pas de consensus national sur le calendrier électoral
et sur la capacité de la commission électorale à procéder à temps à
l’enregistrement des électeurs pour les élections législatives de 2020. Depuis
2010, le calendrier électoral et le fichier des électeurs sont une source
constante de conflits entre le gouvernement et l’opposition. Alors que les
interlocuteurs ont exprimé une faible confiance dans la capacité technique de
la CENI et son indépendance effective, la CENI a assuré à la délégation que la
préparation des élections était en bonne voie. D’autres ont exprimé la crainte
que les partis politiques ne soient pas en mesure d’incorporer dans le
processus de nomination des candidats des dispositions sur la parité entre les
sexes, comme le prévoit la législation progressiste sur le genre adoptée en mai
2019 pour accroître la représentation politique des femmes.

Chronogramme

Depuis la
transition de 2010 vers la démocratie, la plupart des élections n’ont pas eu
lieu dans les délais prévus par la constitution. En particulier, les élections
législatives prévues pour 2011 n’ont eu lieu qu’en 2013 et les élections
locales, censées se tenir en 2015, n’ont eu lieu qu’en 2018. Suite aux
élections locales de février 2018, les retards dans le règlement des
contentieux électoraux dans 12 communes contestées ont eu un impact négatif.
L’installation des Conseils communaux et la tenue consécutive d’élections
indirectes pour désigner les maires ont été retardées jusqu’en février 2019. À
ce jour, la nomination des conseillers de quartier et de district et l’élection
des conseillers de région sont encore à finaliser. Les crises politiques
récurrentes et les désaccords sur le fichier électoral ont retardé les
élections législatives. Ceci implique que les membres actuels de l’Assemblée
nationale, élus en 2013, auront été en fonction pendant près de sept ans au
lieu de cinq comme le prévoit la constitution. Leur mandat a été prolongé
indéfiniment par décret présidentiel en janvier 2019.

En consultation
avec l’Organisation Internationale de la
Francophonie
(OIF), la CENI a annoncé en novembre que des élections
législatives auront lieu le 16 février 2020. Les partis au pouvoir et de
l’opposition ont encouragé leurs partisans à s’inscrire massivement pour voter.
La révision du fichier électoral a commencé en novembre pour une période de 25
jours et devrait se terminer le 16 décembre 2019. Cependant, les représentants
de l’opposition et des partis de la majorité se sont dits préoccupés par le
fait que le processus d’enrôlement ne serait pas achevé à la date prévue. La
distribution des cartes d’électeur devrait commencer le 16 Janvier 2020 et
coïncider avec la période de campagne électorale, soit 30 jours avant le jour
du scrutin.

Fichier électoral

Un fichier
électoral crédible est une condition préalable à des élections crédibles. D’un
commun accord entre tous les partis politiques à la suite de l’accord politique
du 12 octobre 2016, un audit du fichier électoral a eu lieu en septembre 2018.
Des experts de l’OIF, de l’Union européenne (UE) et du Programme des Nations
Unies pour le Développement (PNUD) ont travaillé avec la CENI, des
représentants de la société civile et des groupes parlementaires pour mener à
bien l’audit.

L’audit a révélé
que les données de plus de la moitié des 6 millions d’électeurs enregistrés
n’avaient pas été nettoyées pour éviter les potentiels doublons, et qu’il
manquait des informations biométriques pour 1,6 million d’électeurs. L’audit a
conclu que, compte tenu de ces préoccupations, tous les électeurs devraient se
présenter devant la CENI pour faire confirmer leurs informations. Pour les
électeurs ne disposant pas de données biométriques, ces données devraient être
ajoutées et les citoyens majeurs depuis 2015 devraient être enregistrés. Compte
tenu de l’ampleur massive de cette opération, certains dirigeants de
l’opposition ont soulevé la question que la CENI aurait dû utiliser les 90
jours d’octobre à décembre pour l’inscription ordinaire des électeurs au lieu
de réduire la période à 25 jours, comme le prévoit le code électoral pour les
révisions extraordinaires.

Alors que la période d’inscription des électeurs touche à sa fin, le RPG et les partis de l’opposition ont soulevé des préoccupations quant à l’enrôlement de mineurs dans le fichier électoral, dans les bastions de l’opposition et du parti au pouvoir. De plus, des problèmes de main-d’œuvre et de logistique tels que le manque de matériels et des kits d’enregistrement défectueux, un personnel insuffisant ou mal formé et un retard dans le démarrage des opérations dans certaines localités ont ralenti le processus. De plus, la diaspora guinéenne de plusieurs pays avec un nombre élevé d’électeurs potentiels, comme le Sénégal, le Maroc et l’Indonésie, a du mal à s’enregistrer. Plusieurs interlocuteurs se sont dits préoccupés par l’insuffisance des informations et de l’éducation des électeurs en ce qui concerne l’inscription des électeurs et le processus électoral en général. Dans certains cas, les électeurs déjà inscrits ne savent pas qu’ils doivent se présenter pour confirmer leurs données biométriques afin de pouvoir voter en 2020. La CENI a déclaré à la délégation que le groupe de travail interpartis au sein duquel tous les partis politiques sont représentés devra décider des procédures appropriées à adopter pour permettre aux électeurs qui ne se seront pas présentés pour confirmer leurs informations d’exercer leur droit de vote.

Malgré ces défis,
la CENI prévoit de terminer le processus d’inscription des électeurs à temps ou
bien seulement avec un léger retard. Selon les informations recueillies, un nombre
important de nouveaux électeurs ont déjà été enregistrés tandis
que 200 000 personnes décédées
ont été retirées du registre.
La CENI n’a toujours pas publié de statistiques officielles sur les progrès
réalisés à ce jour dans le processus d’inscription des électeurs. Selon le
président de la CENI, de 55 à 65% des recommandations de l’audit ont été mises en
œuvre, et de nombreuses recommandations restantes, comme par exemple les
révisions du code électoral, dépendent d’autres institutions. Les responsables
de la CENI se sont déclarés surpris par les déclarations de l’opposition et de
la majorité selon lesquelles les mineurs pourraient s’inscrire, étant donné que
des représentants des deux partis sont présents dans les Commissions
administratives de révision des listes électorales (CARLE). Le Président de la
CENI a observé que des images de mineurs dans les centres d’enregistrement
datent des années précédentes et ne reflètent pas ce qui se passe actuellement
en Guinée. Le Président de la CENI a déclaré que la commission utilisera des
logiciels pour retirer, chaque semaine, les mineurs, les doublons et d’autres
anomalies de la base de données du fichier électoral. Bien qu’elle ne soit pas
encore entièrement financée, la CENI a indiqué qu’elle a reçu une partie
importante de son budget et que le gouvernement lui a assuré que les documents
de vote, tels que les urnes et les bulletins de vote, devant être achetés par
le ministère de l’Administration territoriale (MATD) seront livrés à temps.

Malgré les
assurances de la CENI, des doutes et des soupçons persistent chez certains
Guinéens quant au processus de révision du fichier électoral. Des représentants
des partis au pouvoir et de l’opposition se sont dits préoccupés par la
capacité de la CENI à gérer efficacement le processus d’enrôlement des
électeurs de façon opportune et transparente.

Certains partis de l’opposition s’inquiètent également de la réelle indépendance de la CENI vis-à-vis du pouvoir exécutif, notamment lorsqu’il s’agit de proposer un calendrier électoral techniquement viable. Si elle est mal gérée, la mise à jour du fichier électoral pourrait devenir une source de conflit entre les partis politiques guinéens et leurs partisans, et porter atteinte à la légitimité des résultats électoraux. La CENI devra certainement être plus proactive et efficace dans sa communication afin de renforcer la confiance dans le processus électoral.

Administration des élections

La CENI a créé un
groupe de travail interpartis (Comité Inter parties – CIP), une plate-forme de
dialogue sur le processus électoral. Les réunions du CIP sont ouvertes aux
représentants des partis politiques, aux journalistes, aux dirigeants de la
société civile et aux représentants des institutions gouvernementales et des
organisations internationales. Il est destiné à servir de cadre pour partager
des informations sur les préparatifs de la CENI pour les prochaines élections,
sur des sujets importants tels que la révision des listes électorales. Malgré
l’existence de ce forum visant à renforcer la confiance dans le processus,
certaines parties prenantes ont exprimé des inquiétudes quant à la capacité de
la CENI à organiser des élections crédibles. Le processus de gestion des
résultats a aussi été identifié par plusieurs interlocuteurs comme
particulièrement vulnérable, et ayant connu des défaillances importantes dans
le passé. Il y a notamment eu des difficultés autour de la transmission
électronique incomplète des résultats et l’absence de publication des données
électorales par bureau de vote, l’insuffisance et la mauvaise qualité des
copies des procès – verbaux, des problèmes avec la chaîne de responsabilité
dans la transmission physique des procès – verbaux aux différentes institutions
destinataires et l’annulation ou la modification arbitraire des résultats des
bureaux de vote par certains magistrats au niveau des centres de centralisation
des votes. Des procédures et des lignes directrices spécifiques pour assurer
une gestion efficace des résultats devraient être définies à l’avance par la
CENI et être largement partagées avec les partis politiques et les membres des
bureaux de vote pour garantir une conformité efficace.

Résolution des conflits électoraux

Des organisations
internationales telles que l’International Foundation of Electoral Systems
(IFES) et l’Open Society Initiative of West Africa (OSIWA) travaillent en
partenariat avec des organisations de la société civile, y compris des réseaux
de femmes, pour établir des mécanismes alternatifs de règlement des différends
qui pourraient prévenir ou atténuer la violence et les conflits au niveau
national et au niveau local. OSIWA aide également la Cour constitutionnelle à
renforcer ses capacités à gérer les différends à temps et de manière
impartiale. Dans le passé, les préjugés perçus dans l’application des
procédures de règlement des différends électoraux ont contribué aux tensions et
à la violence. La délégation a relevé des préoccupations selon lesquelles les
magistrats et les tribunaux ne sont pas suffisamment équipés pour traiter les
différends électoraux et, dans certains cas, appliquent des procédures
d’arbitrage non transparentes. Par exemple, après les élections locales de
2018, certains juges se sont déclarés incompétents pour statuer sur certains
litiges, d’autres ont rejeté de manière sommaire les requêtes des candidats
pour des détails touchant à la forme et aux délais de soumission. Certains
Guinéens se demandent si la Cour constitutionnelle, avec une pression
significative de l’administration, pourrait affirmer son indépendance en tant
qu’arbitre neutre pour les litiges émanant des élections législatives et pour
lesquelles la Cour constitutionnelle a compétence exclusive.

Représentation de genre

En mai, l’Assemblée nationale a adopté une loi historique, que
le Président a promulguée, exigeant la parité pour toutes les listes de
candidats à des fonctions électives. Des amendements au code électoral,
notamment pour se conformer à cette loi , ont été rédigés, mais l’Assemblée
nationale n’a pas encore engagé de débat ni voté ces réformes. Le débat a été
retardé par les différends en cours sur les résultats des élections locales.
L’inscription des candidats débutant le 18 décembre, il ne sera pas possible
d’assurer l’application de la loi sur la parité sur les listes de candidats
pour les prochains scrutins. Cela représente une occasion manquée d’avoir plus
de femmes candidates aux prochaines élections et davantage de femmes dans la prochaine
législature. Lors des dernières élections législatives de 2013, seulement 25
femmes ont remporté des sièges à l’Assemblée nationale, ce qui représente 21%
des députés. Pour les élections locales de février 2018, 23% des candidats
inscrits étaient des femmes. Alors que le Cadre de concertation des femmes et
des filles des partis politiques de Guinée (CCFPPG) et d’autres groupes se sont
engagés dans des efforts de plaidoyer pour appeler les parties à utiliser le
principe de liste « zébrée » ou de « fermeture éclair » pour composer les
listes électorales, alternant hommes et femmes, dans l’esprit de la loi sur la
parité, aucun parti politique guinéen ne s’est engagé à utiliser cette pratique
pour les prochaines élections.

IV. Initiatives en cours pour soutenir des élections législatives apaisées et crédibles

Un certain nombre
d’initiatives sont en cours pour soutenir des élections apaisées et crédibles
en février 2020. De nombreuses organisations de la société civile guinéenne
engagées sur les questions de démocratie et de gouvernance se préparent à
s’impliquer dans le processus électoral de 2020. Certaines fonctionnent au
niveau communautaires, tandis que d’autres ont établi des partenariats avec des
organisations internationales telles que l’IFES, OSIWA et Search for Common
Ground (SFCG). D’autre part, les militants des partis surveillent la mise en
œuvre d’un code de conduite pour les partis. Les élections de 2020 offrent la
possibilité d’un plus grand engagement des citoyens pour garantir des élections
pacifiques, inclusives et crédibles.

Suivi citoyen des processus électoraux

Les observateurs citoyens non partisans jouent un rôle important pendant les élections en renforçant la confiance du public dans le processus électoral si cela est justifié, en dissuadant les malversations électorales, en révélant des irrégularités et en donnant aux citoyens des informations importantes sur l’intégrité des élections. La délégation a appris qu’une coalition de huit organisations, la Coalition Citoyenne pour les Élections et la Gouvernance (CoCEG), dont certaines ont une expérience antérieure en matière d’observation des élections, se prépare actuellement à surveiller les élections législatives de 2020, comme le sont d’autres groupes de la société civile. La délégation voit la nécessité d’établir une large coalition d’observation des élections qui pourrait résoudre les problèmes de partialité politique et d’esprit partisan perçus par certains groupes de la société civile. Dans un premier temps, les organisations de la société civile devraient utiliser les élections de février 2020 comme une opportunité permettant de coordonner l’observation de la période préélectorale. En publiant des rapports fréquents et leurs conclusions, des groupes de la société civile ou des observateurs citoyens pourraient encourager les différents acteurs électoraux à jouer pleinement leur rôle.

Participation citoyenne inclusive au processus électoral

En mai 2019,
l’Assemblée nationale a adopté une législation sur la parité grâce en grande
partie au plaidoyer approfondi des OSC en faveur de la parité. Les membres des
organisations de la société civile et les femmes leaders politiques continuent
de plaider pour que les dispositions de la loi soient intégrées dans les
amendements au code électoral. Par exemple, le Cadre de concertation des filles
/ femmes des partis politiques de Guinée (CCFPPG) a fait pression sur les
partis politiques représentés à l’Assemblée nationale et les caucus
parlementaires pour agir sur la question. D’autres groupes s’emploient
activement à faire en sorte que les femmes s’inscrivent pour voter et se
présentent pour voter le jour du scrutin. Dans la perspective des élections
législatives, le Conseil national des organisations de la société civile
guinéenne (CNOSCG) et d’autres groupes mènent des campagnes de sensibilisation
pour encourager les citoyens guinéens, et les jeunes en particulier, à
s’inscrire pour voter. De plus, plusieurs médias se préparent à entreprendre
des initiatives d’observation des médias. Les médias électroniques et la radio
sont parmis les moyens les plus répandus de mobilisation des citoyens et de
partage d’informations en République de Guinée.

Surveillance de la violence et règlement des différends électoraux

Un certain
nombre de partenaires internationaux, dont l’IFES,
OSIWA et SFCG, soutiennent des initiatives d’observation de la
violence et de règlement des différends électoraux en République de Guinée.
SFCG se concentre spécifiquement sur la gestion des conflits et la promotion de
la cohésion sociale, et produit des émissions de radio et de télévision pour
l’éducation civique et pour lutter contre la désinformation et réduire les
conflits. En plus des activités de règlement des différends électoraux, OSIWA soutient les initiatives de paix des jeunes au niveau local.

Cette
organisation prévoit également de mener une étude de référence sur les risques
électoraux. D’autre part, le CNOSCG met en œuvre des activités en collaboration
avec l’IFES axées sur l’engagement et la surveillance de la société civile dans
le règlement des différends qui peuvent survenir avant les élections
législatives et identifie également les facteurs les plus susceptibles de
conduire à des différends électoraux afin de mieux anticiper les besoins de
résolution. L’Union européenne appuie également WANEP dans la mise en oeuvre
d’un programme d’observation des incidents de violence liés aux élections à
travers un système d’alerte précoce et de réponse rapide.

Code de bonne conduite des partis politiques

Début décembre, 34 partis politiques ont signé le Code de bonne conduite, rejoignant 108 autres partis qui l’avaient précédemment signé. Lors de la cérémonie de signature, six des sept blocs de partis en Guinée ont réitéré publiquement leur adhésion et leur engagement à respecter le Code de bonne conduite. Depuis l’initiative d’adoption du Code de bonne conduite des partis politiques, une Commission nationale de suivi a été mis en place à Conakry et dans les régions afin de continuer de sensibiliser sur le contenu du Code de bonne conduite et à la nécessité pour les partis signataires et leurs sympathisants ainsi que la population guinéenne en général d’adhérer à ses principes. Le Code a été adopté pour la première fois en 2008 par 41 partis guinéens pour promouvoir des processus électoraux apaisés et inclusifs, notamment pour faire respecter des règles de comportement approprié auprès des militants des partis politiques et des candidats. Bien que le Code de bonne conduite s’applique à tout moment aux partis politiques, il est particulièrement important en ce qui concerne les élections, car il promeut la paix, la non-violence et le fair-play. Le Code de bonne conduite a été récemment mis à jour pour inclure des dispositions spécifiques sur la prévention de la violence à l’égard des femmes en politique.

V. Recommandations

La délégation
estime qu’avec une volonté politique plus poussée et un dialogue de fond, de
nombreux défis peuvent être relevé dans l’environnement politique actuel et
menant aux élections législatives de février 2020 pour renforcer la confiance
et la participation des citoyens au processus et atténuer la violence avant,
pendant et après les élections. Dans un esprit de coopération internationale,
la délégation propose donc les recommandations suivantes :

Au gouvernement de la République de Guinée :

  • Clarifier davantage sa position concernant les spéculations sur le cadre constitutionnel du pays afin de renforcer la confiance des citoyens dans son engagement à renforcer la démocratie et à favoriser des élections législatives pacifiques et crédibles.
  • Créer des plateformes de communication régulière entre les populations civiles et les services de sécurité aux niveaux nationaux et régionaux afin de prévenir de nouveaux affrontements entre manifestants et services de sécurité et des violences récurrentes.

À la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) :

  • Communiquer de manière approfondie sur ses activités liées aux élections législatives, y compris notamment en utilisant des plates-formes de communication modernes telles que Facebook, Twitter et une page web régulièrement mise à jour, qui sont utilisées par les jeunes qui constituent la masse de l’électorat.
  • Mener une forte campagne de sensibilisation pour que les électeurs soient sensibilisés à la nécessité de vérifier leur statut d’enrôlement et que les citoyens soient informés des procédures pour confirmer leur statut d’enrôlement une fois la liste finalisée.
  • Prendre des mesures raisonnables pour garantir l’exhaustivité et l’exactitude de la liste électorale, y compris la vérification de l’éligibilité des mineurs potentiels, tout en veillant à ce que ces procédures ne privent pas les électeurs admissibles de leurs droits.
  • En consultation avec le comité inter-parties (CIP), déterminer rapidement le statut des électeurs présentant informations partielles dans le fichier électoral final, y compris des données biométriques incomplètes, et convenir de procédures pour faciliter leur exercice du droit de vote. Rendre ces décisions publiques.
  • Activer une cellule technique restreinte au sein du CIP avec une représentation multipartite pour surveiller le processus d’inscription des électeurs et la consolidation de la liste électorale.
  • Publier de manière active et diffuser largement les informations sur les activités les plus importantes de la CENI, par exemple la distribution des cartes d’électeur, afin d’optimiser le retrait de ces cartes par les électeurs et de minimiser toute confusion concernant le processus de vote le jour du scrutin.
  • Publier en temps opportun des données sur les résultats des élections, par bureau de vote et dans un format analysable et accessible à tous, afin de renforcer la confiance du public dans les résultats.
  • Fournir des directives claires sur la juridiction, les processus et les délais appropriés pour le dépôt et le règlement des contentieux électoraux, y compris les différends liés au processus d’inscription des électeurs et aux résultats des élections.

A la Cour constitutionnelle :

  • Assurer un jugement juste, rapide et transparent des contentieux électoraux, y compris ceux liés à
    l’enrôlement des candidats et aux résultats des élections.

Aux partis politiques :

  • Participer plus activement aux plateformes créées pour faciliter le dialogue entre les partis, telles que le comité de suivi de l’accord du 12 octobre et celles visant à faciliter les communications avec la CENI telles que le CIP, qui sont des moyens d’atténuer une polarisation excessive, les conflits et les violences.
  • Prendre des mesures concrètes pour nommer des femmes candidates afin de se conformer à la loi de mai 2019 sur la parité dans tous les postes électifs.
  • Respecter le Code de bonne conduite des partis politiques et sensibiliser leurs membres à faire de même, et participer au suivi, à la documentation et à la communication sur toutes les phases du processus électoral.

À la société civile et aux médias guinéens :

  • Intensifier leurs efforts pour surveiller et rendre compte de toutes les phases du processus électoral de manière professionnelle et objective.
  • S’engager dans des efforts ciblés d’éducation civique et d’éducation des électeurs sur le processus électoral, en faveur des femmes, des jeunes et d’autres groupes historiquement marginalisés.

À la communauté internationale :

  • Maintenir son intérêt et son soutien pour des élections apaisées, inclusives et crédibles en Guinée.
  • Augmenter son appui aux organisations de la société civile guinéenne engagées dans des activités de plaidoyer et d’autres actions qui soutiennent des élections crédibles, et compléter ces efforts par des missions d’observation qui pourraient renforcer la confiance des citoyens dans le processus électoral.

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Législatives de février 2020 : l’ombre des élections passées plane [Par Lamarana Petty Diallo]


La Guinée
parle encore d’élections comme en 2010, 13 et 15. Autant dire qu’on en a
l’habitude. Et de quelle manière ?


Les Guinéens
ont toujours payé le prix fort avant, pendant et après toute élection en y
laissant leur vie. Ils meurent, plutôt sont tués, pour des résultats, le plus
souvent, futiles, inutiles et puérils. Les revendications post-électorales, les
unes plus sanglantes que les autres n’ont jamais rien donné. A moins que ce ne
soient des négociations stériles et contre-nature.

Les élections qui s’annoncent ne semblent pas vouloir déroger à la règle. Les prémices sont là : visibles, connues mais paradoxalement ignorées de tous. Pourtant, le professeur a déjà dit haut et fort ce qu’il en est. A ses ouailles d’appliquer la sentence et les Guinéens sont avertis :

« Dans les autres pays où il y a de nouvelles constitutions, il y a eu beaucoup de manifestations, il y a eu des morts, mais ils l’ont fait ».

Alpha Condé, dans une interview au Monde – 24 octobre 2019

Le message
est on ne peut plus clair. Les législatives qui se dessinent sont le prélude
des présidentielles. Comme tel, il faut utiliser, comme à l’accoutumée,
l’ultime recours. Résultats, une vingtaine de morts qui s’additionnent à la
centaine enregistrée entre 2010 et maintenant. Toujours pour les mêmes raisons :
les élections. Les mêmes résultats : l’échec.

Telle est la
logique guinéenne : les uns se font tuer pour que les autres règnent de
père en fils. Si ce n’est mourir pour des hommes et des femmes sans conviction
et sans idéal.

Les uns se battent, meurent et d’autres sont élus. Les familles pleurent, des personnes, souvent non méritantes sont élevées au rang de titres ronflants : « Honorable », « Excellence ».

Certains
pleurent du moment que d’autres chantent, gambadent sur tous les coins du
territoire pour crier victoire.

Parmi les
élus figurent, le plus souvent, des transfuges du pouvoir ou de l’opposition.
Certains sont de simples chefs de partis familiaux ou de meneurs de bandes de
quartiers, des opportunistes tout poil qui se font élire sur la liste de partis
politiques auxquels ils n’ont jamais appartenu.

Élus, ils plastronnent quelques temps sur les tribunes des assemblées générales de leurs partis adoptifs avant de se barrer pour rejoindre le grand manitou.

A force de
lécher bottes et bottines, de se frotter au sol jusqu’à l’usure du dernier
pantalon, ils se voient bombarder ministre, souvent avec le statut tant
convoité de « ministre d’Etat ». Aujourd’hui, c’est eux qui sont
envoyés discuter avec leur mentor d’hier.

Mais
attendons car si l’épine négocie avec la plante- du pied, on verra bien qui
choisira la partie qu’il faut piquer ou épargner.  Dans tous les cas,
aucun résultat ne serait être pire que les précédents.

Dorénavant,
les points non négociables sont connus par l’une et l’autre partie. La question
du troisième mandat et ses avenants. Inutile d’en débattre car la chose est
déjà dans l’escarcelle de l’adversaire à moins que le FNDC passe à la vitesse
supérieure en fixant une finalité plus audacieuse à ses revendications.

Troisième
mandat ou pas, une chose est claire. Si en Guinée, il y a enrôlement des
électeurs pour les législatives, à l’étranger, il y a « enroulement.
 Terme dont l’usage scientifique signifie : unité déviable convenant à la
manipulation ».

Dans
plusieurs pays où vivent les Guinéens tant en Afrique, en Europe qu’ailleurs,
on n’enrôle pas. On roule dans la farine. Il est fort à craindre que tel ne
soit le cas dans le territoire guinéen aussi. Les faits sont parlants par
eux-mêmes.

  • Les ordinateurs et autres outils informatiques utilisés sont obsolètes et d’usage aussi hésitant qu’un pas de caméléon. Ils ne permettent pas d’enrôler plus de vingt (20) personnes par jour. Ils s’arrêtent au beau milieu des opérations comme un baudet qui refuse de porter le fardeau de son maître. A croire que nos machines informatiques sont télépathiquement liées à la CENI.  A moins qu’il ne s’agisse d’une lenteur humainement orchestrée.
  • Quant aux consommables, on pourrait se demander si certains agents recenseurs ne les prennent pas au mot : en consommant tout simplement ce qui est consommable par nature.
  • Les passeports non biométriques ne sont pas autorisés alors que leur délivrance a été stoppée depuis longtemps. Dans tous les cas, combien de Guinéens en disposent à l’étranger ?
  • A défaut de passeports, c’est la carte consulaire qu’il faudrait présenter. Mais la signature et la délivrance journalière ne doivent pas dépasser le nombre magique de vingt par jour : histoire de ménager les phalanges de son excellence qui souffriraient peut-être d’arthrose. Dans tout ça, la priorité revient à certains. Deviez lesquels ?
  • Les demandes ont rarement de suite favorable. L’absence de réponse touche tout particulièrement les provinces (départements et régions) hors Paris et sa région.
  • Le tâtonnement dans la rédaction sur papier des noms et prénoms vient alourdir les handicaps soulevés. La lenteur des recenseurs parachève celle des machines et renforce la longue chaine des blocages.
  • La dichotomie entre manifestations du FNDC, l’appel des leaders politiques à participer au processus d’enrôlement, la négociation avec le pouvoir et la demande d’arrêt de l’enrôlement des électeurs a sans aucun doute impacté la motivation.

Par
conséquent, l’annonce fondée ou non de la demande d’arrêt de l’enrôlement, qui
a été publiée sur le net et jamais démentie par l’opposition, a quelque peu
semé le trouble dans les esprits des Guinéens vivant loin du pays.

Tout semble
indiquer que rien n’a été ménagé pour que le processus d’enrôlement reproduise
les méthodes du passé. Les cas de la France, du Sénégal, de l’Angola et
d’ailleurs illustre parfaitement cette hypothèse.

A bien
observer, on se rend compte qu’on est plus dans une opération- marketing dont
le but est de clamer au monde entier : ” il y a eu un enrôlement au
niveau national et à l’extérieur. Par conséquent, tous les ingrédients d’une
bonne élection sont réunis. Prendre pour preuve les missions qui sillonnent
actuellement les pays étrangers sera d’autant plus approprié. Les scènes de
contestation à l’ambassade de Guinée au Sénégal ne suffiront pas à ternir
l’image du processus. Pourtant, des cas de blocages se sont produits loin des
écrans dans d’autres pays.

Si la
situation générale du processus de recensement est un peu partout similaire à
celle de l’étranger, l’opposition guinéenne prendrait de grands risques de
participer aux législatives de février 2020. Elle devrait bien réfléchir pour
savoir quelle option adopter : aller aux législatives dans la
quasi-assurance de perdre ? Revendiquer, comme d’habitude une victoire
qu’elle ne peut avoir dans les circonstances actuelles ?

Cette fois-ci, plus que par le passé, au rythme où vont les choses et à quelques jours de la clôture des opérations d’enrôlement, aucun parti ne peut se faire prévaloir d’un taux élevé de militants ou sympathisant enrôlés. En outre, le scénario mis en place permettrait difficilement à l’opposition de contester les résultats. Une méthode beaucoup plus affinée, réfléchie et extérieurement bien colorée en « recensement transparent » semble avoir été pensée en amont par l’adversaire.

Pour 2020,
il semble avoir s’être penché n’aura sur la manière de gagner par le
recensement des électeurs. Un recensement entamé bien avant celui en cours.

Par
conséquent, s’il gagnait par la manipulation des résultats, fraudait dans les
unes et, vraisemblablement, durant les décomptes, il n’aura plus besoin de la
faire. Si tout se passe comme à l’étranger, le nombre potentiels de votants
recensés le met loin devant. Cela lui donne plus de crédibilité face à la
communauté internationale : notre médecin post-mortem.

Dans la
logique actuelle et au vu des faits déjà dénoncés, le panier de la victoire ne
semble pas pencher du côté des adversaires du régime en place. L’enrôlement des
mineurs constaté dans certaines régions de la Guinée et qui ne serait que la
part visible de l’iceberg, pourrait bien avoir son pendant à l’étranger. D’une
autre manière, avec des pratiques plus abruptes, voit-on.

Dans tous les cas, les échéances électorales qui s’annoncent risquent d’être source d’un double avènement : enfantement des uns et enterrement, politiquement parlant, des autres.

Aux
différents partis de l’opposition de savoir comment s’inscrire dans l’une des
perspectives.


M. Lamarana Petty Diallo, Guinéen- Professeur Hors-Classe, lettres-histoire, Orléans- France/ lamaranapetty@yahoo.fr




« Non, vous n’avez pas le droit ! » : des journalistes écrivent au président Alpha Condé [Par Bachir Sylla et Nouhou Baldé]


Monsieur le Président de la République, Professeur Alpha Condé

Au regard de la situation de crise sociopolitique qui prévaut dans notre
très cher pays, il nous a paru opportun, en tant que journalistes et citoyens
guinéens à part entière, d’utiliser cette forme populaire de lettre ouverte
pour nous adresser à vous, Excellence Monsieur le Président de la République.

En le faisant ainsi, nous espérons tout simplement contribuer à notre
manière à vous montrer la porte de sortie honorable qu’on voudrait vous voir
emprunter à l’orée de la fin de votre dernier mandat constitutionnel à la tête
de notre cher et beau pays. Nous estimons qu’en tant qu’ancien opposant
historique, vous n’avez pas le droit de sacrifier votre long combat pour
l’instauration de la démocratie et l’Etat de droit en Guinée.

– Vous n’avez pas le droit de renier votre passé et de décevoir vos anciens
camarades de lutte depuis les bancs de l’école jusqu’à votre élection à la tête
de la FEANF (Fédération des étudiants d’Afrique noire en France) que vous aimez
à présenter comme votre plus grande réussite durant votre parcours
universitaire.

– Vous n’avez pas le droit de donner tort à ceux qui ont cru en vous depuis
toujours pour incarner les idéaux de paix, de justice et d’équité dans notre
pays qui n’a que trop souffert des régimes autocratiques depuis son
indépendance, le 02 octobre 1958.

– Vous n’avez pas le droit de donner raison aux anciens dictateurs : Ahmed Sékou Touré et Général Lansana Conté, qui vous ont fait condamner (respectivement à mort par contumace et à cinq ans de prison ferme) parce qu’ils voyaient en vous un assoiffé de pouvoir, guidé par ses intérêts personnels.

– Vous n’avez pas le droit de trahir la mémoire de vos anciens compagnons de
la CODEM (Coordination de l’opposition démocratique), du FRAD (Front pour
l’alternance démocratique) et des Forces vives de la nation dont les plus
illustres ne sont plus de ce monde : Bâ Mamadou, Siradiou Diallo, Professeur
Alfa Sow, Ahmed Tidjani Cissé, Jean Marie Doré, Charles Pascal Tolno… Avec eux,
vous vendiez l’idée d’une Guinée libre et prospère une fois que vous seriez
arrivés aux affaires. Nous (coauteurs de cette lettre) étions là, en tant que
journalistes (historiens du présent) pour le témoigner.

– Vous n’avez pas le droit de briser le rêve de millions de jeunes et de femmes d’ici et d’ailleurs qui vous avaient porté dans leurs cœurs sans jamais vous avoir vu à l’œuvre avant votre avènement à Sékhoutouréya.

– Vous n’avez pas le droit de démériter votre titre de premier président
démocratiquement élu de la Guinée qu’on vous affuble.

– Vous n’avez pas le droit de plonger notre nation dans l’incertitude et le
chaos, en engageant la Guinée dans un tripatouillage constitutionnel ! Même si
l’objectif était d’aider et de protéger la Guinée et les futures générations de
ce pays, vous vous êtes déjà très mal pris et ne réussirez pas anéantir toutes
les forces sociopolitiques qui défendent la Constitution actuelle.

– Vous n’avez pas le droit de refuser à notre chère Guinée que son premier président démocratiquement élu organise des élections dans la paix et la quiétude pour passer la main à un autre président tout aussi démocratiquement élu.

– Vous n’avez pas le droit d’être insensible à l’assassinat d’au moins 25
Guinéens depuis le début des manifestations contre votre hypothétique projet de
nouvelle constitution.

– Vous n’avez pas le droit d’ignorer les sages conseils de feu Kèlèfa Sall,
le très respecté ex président de la Cour Constitutionnelle qui, en recevant
votre serment pour votre second mandat en cours vous demandait humblement «
d’éviter les chemins interdits en démocratie » pour ne pas « succomber aux
mélodies des sirènes révisionnistes ».

– Vous n’avez pas le droit de minimiser les cadres de votre parti, le RPG,
et la coalition arc-en-ciel qui vous ont aidé à gagner- sur le fil- la
présidentielle de 2010 et à rempiler 5 ans plus tard, au point de ne pas avoir
un présidentiable parmi eux.

– Vous n’avez pas le droit d’empêcher les jeunes cadres et les enfants des
martyrs du RPG de jouir (même sans vous) des privilèges du pouvoir, en refusant
de vous faire remplacer par un d’entre eux à la tête du parti et aussi du pays.

– Vous n’avez pas le droit de fouler au pied votre panafricanisme affiché et vos discours qui revendiquent la rupture d’avec les pratiques rétrogrades qui ont miné notre pays.

– Vous n’avez pas le droit de faire regretter à des activistes des droits
humains et à des artistes comme Tiken Jah Fakoly dont la chanson « Libérez
Alpha Condé » défie le temps et l’espace pour s’imposer comme un hymne à la
liberté qu’on pourrait dédier à tout détenu politique.

– Vous n’avez pas le droit de sortir par la petite porte comme vos anciens
homologues : Laurent Gbagbo, Blaise Compaoré, Omar El Béchir et autres Yaya
Jammeh que vous avez aidé à exfiltrer de Banjul, grâce aux bons offices de
votre ministre conseiller, Tibou Kamara, pendant que les forces de la CEDEAO
menaçaient de frapper le cœur du pouvoir gambien.

– Vous n’avez pas le droit de denier aux 12 millions de Guinéens la possibilité
de vous trouver un remplaçant, à la fin de votre dernier mandat, en 2020. «
J’ai beau chercher, je ne trouve aucun argument qui justifierait que je me
sente irremplaçable… », disait votre homologue nigérien, Mahamadou Issoufou,
avant de s’interroger : « Nous sommes 22 millions de Nigériens, pourquoi
aurais-je l’arrogance de croire que nul ne peut me remplacer ? ».

– Vous n’avez pas le droit de ne pas vous inspirer des cas de Nicéphore
Soglo (ancien président Bénin) et de Goodluck Jonathan (ancien président du
Nigéria), actuellement déployés à Conakry pour une mission de bons offices par
le National Democratic Institute et la Fondation Koffi Anan. Le choix de ces
deux anciens présidents qui ont volontairement quitté le pouvoir à la fin de
leurs mandats constitutionnels n’a rien de fortuit. Il vise notamment à vous
démontrer, personnellement, qu’il y a une vie après la présidence.

Monsieur le président, votre silence assourdissant dans le débat que vous imposez à la Guinée, au-delà des morts et des pertes économiques, rétrécit chaque jour davantage le boulevard d’une sortie honorable qui marquerait les générations futures.

Pourtant, parmi les dates les plus symboliques de votre histoire, votre fin
de règne occupera une place de choix. Des Guinéens presqu’anonymes il y a
quelques mois sont devenus des héros de la République pour simplement avoir
subi ce qu’une bonne partie de l’opinion publique estime être des effets
pervers d’une justice aux ordres.

Espérant n’avoir heurté ni votre sensibilité ni commis un péché de
lèse-majesté, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la
République, l’expression de notre haute considération.

Conakry, le 11 décembre 2019


Bachir Sylla Administrateur du site Guinee-eco.info
Nouhou Baldé Administrateur Général du site Guineematin.com

Cet article est republié à partir de guineematin.com. Lire l’article original





SCAN : « Nous devons aller jusqu’à la victoire finale. Ça doit être clair dans l’esprit de tout le monde » Abdouramane Sanoh


Abdouramane Sanoh, coordinateur du Front national pour la défense de la constitution (FNDC) (Décembre 2019)

«  [  ] ne pas aller jusqu’au bout de la victoire finale serait trahir la mémoire de tous ceux qui sont tombés… Nous devons aller jusqu’à la victoire finale. Ça doit être clair dans l’esprit de tout le monde. Il faut que ce rêve dangereux, satanique soit transformé et cauchemar pour ceux qui sont en train de le faire »

La source ici


Bah Oury, président de l’UDD (Décembre 2019)

«Recenser l’ensemble de la population en Guinée en seulement 25 jours, alors que la loi prévoit que cela doit prendre trois mois. Et comme vous le savez, plusieurs années se sont écoulées sans qu’il y ait la révision du fichier électoral, donc fixer 25 jours pour un recensement, ça c’est faire preuve d’incapacité et cela risque d’empêcher la possibilité d’avoir un fichier conséquent [  ] »

La source ici


Etienne Soropogui, président du mouvement politique Nos valeurs communes (Décembre 2019)

« Sous Alpha Condé, il faut arrêter toute élection. Il
faut qu’il parte pour que nous puissions nous résoudre à aller vers des
élections. Il a une main mise assez importante sur la CENI et les ressources
qui lui sont allouées »

La source ici


Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG, à l’inhumation des victimes des marches contre le 3e mandat (Décembre 2019)

« Je suis indigné de constater que les autorités guinéennes aient estimé que ces guinéens n’ont pas le droit d’être à la grande mosquée pour qu’on prie sur leurs corps, alors que c’est là-bas où il y a une grande place. Je suis aussi surpris de constater que ces victimes n’auront jamais droit à la justice.

La source ici

« Nous sommes maintenant à 128 inhumations au cimetière de Bambeto. Toutes les victimes sont des jeunes à la fleur de l’âge »

La source ici


Un scan réalisé par Sékou Chérif Diallo





Inhumation des huit opposants tués lors des contestations contre le 3e mandat


Résumé de l’actualité guinéenne sur Twitter


Cliquez sur l’image pour accéder au tweet (page Twitter)







Revue de tweets réalisée par Sékou Chérif Diallo





L’opposition guinéenne demande l’arrêt des opérations d’enrôlement en cours [Déclaration]


Déclaration

Les images d’enrôlement de mineurs de moins de 10 ans dans les CAERLE, relevées dans les fiefs proches du RPG, sont de notoriété publique. Elles ont largement été diffusées sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Ces images sont choquantes et traduisent l’intention manifeste du pouvoir de remplir le fichier de mineurs dans le seul dessein d’assurer le troisième mandat soit par le referendum soit par les législatives. Le communiqué du Président de la CENI en date du 1er décembre 2019 a d’autant moins rassuré que nous avons assisté à l’intensification de ces pratiques frauduleuses depuis lors. Ce sont ces mêmes pratiques frauduleuses qui avaient permis au Président Alpha Condé de se faire réélire en 2015. L’enrôlement des mineurs que nous constatons dans la révision en cours est sans précédent de par son ampleur et son caractère discriminatoire. Ces pratiques sont de nature à affaiblir considérablement les fondements de l’Etat et constituent, avec la violence d’Etat, les principales armes du régime actuel pour se pérenniser.

Ainsi, comme pour les précédentes élections, le
pouvoir d’Alpha Condé prépare une mascarade électorale à l’aide d’un processus
émaillé de nombreuses irrégularités dont entre autres :

  • L’enrôlement réduit à 25 jours alors que le code électoral prévoit 3 mois. 25 jours pour enrôler ceux qui ont atteint l’âge légal de voter depuis 2015 (dernière date de la révision de la liste électorale) ; radier tous les électeurs décédés et ceux qui sont indûment enregistrés ; et procéder, à titre exceptionnel pour cette révision, au ré-enrôlement des 6 042 643 électeurs qui sont déjà dans la base de données, conformément à la recommandation principale du rapport d’audit du fichier électoral.
  • L’envoi dans les fiefs réputés proches du pouvoir des commissaires représentant le RPG à la CENI avec l’appui de l’Administration inféodée a permis le recensement sans retenue des mineurs dont les images scandaleuses inondent les réseaux sociaux.
  • La visite opportuniste d’Alpha Condé en Haute Guinée dès l’ouverture de la période d’enrôlement. Ses discours aux accents de campagne ont été entendus par les cadres de son parti et leurs affidés de l’Administration comme un appel pour exécuter les basses pratiques habituelles sur le processus électoral en leur donnant encore plus d’ampleur.
  • Les nombreuses difficultés enregistrées dans les opérations de révision sur le terrain. Plus particulièrement dans les fiefs considérés proches de l’opposition : arrivée tardive et pannes fréquentes des kits, retards importants dans le démarrage des opérations dans plusieurs CAERLE, insuffisance et parfois manque de matériel et de consommables (rupture organisée des récépissés) avec les risques sur l’enrôlement liés à la non délivrance des récépissés qui sont la preuve d’une inscription sur la liste électorale. De tels actes discréditent la CENI et augurent de façon certaine des conflits électoraux ou post électoraux aux conséquences imprévisibles.

C’est pourquoi, dans le souci de préserver la
paix sociale, nous demandons l’arrêt du processus en cours afin de prendre de
manière concertée les mesures correctives nécessaires pour rendre plus crédibles
les prochaines élections.

L’opposition réitère sa ferme volonté à œuvrer
pour la consolidation de la démocratie et réaffirme sa détermination à exiger
que les conditions de transparence soient réunies pour la tenue des prochaines
élections. Elle rappelle également la nécessité de mettre en œuvre les
recommandations contenues dans le rapport d’audit du fichier électoral. Les
partis politiques de l’opposition invitent l’ensemble des guinéens à rester
mobilisés pour faire échec à la volonté de confiscation des suffrages des
citoyens.

Conakry, le 05/12/2012





SCAN : « si l’opposition va aux législatives en février, ça sera seulement pour accompagner Alpha Condé » Aliou Barry


Aliou Barry, chercheur en
géopolitique et consultant sur les questions de paix, de sécurité et de défense
(Décembre 2019, Lynx fm)

« On n’a pas achevé le processus des élections
communales. Curieusement, tout le monde parle de législatives, alors qu’on n’a
pas installé les chefs de quartier qui sont les croix essentielles pour un
hold-up électoral. [   ] Partout où il y
a un fort électoral de l’opposition, il n’y a pas de récépissé, les machines
sont en panne. Donc, si l’opposition va aux législatives en février, ça sera
seulement pour accompagner Alpha Condé »

Lire la source


Bah Oury, président de l’UDD (Décembre 2019)

« Nous
souhaitons que le Président Alpha Condé soit également à l’écoute de son
peuple. Et son peuple lui demande de renoncer à ce changement constitutionnel
qui ne pourra rien apporter de bon au pays, ni à lui même, ni au RPG (…) »

Lire la source


Sidya Touré, président de l’UFR (Novembre 2019)

« Les anciens du RPG qui se sont battus pendant 20 ans
sont dans la misère. Même une vielle maison ils n’en ont pas. Ce sont ces
opportunistes qui font la campagne d’une présidence à vie ou de changement de
constitution qui sont en train de s’enrichir »

Lire la source


Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG (Novembre 2019)

« Cette révision se fait dans des conditions chaotiques
parce qu’il n’y a aucune organisation. Il y a un sabotage par l’institution
chargée d’organiser les élections, la CENI et le gouvernement de la République
qui devait veiller à ce que tous les guinéens puissent s’enrôler et voter.
Mais, malheureusement, nous constatons qu’il y a une sainte pagaille partout
dans le pays. On empêche les gens de s’enrôler dans les fiefs de l’opposition
en disant qu’il n’y a pas de consommables, il n’y a pas de récépissés, la
machine est en panne, l’agent est malade »

Lire la source


Aliou Bah, président du Model (Novembre 2019)

Sur la révision du fichier électoral : « un échec, une
catastrophe parce que la loi a été d’abord violée. Au lieu de trois mois prévus
par la loi en termes de révision ordinaire, la CENI a imposé un calendrier de
révision extraordinaire de 25 jours »

Lire la source


Alpha Condé, président guinéen (Novembre 2019)

« L’avenir de la Guinée se décide en Guinée et ça sera
fait par le peuple de Guinée ; comme nous l’avons fait en 1958. N’ayons
peur de rien sauf Dieu, car unis, nous sommes capables d’aller loin »

Lire la source


Un scan réalisé par Sékou Chérif Diallo





Guinée : ma CENI et mon fichier, le « trousseau de l’autocrate »


Les signes sont inquiétants, les incertitudes se multiplient, les positions se radicalisent, les enjeux sont importants, les élections à venir en Guinée présentent tous les éléments d’alerte d’une crise majeure.


En affirmant lors d’un meeting de soutien à N’Zérékoré le 16 novembre 2019 qu’il y a désormais « deux Guinée », Alpha Condé ôte le manteau de président censé rassembler tous les guinéens (qu’il n’a d’ailleurs jamais véritablement porté) pour celui d’un autocrate prêt à tout pour se maintenir au pouvoir aux termes de ses deux mandats consécutifs. La réalisation de ce projet plongera le pays dans une profonde instabilité politique, sociale et économique. Tous les scénarios sont ouverts. Revivre les périodes sombres de coup d’état serait tout simplement catastrophique pour ce pays. En affaiblissant les institutions et les instruments légaux de transfert du pouvoir, Alpha Condé fait le travail préalable que tout potentiel putschiste aspire : avoir des raisons valables de passer à l’acte et compter sur la légitimation de la subversion par le peuple.

En Mauritanie, lorsque le général Aziz prend le pouvoir en août 2008,
il affirme vouloir « sauvegarder les acquis démocratiques » en accusant
le président déchu d’avoir violé « les dispositions de la
Constitution », de n’avoir rien fait contre la hausse vertigineuse des
prix des denrées alimentaires, d’avoir « créé un climat propice à la
généralisation de la mauvaise gestion, du détournement des deniers
publics et de la corruption ». La légitimité des coups d’Etat se construit également sur l’idée d’un risque de troubles ethno-tribaux,
en renvoyant l’instabilité potentielle du pays non seulement à une
mauvaise gestion politique et économique, mais aussi à une nature
intrinsèquement anarchiste de la société. L’appropriation de tels
arguments dans le contexte guinéen est aujourd’hui facilitée par les
agissements du pouvoir de Conakry.

Certes, un chef d’Etat peut toujours compter sur des loyalistes au
sein de la grande muette pour protéger son pouvoir mais parfois les
évènements s’accélèrent de façon inattendue. Au Soudan, tout à commencer
par une décision du gouvernement de confier les importations
céréalières au secteur privé, qui a occasionné l’augmentation du prix du pain. Pour des raisons bien calculées, les officiers militaires soudanais ont préféré sacrifier le puissant Omar El Béchir.

La Guinée doit réussir sa première transition pacifique du pouvoir.
Il revient à la majorité rassemblée autour de l’esprit du FNDC de
combattre tous les projets (le plus souvent pilotés par de groupes
d’individus aux intérêts convergents) qui mettraient en péril la paix et
la stabilité du pays. Après avoir été une terre d’accueil pour des milliers de sierra léonais,
libériens et ivoiriens, la Guinée ne peut se permettre de sombrer dans
le chaos parce que tout simplement un petit groupe a décidé de modifier
les règles du jeu démocratique qui garantissent la paix, la stabilité et
le vivre ensemble.

Manipulation du fichier électoral

Depuis le 21 novembre 2019, les opérations d’enrôlement et de révision du fichier électoral se déroulent sur toute l’étendue du territoire national en prélude aux élections législatives du 16 février 2020.

La problématique du fichier électoral a toujours été au centre des
crises de confiance entre les acteurs politiques guinéens. L’opposition
politique n’a cessé de dénoncer les « anomalies » sur le fichier
électoral. Selon Sidya Touré,
président de l’Union des forces républicaines (UFR), le fichier
électoral « comporte plus d’un million et demi d’électeurs fictifs
répartis dans les régions de Kankan, Faranah, Nzérékoré et même Labé ».
C’est aussi l’avis de Aliou Condé,
le secrétaire général de l’Union des forces démocratiques de Guinée
(UFDG) « Le fichier électoral comporte 77 % d’anomalies, trois millions
de personnes, soit la moitié de l’électorat, n’ont pas de données
biométriques ». Si le président de la CENI dément l’existence de fictifs,
en reprenant une des conclusions du rapport d’audit à savoir des
électeurs inscrits mais dont les données biométriques sont manquantes,
les signalements des cas d’enrôlement de mineurs dans les zones acquises
au parti au pouvoir sont nombreux et des preuves vidéos circulent sur les réseaux sociaux depuis le début des opérations.

Déjà en 2015, les révélations de la députée de l’opposition Fatoumata Binta Diallo assurant avoir observé dans la région de Faranah l’enrôlement de mineurs
avaient suscitées de vives réactions des responsables du parti au
pouvoir qualifiant ces accusations d’infondées. Face à l’ampleur des
accusations de l’opposition sur cette question d’enrôlement de mineurs,
le comité technique de suivi du fichier électoral était sorti de sa
léthargie en publiant un rapport
le 12 septembre 2015 avec une recommandation spécifique sur la
question de l’âge : « Renforcer le contrôle de l’âge lors de la
distribution des cartes et prendre les dispositions pour que les
directives de la CENI en la matière s’imposent à tous ».

Le dialogue politique inter-guinéen (Accords du 12 octobre 2016)
avait mis un accent particulier sur le recrutement d’un « cabinet pour
réaliser un audit complet du fichier électoral ». Deux ans après,
débutaient les travaux d’audit du fichier électoral pilotés par des experts de l’Union européenne, de l’OIF et du PNUD. Le 10 octobre 2018,
les membres du comité technique d’audit du fichier électoral ont remis
le rapport d’audit du fichier électoral au ministre de l’Administration
du Territoire et de la Décentralisation. Interrogé sur le contenu du
rapport, le président dudit comité Mamady III Kaba affirmait ceci : « Il
y a effectivement un nombre très élevé, un million cinq cent trente
mille et quelques (1 530 000) électeurs, qui n’ont pas leurs données
biométriques au complet
 ». Sans parler de l’existence d’électeurs
fictifs comme le dénonce l’opposition, Kaba avance une toute autre
explication : « L’équipe d’experts, composée de sept (7) personnes, a
trouvé des raisons pouvant justifier cet état de fait. Et l’une de ces
raisons majeures, il y a eu plusieurs opérateurs qui ont travaillé sur
le fichier électoral guinéen au fil du temps. Les opérateurs
n’utilisaient pas le même système et du coup, le transfert d’un
opérateur à un autre, a altéré certaines données biométriques notamment,
les empreintes. » Pour l’opposition politique, les anomalies sont nombreuses :
« plus de 1 564 388 électeurs inscrits dans le fichier sont sans
empreintes digitales, plus de 3 051 773 d’électeurs non dédoublonnés,
plus de 3.000.000 d’électeurs sont nés entre un 1er janvier et un 1er
juillet, et donc un peu plus de la moitié des électeurs ne peuvent pas
produire un acte d’état civil avec une date de naissance exacte ». Pour
corriger ces anomalies, elle recommande :
« Au vu des doublons persistants du nombre de citoyens sans données
biométriques et de décédés qui pourraient encore figurer dans la base
des données, un contrôle physique de l’ensemble des électeurs s’impose.
Chaque citoyen revient confirmer ou compléter ses données
alphanumériques et biométriques pour qu’il soit maintenu dans la base. »

Malgré toutes les recommandations formulées dans le rapport d’audit
et les dénonciations sur le manque de transparence dans l’établissement
du fichier électoral, l’enrôlement de mineurs reste une pratique
frauduleuse redoutable que le pouvoir en place compte rééditer pour
remporter les élections futures. Pour vanter les efforts de la CENI, un
expert de l’OIF n’avait pas hésité à affirmer lors d’une conférence de
presse tenue à Conakry le 21 octobre 2019 que : « la CENI a fourni
l’effort d’acquérir un autre programme d’appui, c’est le programme ABIS
qui est un programme hautement performant pour la détection des
enrôlements multiples ». Selon cet expert «  l’ABIS permettra aussi à faire d’autres recherches telles que la reconnaissance de l’âge potentiel de l’électeur ». Aujourd’hui, les images montrant l’enrôlement de mineurs
dans la région de la haute Guinée font penser à des actions coordonnées
et encouragées par les autorités locales avec la bénédiction des
commanditaires basés à Conakry.

Face à l’ampleur des dénonciations de ces pratiques sur les réseaux sociaux, le président de la CENI s’est fendu d’un communiqué
ce dimanche 2 décembre 2019 pour annoncer les dispositions prises par
son institution : « le Président de la CENI constate sur les réseaux
sociaux des images faisant allusion à des cas d’enrôlement de mineurs.
La CENI mène des enquêtes et prend déjà des dispositions informatiques
pour déceler et radier tout enregistrement de mineurs. Sur la question
il demande : – Aux présidents de CEPI de faire le tour des CAERLE et de
prendre des dispositions disciplinaires contre tout membre de CAERLE
impliqué dans un cas d’enregistrement illégal. – A ETI-Bull de mener des
enquêtes et de relever de sa fonction tout opérateur de saisie qui
aurait enrôlé un mineur. – Et, le logiciel dont dispose la CENI permet
de faire un audit et de savoir exactement quel operateur et à quel
moment il ou elle a enrôlé un électeur. » En attendant, la fabrique d’un
électorat composé de mineurs se poursuit dans les fiefs du parti au
pouvoir.

L’enrôlement des mineurs, une tradition politique africaine

Si certains observateurs n’hésitent pas à réduire les consultations
électorales à de « simples formalités administratives » qui seraient
dominées par des acteurs politiques se livrant à un « banditisme
électoral plutôt qu’à une compétition loyale », pour reprendre la
formule de Kassoum Tapo l’ancien président de la Commission électorale
nationale indépendante du Mali, il faut toutefois noter que les graves
dysfonctionnements observés dans le déroulement des opérations
d’enrôlement des électeurs en Afrique de façon générale résultent d’une
volonté manifeste des pouvoirs en place de violer les règles du jeu
démocratique. Quantin dans son article intitulé « les élections en Afrique: entre rejet et institutionnalisation » explique
ces dysfonctionnements comme : « des stratégies jouées par les groupes
au pouvoir menacés dans leur hégémonie par une installation durable de
la règle de la majorité».

Pour Mokamanede cité par le chercheur Koné, auteur d’un article intitulé : TIC et processus de démocratisation en Afrique
: pour un système de gestion transparente des élections par
l’expérience du « Parallel Vote Tabulation » (PVT), le processus
électoral en Afrique souffre de deux contraintes : les contraintes
institutionnelles et socio-culturelles. Il note que les structures des
régimes à parti unique n’ont pas changé et les pays africains ne
disposent pas de données démographiques fiables.

L’enrôlement des mineurs est une recette politique très prisée dans
les palais africains où les présidents autocrates cherchent par tous les
moyens à contourner les exigences de transparence et de sincérité des
opérations électorales. Lors des élections générales au Burundi de 2015,
l’opposition ne cessait de dénoncer des distributions massives de
cartes nationales d’identité à des mineurs et aux seuls militants du
parti au pouvoir le CNDD-FDD. Les mêmes pratiques ont été observées en
RDC lors des élections présidentielle et législatives de novembre 2011, dans la province du Katanga (sud-est du pays), où des cartes d’électeur étaient distribués à des enfants d’une dizaine d’années. Dans la déclaration préliminaire de la Mission d’observation de l’Union africaine
aux élections législatives du 20 Décembre 2018 au Togo, les
observateurs n’ont pas manqué de rappeler que l’audit des listes
électorales avait pour but « d’éliminer certaines irrégularités
constatées notamment l’enrôlement des mineurs et les inscriptions
multiples ». Toujours au Togo, la mission d’observation électorale de l’Union européenne
pour l’élection présidentielle de 2010 soulignait déjà des cas
d’enrôlements de mineurs : « La MOE UE a relevé dans tous les CRV
(Centre de révision et de vote ) des régions de la Kara et des Savanes
(nord du pays) observés le jour de la révision supplétive des cas
d’enregistrement d’individus dont l’apparence portait à croire qu’ils
étaient mineurs.» Au Tchad lors de l’élection présidentielle de 2016,
les opposants accusaient l’administration chargée du fichier électoral
d’enrôler des mineurs, des électeurs fictifs et des réfugiés.

Il faut noter que les expériences ont démontré que les processus
électoraux peuvent stimuler ou catalyser des conflits sociaux majeurs.
Dans une publication du bureau des nations unis en Afrique de l’Ouest et
le Sahel intitulée « Comprendre la violence électorale pour mieux la prévenir ».
Nous pouvons lire ceci : « La violence électorale est déclenchée
pendant la période électorale quand des parties en position de force ou
de faiblesse constatent que l’autre partie établit de manière
unilatérale les règles du jeu électoral qui la favorisent. Les sujets
sur lesquels ce déclenchement est plus rapide restent : la mise en place
du fichier électoral, la mise en place de l’administration électorale
et les résultats électoraux. »


Sékou Chérif Diallo
Fondateur/Administrateur
www.guineepolitique.com




À quand la fin du désordre politico-judiciaire ?


Condamnés le 22 octobre 2019 à des peines allant de six mois à un an de prison ferme, les principaux initiateurs des manifestations qui agitent le pays depuis plusieurs semaines ont été remis en liberté provisoire ce jeudi 28 novembre 2019.


Jugés pour « manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique et à occasionner des troubles à l’ordre public », les responsables du FNDC avaient appelé à manifester contre le projet de nouvelle constitution qui n’est rien d’autre qu’un moyen déguisé pour permettre à Alpha Condé de s’octroyer illégalement un troisième mandat.

Depuis cette condamnation, les réactions se sont multipliées pour dénoncer cette volonté des autorités guinéennes d’écraser toute forme d’opposition à ce projet décrié par la majorité des guinéens. Pour le chercheur à Amnesty International, François Patuel « Nul ne peut être détenu pour avoir organisé ou appelé à une manifestation pacifique. Les leaders du FNDC doivent être libérés immédiatement et sans condition ». L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme dans un communiqué publié le 24 octobre 2019 condamnait cette décision de la justice guinéenne et demandait aux autorités la libération immédiate et inconditionnelle des membres du FNDC arrêtés le 12 octobre 2019 et condamnés à des peines d’emprisonnement.

Le procès
en appel de ce jeudi portait sur une demande de renvoi et de remise en liberté.
A l’issue de l’audience, les deux demandes ont été acceptées par le ministère
public en ordonnant la mise en liberté des prévenus et le renvoi du dossier au
5 décembre 2019.

Sous forte pression permanente sur le plan national avec les manifestations de rue et à l’international, les autorités guinéennes n’avaient d’autres choix que de reculer. Il faut rappeler que les manifestations de rue pour s’opposer au projet de 3e mandat pour Alpha Condé ont fait plus de 20 morts. Ce désordre politico-judiciaire avec son trophée macabre témoigne de l’état de déliquescence des institutions de la République où les répressions et condamnations sont récurrentes avec ses corollaires de violations de droits humains.


Sékou Chérif Diallo
Fondateur/Administrateur
www.guineepolitique.com




Nouvelle mobilisation massive contre Alpha Condé


Les
Guinéens ont à nouveau manifesté en masse mardi à Conakry contre un
éventuel troisième mandat du président Alpha Condé, a constaté un
correspondant de l’AFP.


Fode Oussou Fofana, un responsable de l’opposition au président, a
chiffré le nombre de manifestants à un million tandis que la presse a
avancé le chiffre de 800.000.

De tels chiffres se sont révélés invérifiables depuis le début du mouvement.

Mais cette marche impressionnante aux couleurs rouges de
l’opposition est le dernier acte en date de la contestation lancée le 14
octobre par le Front national de défense de la Constitution, un
collectif de partis d’opposition, de syndicats et de membres de la
société civile.

“Non à la présidence à vie”, “Alpha Condé dictateur”, ont scandé les manifestants, ainsi que “Mort aux assassins”, référence à la mort de plusieurs civils tués lors de précédentes journées de manifestation.

Aucun incident significatif n’a été rapporté au cours de celle-ci.
Les forces de l’ordre, à nouveau déployées en nombre, sont restées
discrètes.

Depuis un mois et demi, le FNDC est
parvenu à mobiliser à plusieurs reprises des foules de manifestants qui
ont envahi les rues des quartiers périphériques de Conakry, fiefs de
l’opposition.

Les protestations ont à différentes reprises été brutalement
réprimées. Au moins 20 civils ont été tués depuis le 14 octobre, ainsi
qu’un gendarme.

La Guinée, coutumière des protestations et des répressions brutales, est en proie à l’agitation depuis que le FNDC
a appelé à faire barrage au projet prêté à M. Condé, élu en 2010 et
réélu en 2015, de briguer sa propre succession en 2020 et de réviser
dans ce but la Constitution, qui limite à deux le nombre de mandats
présidentiels.

Les forces de sécurité ont fait l’objet en novembre d’un rapport
accusateur d’Amnesty International. Il dénonce l’usage excessif de la
force, les interdictions de manifestations pacifiques, les arrestations
“massives” et “arbitraires”, les cas de torture et l’impunité des
gendarmes et policiers.

Le gouvernement s’est défendu contre un rapport ignorant selon lui ses efforts.

A 81 ans, M. Condé, ancien opposant historique qui fut le premier
président démocratiquement élu après des décennies de régimes
autoritaires et militaires, entretient le flou sur ses intentions, mais a
lancé en septembre des consultations sur la Constitution.


Africanews/AFP




Lettre ouverte : Ne nous laissez pas seuls [Par L. Petty Diallo]


Lettre Ouverte à la Communauté internationale

-Communauté
Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, (CEDEAO)

-Organisation
des Nations-Unies, (ONU)

-Union
Africaine, (UA)

-Organisations
de la Mano River Union et de la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal, (OMVS)

A Messieurs les
présidents :

-En exercice de
l’Union Africaine, Abdel Fattah al-Sissi

-De
la République Française, Emmanuel Macron

-Des Etats-Unis
d’Amérique, Donald Trump


Messieurs les Chefs d’État et Représentants des Organisations Internationales

Cette lettre n’a nullement la prétention de
dire ce qui serait méconnu ou ignoré. Elle se vent en revanche d’être un appel
à la conscience des nations, à leurs dirigeants ou représentants. Elle est un rappel
du passé de la Guinée faite de tumultes souvent dramatiques, parfois tragiques.
  

Une fois de plus, la Guinée renoue avec son
passé fait de violences politiques dans toute leur dimension et, comme à
l’accoutumé, dans l’indifférence totale. Une fois de plus, les Guinéens sont
submergés par les flots menaçants de lendemains incertains mais sûrement
obscurs.

Vos représentants, ambassades, corps consulaires et autres institutions ont sûrement dû, mesdames, messieurs les chefs d’États et représentants des institutions susmentionnées, vous remonter les informations de l’actualité politique guinéenne marquée par des : manifestations, répressions, arrestations, séquestration de leaders politiques, violations de domiciles privées, meurtres, etc.

Au-delà des informations officielles que vous
devriez avoir reçues, les médias guinéens et internationaux relayent la réalité
du terrain.

 Messieurs les chefs d’États et représentants des institutions internationales

Depuis lundi 14 octobre 2019, une vague de
violences déferle sur la Guinée à cause de la volonté manifeste ou supposée du
président Alpha Condé d’imposer une nouvelle constitution en violation
flagrante de celle en vigueur. Une constitution qui ne souffre d’aucune
illégitimité car l’expression librement consentie du peuple de Guinée sur
laquelle le président Condé a prêté serment à son élection de 2010 et à sa
réélection de 2015.

Les violences engendrées ces derniers jours, lors de manifestations pacifiques de la société civile et des partis politiques de l’opposition réunis au sein du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), dépassent les bornes. Elles sont en voie de précipiter la Guinée dans le gouffre et aucune limite ne semble se dessiner pour empêcher cette éventualité.

Les conséquences pourraient être
dévastatrices car les prévisions actuelles ne sont pas les plus optimistes. Les
dates des prochaines manifestations sont déjà annoncées et le peuple pourrait
bien répondre massivement alors que la répression coutumière des forces de
l’ordre ne fait l’ombre d’aucun doute.

Messieurs les chefs d’États et représentants des institutions internationales

Le temps des hypothèses est dépassé en Guinée. Nul ne peut nier que le pays peut basculer d’un moment à un autre face à un pouvoir répressif qui met en avant l’arrogance à la place du dialogue, une société civile déterminée et légitimée par l’appui populaire.  

Les partis politiques de l’opposition longtemps méprisés et forcés au repli par l’interdiction de toutes manifestations depuis un an, reprennent du poil de la bête. Leur appel au dialogue longtemps ignoré ne leur donne plus aucun crédit de s’asseoir à nouveau sur la table de négociation avec le pouvoir. Le parti politique qui s’y hasarderait risque de perdre tout soutien de la base tant son acte apparaitrait comme une trahison. Face à cette situation, plus le chrono tourne, plus les lendemains s’assombrissent et les positions se durcissent.

D’autre part, les digues ethniques par
lesquelles le pouvoir semblait tenir les Guinéens sont en train de sauter et
plus aucun obstacle ne semble empêcher les populations de manifester leur
opposition à un troisième mandat générateur des conflits actuels. Seulement,
acculé, apparemment dépassé par la réalité, le pouvoir ne veut rien cédé,
encore moins la société civile et les partis d’opposition unis dans un élan de
refus et de revendication.

Les effets sont visibles et malheureusement
guère étonnants : armer les forces de sécurité pour réprimer des
manifestants désarmés est la seule solution que semble trouver le système en
place. En face, retranchés et acculés, ces derniers répondent en se servant de
tout ce qui leur tombe entre les mains.

En outre, les répressions ne se limitent pas
aux lieux de manifestations : les paisibles citoyens sont violentés dans
leur domicile, victimes de brimades, de jets de bombes lacrymogènes et de tirs
à balles réelles. Les meurtres, si ce n’est les assassinats, se multiplient de
jour en jour. On en dénombre neuf (9) morts et d’innombrables blessés. Et la
violence semble monter crescendo à chaque manifestation, veille ou lendemain de
celle-ci. Dès lors, plus aucun citoyen ne se sent en sécurité ni chez lui, ni
travail, au marché ou ailleurs.

Messieurs les chefs d’États et représentants des institutions internationales

Nul n’a besoin de dire que la situation actuelle de la Guinée fait planer le spectre de la guerre civile et, dans une moindre mesure, du retour à un pouvoir qui ne serait pas issu de la volonté populaire.

Aujourd’hui, plus qu’hier, tout guinéen se
pose la question de savoir si sa vie vaut moins que celle d’un autre être
humain. Il se demande s’il compte encore parmi le petit chainon qui constitue
la longue chaine de l’humanité. Il se questionne sur le devenir de son pays et
de l’importance de celui-ci face au destin des autres nations.

Les Guinéens se sentent abandonnés et livrés à un pouvoir qui ne montre aucun état d’âme quant à sa capacité répressive. Un pouvoir impuissant de dialoguer et qui se radicalise au seul motif d’ambition personnelle d’un homme élu par son peuple pour le protéger et non pour le punir, le réprimer ou le faire tuer.

Ce bref rappel de la situation guinéenne et
du sentiment que semble éprouver chaque Guinéen pose un certain nombre de questions.
Cette lettre ouverte qui en est l’objet les décline en quelques points.

 La communauté
internationale :

– Serait-elle si indifférente au sort du
peuple de Guinée pour qu’elle soit aussi inaudible depuis tant de jours de
violences en cours en Guinée ?

-Se serait-elle lassée des efforts antérieurs
qu’elle a fournis, même à minima, face à la situation guinéenne qui
perdure ? 

 -Méconnaitrait-elle
les risques de reproduction sur la Guinée du passé récent de pays limitrophes :
Sierra-Leone, Liberia, Côte-d’Ivoire et, dans une moindre mesure, la
Guinée-Bissau ?

-Serait-elle incapable de paroles franches et
fermes face à un chef d’Etat qui, non seulement viole la charte des
organisations régionale et/ou continentale en matière de durée de mandat et qui
laisse (ou fait) tuer ses concitoyens ?

-Des intérêts partisans sacrifieraient-elles
la vie et la sécurité des populations guinéennes ? Autrement dit, les
richesses minières, halieutiques, forestières et autres du pays valent-elles
mieux que la vie d’un Guinéen ? 

-Ignorerait-elle l’effet domino du
non-respect de la durée du mandat présidentiel (un quinquennat renouvelable une
seule fois) sur la sous-région ouest-africaine ?

-Enfin, serait-elle indifférente aux risques
qu’en court la Guinée face à la menace qui pèse sur la sécurité et la vie des
leaders politiques et du FNDC ?

J’appelle par ces mots à mettre fin aux maux
du peuple de Guinée rongé depuis des décennies par de multiples souffrances.

Il est dur de se sentir seul. Les Guinéens ont de plus en plus le sentiment d’être seuls. Alors, je dis, ne nous laissez pas seuls. Ne nous abandonnez pas au bord du gouffre. La vie de tout peuple, le devenir de toute nation vaut la peine d’être défendue.

Je terminerais en paraphrasant Sir Wilson Churchill : « Donnez aux Guinéens les instruments de la démocratie véritable, ils termineront la tâche ». Je vous remercie.

M. Lamarana Petty Diallo, Guinéen- Professeur Hors-Classe, lettres-histoire, Orléans- France




SCAN vidéo : Paroles d’acteurs politiques [Dalein, Sidya, Bah Oury]


“Les paroles s’envolent, les écrits restent” [Pas vraiment]

Archiver la parole publique, Guinée Politique suit les acteurs politiques guinéens.


Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG, entretien à Dakar avec Senflash7, novembre 2019. Source vidéo : Seneflash7

Cellou Dalein Diallo

Sidya Touré, président de l’UFR, plénière du FNDC le 18 novembre 2019. Source vidéo : Fodé Baldé

Sidya Touré

Bah Oury président de l’UDD, invité de TFM (Télévision sénégalaise) en novembre 2019. Source vidéo : ici

Bah Oury

Une revue hebdomadaire de Sékou Chérif Diallo





« Non au pouvoir à vie en Guinée Conakry ! » [Balai Citoyen ]


Depuis le
mois d’octobre 2019, le vaillant et digne peuple de la Guinée est debout
contre l’ambition affichée et démesurée du Président Alpha CONDE
d’instaurer un pouvoir à vie par le truchement de la modification de la
clause limitative du mandat présidentiel.

A cette
lutte légitime du peuple pour la démocratie et le respect de l’Etat de
droit, le pouvoir autocratique d’Alpha CONDE oppose une répression
féroce par l’instrumentalisation des forces de défense et de sécurité.

A 81 ans révolus censés lui conférer sagesse et responsabilité, Alpha CONDÉ, autrefois opposant historique, s’est aujourd’hui, mué en bourreau historique sous l’effet des délices et des sirènes du pouvoir personnel.  

Depuis le début des manifestations, à l’appel du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), des leaders d’organisations de la société civile et des opposants sont régulièrement intimidés, agressés et certains croupissent injustement dans les geôles du régime scélérat d’Alpha CONDÉ. Au nombre de ces vaillants et irréductibles défenseurs de la démocratie qui croupissent actuellement dans les geôles de CONDÉ, figure les camarades Abdourahamane Sanoh, coordinateur du FNDC, Sékou Koundouno, Coordonnateur du Balai Citoyen Guinée et responsable des stratégies et de la planification du FNDC, Ibrahima Diallo, responsable des opérations, le reggaeman engagé Elie Kamano, Mamadou Baïlo Barry et Alpha Soumah. Ils ont été condamnés le 22 octobre dernier à des peines allant de 06 à 12 mois de prison ferme à l’issue d’une parodie de justice orchestrée par le régime et ses juges acquis aux ordres.  Pire, plusieurs dizaines de jeunes ont péri sous les balles assassines des forces de sécurité et sans qu’aucune enquête sérieuse ne soit diligentée en vue de rendre justice aux victimes.   

Le mouvement le Balai Citoyen du Burkina Faso, suit avec consternation et non sans intérêt particulier, l’évolution dramatique de la situation en Guinée. Aussi, Il constate avec regret que malgré son parcours politique pour lequel la jeunesse africaine était pleine d’admiration jusqu’à un passé récent, de la Fédération des Étudiants d’Afrique Noire en France (FEANF) à l’opposition et aujourd’hui au pouvoir, Alpha CONDÉ n’a malheureusement encore tiré aucune leçon de l’histoire récente des mouvements contre les velléités de tripatouillage constitutionnel en Afrique. Professeur de son état, il n’a jamais assimilé la leçon historique selon laquelle, dans le face-à-face avec leur peuple, les hommes dits forts finissent pourtant toujours dans la poubelle de l’histoire ; quand bien même les exemples sont légions. La déchéance morale et politique de l’homme n’a d’égal que l’espoir qu’il a incarné à un moment donné de sa vie politique.

C’est pourquoi, le mouvement Balai citoyen, solidaire du combat de tous les peuples en lutte pour la liberté et la démocratie et résolument engagé contre toute forme de pouvoir à vie, condamne sans réserve aucune la répression barbare à laquelle se livre le régime obscurantiste et moribond du renégat CONDÉ contre le vaillant peuple de Guinée dont la glorieuse histoire constitue à jamais une source d’inspiration intarissable pour tous les peuples épris de liberté. Nous avons la ferme conviction que ce peuple de Guinée, fort de sa tradition de lutte, triomphera inexorablement de cette épreuve de force à lui imposé par cette poignée d’aventuriers politiques.   

Au regard de ce qui précède, le Balai Citoyen :

  • Met en garde Alpha CONDÉ et ses sbires sur leurs responsabilités devant l’histoire face aux exactions en cours en Guinée ;
  • S’insurge contre le silence complice des organisations sous-régionales, panafricaines et internationales sur le risque que fait courir Alpha CONDÉ à la Guinée et à l’Afrique tout entière ;
  • Exige l’arrêt immédiat des violences à l’encontre des populations et la libération sans condition de toutes les personnes injustement embastillées dont le seul crime est d’avoir défendu la démocratie ;
  • Apporte son soutien sans faille au peuple Guinéen en lutte et exhorte tous les démocrates sincères à joindre leur voix à celle du peuple Guinéen pour dire non au troisième mandat de CONDÉ.

Le peuple de Guinée ne courbera pas l’échine devant cette forfaiture car un peuple uni n’est jamais vaincu.

Vive la Guinée !

Vive les peuples en lutte !

N’an laara, an saara (Si nous nous couchons, nous sommes morts !) !

Notre nombre est notre force !

Ensemble, on n’est jamais seul !


Pour le Balai Citoyen, la Coordination Nationale





La fétichisation du pouvoir en Afrique : l’exemple de la Guinée [Par Dr Babacar Diop]


La tyrannie par excellence […] repose sur la contrainte, car aucun homme libre ne supporte de son plein gré un tel pouvoir, Aristote, Les politiques, GF Flammarion, 1993, p.310.

Dr Babacar Diop

L’Afrique
est encore frappée par ce que le philosophe sénégalais Djibril Samb
appelle le «syndrome Bâsi», une maladie qui affecte dangereusement les
chefs d’Etat africains et qui est pire que l’épidémie de l’Ebola. Bâsi
était un souverain de l’empire du Ghana qui arriva au pouvoir à un âge
assez avancé ; frappé de cécité qu’il dissimula, il s’accrocha au
pouvoir avec la complicité de son entourage en usant de toutes sortes de
subterfuges (D. Samb, L’Afrique dans le temps du monde, 2010, p.91).

Le
pouvoir est une drogue qui fait perdre la raison. Des chefs d’Etat
africains découvrent subitement, avec déraison, qu’ils sont
irremplaçables et nourrissent la folle ambition de régner à vie sur leur
pays. Ils sont prêts à tout, au nom disent-ils de l’intérêt supérieur
de leur pays : ils tuent des enfants, massacrent leur peuple,
emprisonnent des innocents pour satisfaire des ambitions démesurées et
démoniaques. Ils prétendent terminer les projets qu’ils seraient les
seuls à pouvoir achever. C’est dans cette logique que Djibril Samb
explique cette maladie contagieuse et mortelle des hommes politiques
africains : «Ce syndrome consiste, pour ces chefs d’État […], même parvenus démocratiquement au pouvoir, à capturer l’appareil d’État,
à vassaliser toutes les institutions, à concentrer tous les pouvoirs
entre leurs mains et celles de leurs familles, avant d’instituer une
espèce de «royauté barbare» d’extraction tyrannique fondée sur le règne
du pouvoir personnel. Ce syndrome est d’autant plus justement nommé que
certains chefs d’
Etat africains, n’ayant pourtant exercé le pouvoir au plus que quelques années, se découvrent subitement irremplaçables» (L’Afrique dans le temps du monde,
p.92). Le syndrome Bâsi constitue une politique du pire qui repose sur
la violence brutale et une concentration de tous les pouvoirs entre les
mains d’un individu omnipotent qui devient l’alpha et l’oméga de tout un
peuple soumis à ses désirs, fantasmes et caprices les plus burlesques.

À titre d’illustration, le président Alpha Condé, arrivé au pouvoir à un âge fort avancé, après plusieurs décennies passées dans l’opposition, apparaît comme un nouveau Bâsi des temps modernes. Frappé de cécité politique, il utilise la violence contre son peuple pour s’accrocher à un pouvoir personnel et clanique qui a tourné le dos au peuple guinéen depuis longtemps. Ses partisans entonnent la chanson déjà entendue ailleurs:

«la Guinée a besoin du Pr Alpha Condé, il faut le laisser terminer ses chantiers pour le grand bonheur du peuple guinéen». C’est pourquoi, F. Mitterrand avait bien raison de dire : «Il y a toujours une clientèle pour les dimensions hors série» (Le coup d’Etat permanent, 2010, p.109).

Alpha Condé ne reculera devant aucune honte, il tuera pour le pouvoir, il piétinera le peuple pour conserver les privilèges égoïstes de son clan politique. L’Afrique est malade de ses dirigeants ! C’est la raison pour laquelle, «la question fondamentale qui se pose à l’Afrique […] demeure celle de son leadership politique» (D. Samb, L’Afrique dans le temps  du monde, p.9).

Les manifestions organisées à Conakry et à l’intérieur du pays, entre
le 14 et 16 octobre par le Front national pour la défense de la
Constitution (FNDC) ont déjà fait onze morts, une centaine de blessés
dont certains sont dans un état critique et plus de deux cents
arrestations. Malgré cette situation chaotique, Alpha Condé refuse
d’entendre la voix de la raison ; il est décidé à aller jusqu’au bout de
sa logique meurtrière du troisième mandat en marchant sur des cadavres.
Le peuple de Guinée a trop souffert pour supporter à nouveau qu’on
sacrifie innocemment ses enfants. Il faut préserver le sang sacré des
guinéens. A-t-on oublié le massacre du 28 septembre 2009 qui a fait plus
de 150 morts ? A-t-on oublié la douleur des femmes violées dans
l’enceinte du stade du 28 septembre de Conakry ? A-t-on besoin de
rappeler toutes les luttes du peuple guinéen pour la démocratie et la
dignité ? A-t-on rangé aux oubliettes le rôle pionnier et héroïque de la
Guinée dans les indépendances africaines. Il est évident qu’Alpha Condé
refuse de marcher dans le sens de l’histoire, il veut replonger la
Guinée dans les ténèbres à ce moment décisif de son histoire.

Malgré
la grande défaillance d’un homme face à sa population, la belle
jeunesse de Guinée est décidée à marcher dans le sens l’histoire. Elle
assure la résistance populaire pour arrêter la révision
constitutionnelle qui ouvrirait à Alpha Condé la voie à une candidature
et à un troisième mandat au forceps. Saint-Just disait, avec son cœur
plein de jeunesse dans son Discours sur la Constitution de France :
«La liberté d’un peuple est dans la force et la durée de sa
constitution ; sa liberté périt toujours avec elle, parce qu’elle périt
par des tyrans qui deviennent plus forts que la liberté même» (Œuvres complètes, 2004, p.539).

Au regard de l’idéal de démocratie que nous souhaitons en Afrique, la jeunesse doit soutenir ce noble combat pour dissuader d’autres «Bâsi» en puissance qui observent avec intérêt l’évolution de la situation en Guinée. Sans aucune hésitation, les peuples africains doivent adopter des positions radicales contre les chefs d’État qui seraient tentés par l’idée d’un troisième mandat, en violation flagrante de la Constitution de leur pays. C’est l’occasion d’inviter la jeunesse africaine à s’inspirer de ces propos pleins d’enthousiasme, d’engagement et d’actualité du jeune Abraham Lincoln de Springfield qui venait d’entrer en politique ; il disait à ses compatriotes américains dans un discours du 27 janvier 1838, à la veille de son vingt-neuvième anniversaire: «[Que chaque amoureux de la liberté, que tout citoyen qui veut le bien de sa postérité jure, au nom du sang versé par la révolution, de ne jamais violer en quoi que ce soit les lois du pays et de ne jamais tolérer que d’autres les violent. […], que chaque [citoyen] accepte de soutenir la Constitution et les lois au prix de sa vie, de ses biens et de son honneur sacré ; qu’aucun n’oublie que transgresser la loi, c’est piétiner le sang de son père et mettre en lambeaux sa propre liberté comme celle de ses enfants. […] Bref que [le respect de la loi] devienne la religion politique de la nation ; que les anciens et les jeunes, les riches et les pauvres, les esprits graves et les êtres joyeux, quels que soient leur sexe, leur langue, leur couleur, leur condition, ne cessent jamais de lui offrir des sacrifices sur les autels qui sont les siens» (Le pouvoir des mots. Lettres et discours, 2009, pp.20-21).

Alpha Condé, un passionné de pouvoir absolu en arrive à se considérer
comme la source légitime du pouvoir, oubliant que la légitimité émane
de la volonté de la communauté politique. Pour cet homme, sa propre
volonté et la volonté particulière du clan au pouvoir deviennent la
volonté générale. C’est ce processus de corruption de la politique qui
coupe la légitimité de sa source originaire (la communauté) que le
philosophe argentin Enrique Dussel appelle la «fétichisation du
pouvoir», c’est-à-dire, son absolutisation, et sa divinisation.

La fétichisation du pouvoir est la manifestation de la corruption la plus achevée de la politique. Ainsi, les représentants cessent de représenter le peuple pour incarner des intérêts particuliers, les intérêts du groupe au pouvoir et des lobbies qui les soutiennent. Le pouvoir se corrompt quand il dévie de sa fonction première qui est d’obéir à la volonté générale de la communauté politique. En ce sens, E. Dussel soutient : «La corruption originaire du politique, que nous nommerons le fétichisme du pouvoir, consiste en ce que l’acteur politique (les membres de la communauté politique, qu’ils soient citoyens ou représentants) croit pouvoir affirmer que sa subjectivité propre ou l’institution dans laquelle il accomplit une fonction (et qui lui permet donc d’être appelé «fonctionnaire», qu’il soit président, député, juge militaire policier, est le siège ou la source du pouvoir politique. Ainsi, par exemple, l’État qui s’affirme comme souverain, comme l’instance ultime du pouvoir, représente le fétichisme du pouvoir de l’État et la corruption de tous ceux qui prétendent exercer le pouvoir étatique ainsi défini» (Vingt thèses de politique, 2018, p.29-30). Celui quit nie son peuple s’affirme lui-même comme maître absolu et se divinise. Ainsi, le pouvoir est considéré comme une idole à laquelle on sacrifie la vie du peuple qui devient un instrument, un objet, c’est-à-dire une chose. Le pouvoir fétichisé est un pouvoir corrompu, coupé des préoccupations du peuple pour satisfaire des intérêts particuliers ; c’est aussi un pouvoir oppressif qui use des formes les plus brutales de la violence.

Alpha Condé croit exercer le pouvoir par son « autorité autoréférentielle » (E. Dussel, Vingt thèses de politique, p.30), c’est-à-dire référée à lui-même,
oubliant la communauté politique, «l’instance ultime» qui est la seule
source du pouvoir légitime. Alpha Condé, candidat au pouvoir absolu,
devient à lui seul toute la Guinée, sa volonté particulière vaut la
volonté générale du peuple. Ainsi le pouvoir en Guinée se corrompt, se
fétichise, s’absolutise et se tyrannise. Le pouvoir fétichisé est un
pouvoir despotique qui use de la violence pour exercer sa domination sur
le peuple. Il ne consiste plus en un exercice délégué par la
communauté, mais plutôt en une dictature qui persécute le peuple afin
d’assouvir les ambitions particulières et égoïstes d’une oligarchie
politique corrompue. Dans un tel schéma, ceux qui s’opposent à
l’oppression sont persécutés et réprimés jusqu’à la mort. Ainsi, le
pouvoir fétichisé se nourrit du sang de ceux qui résistent.

Le
peuple doit faire face au monstre afin de construire un nouvel ordre
qui consacre la volonté de la communauté. En Afrique, il est temps que
les despotes comprennent que le peuple est le seul détenteur légitime du
pouvoir. La Guinée doit user de tous les moyens pour se libérer de
cette nouvelle domination. Devant un Bâsi infirme et assoiffé de pouvoir
absolu, il faut un peuple éveillé et prêt à défendre sa liberté à tout
prix. En vérité, «un dictateur n’a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi» (Le coup d’État permanent,
2010, p.238). Aujourd’hui, la Guinée engage la lutte pour sa «Seconde
Emancipation» ; ce noble combat mérite une solidarité continentale.

Pour
conclure, les onze victimes des manifestations du 14 au 16 octobre 2019
doivent être élevées au rang de martyrs de la démocratie. À leur
endroit, nous prononçons ces vers de Senghor remplis symboles : « Non,
vous n’êtes pas morts gratuits. Vous êtes les témoins de l’Afrique
immortelle /Vous êtes les témoins du monde nouveau qui sera demain »
(L.S. Senghor, Œuvre poétique, 1990, p.95). La jeunesse africaine est invincible.


Dr Babacar DIOP

Enseignant-chercheur au département de Philosophie de l’Université Cheikh Anta DIOP





Violences politiques : les twittos #224 dénoncent et condamnent les tueries

Résumé de l’actualité guinéenne sur Twitter


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Les leaders politiques #224 sur Twitter





Sékou Chérif Diallo

Revue de tweets réalisée par





Crise politique en Guinée : les titres de la presse internationale

Crise politique guinéenne : la presse internationale en parle


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LIBÉRATION

Conakry marche contre un «président qui casse les reins»


RFI

Réforme constitutionnelle en Guinée: nouvelle manifestation de l’opposition


QUARTZ AFRICA

Guinea’s president is prepared to risk it all for a third term as anti-government protests grow


AFRICAN QUARTERS

More death in Guinea as protests against Alpha Conde rages on


TV5 MONDE

Guinée: les voyants “au rouge” pour les droits humains, dit Amnesty


Guinée : la procureure de la CPI met en garde contre l’escalade de la violence


LE POINT

Guinée : cette porte ouverte sur la réforme constitutionnelle


DAKAR ACTU

Guinée / 70 manifestants tués, 109 personnes mortes en détention en Guinée : Amnesty alerte « sur le niveau rouge des droits humains »


AFRICANEWS

Guinée : cerné par la crise politique, Alpha Condé rebat ses cartes


THE GUARDIAN

President approves February vote in turbulent Guinea


LIBRE AFRIQUE

Guinée: 70 tués dans des manifestations contre le président Alpha Condé depuis 2015


PREMIUM TIMES

70 people killed in Guinea ahead of 2020 presidential polls – Report


DW

Situation des droits de l’homme très critique en Guinée


LSI AFRICA

Guinée : Fatou Bensouda met en garde contre l’escalade de la violence


REUTERS

Guinea president replaces security minister following deadly protests


Une revue de presse réalisée par Sékou Chérif Diallo





Guinée. Les voyants au rouge pour les droits humains à l’approche de l’élection présidentielle (Amnesty)

  • Au moins 70 manifestants et passants tués depuis janvier 2015
  • Des journalistes ciblés
  • 109 morts en détention

Les autorités guinéennes doivent remédier aux violations des droits
humains qui se multiplient, notamment les homicides de manifestants, les
interdictions de rassemblements pacifiques et la répression des voix
dissidentes, qui risquent de s’aggraver à l’approche de l’élection
présidentielle de 2020, écrit Amnesty International dans un nouveau
rapport publié le 13 novembre 2019.

Intitulé Guinée. Les voyants au rouge à l’approche de l’élection présidentielle de 2020, ce document expose la situation des droits humains qui s’est dégradée entre janvier 2015 et octobre 2019, et dénonce l’homicide de 70 manifestants et passants et d’au moins trois membres des forces de sécurité. Il met en garde contre la montée des tensions politiques, dans un contexte où les craintes sont vives que le président Alpha Condé ne modifie la Constitution pour briguer un troisième mandat.

Neuf manifestants ont été tués le mois dernier lors des manifestations contre une éventuelle révision de la Constitution. Les leaders des mouvements pro-démocratie et de nombreux manifestants ont été arrêtés. C’est un affront pour les droits humains et une tentative violente visant à museler la dissidence. Marie-Evelyne Petrus Barry, directrice pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale à Amnesty International.

« Neuf manifestants ont été tués le mois dernier lors des
manifestations contre une éventuelle révision de la Constitution. Les
leaders des mouvements pro-démocratie et de nombreux manifestants ont
été arrêtés. C’est un affront pour les droits humains et une tentative
violente visant à museler la dissidence », a déclaré Marie-Evelyne
Petrus Barry, directrice pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale
à Amnesty International.

« Les autorités guinéennes doivent faire tout ce qui est en leur
pouvoir pour apaiser les tensions, protéger les droits humains et sauver
des vies avant, pendant et après les prochaines élections. Nous
demandons au gouvernement du président Alpha Condé de mettre fin au
règne de la peur et de la répression en modifiant la législation
relative à l’usage de la force lors de rassemblements publics et en
retirant les forces armées militaires des zones de manifestation. »

Amnesty International publie son rapport avant l’Examen périodique
universel (EPU) de l’ONU sur la Guinée en janvier 2020. Ce rapport
évalue la situation des droits humains depuis l’EPU de janvier 2015.
Aujourd’hui, la Guinée a aboli la peine de mort, ce qui constitue une
avancée notable.

Cependant, dans bien d’autres domaines, les autorités n’ont pas été à la hauteur de leurs engagements.

Amnesty International a constaté que 70 manifestants et passants ont
été tués dans le cadre de manifestations entre janvier 2015 et
octobre 2019. Si l’organisation n’a pas pu confirmer les circonstances
de tous les décès, les témoignages du personnel médical et de témoins
ainsi que le type de munitions utilisées indiquent qu’au moins 59 des
victimes semblent avoir été tuées par la police et la gendarmerie. Parmi
les victimes, un enfant de sept ans qui, selon des sources médicales, a
été touché par une balle perdue en octobre 2015.

En outre, Amnesty International déplore l’homicide d’Amadou Boukariou
Baldé, un étudiant battu à mort par des gendarmes déployés pour
disperser une manifestation à l’Université de Labé, dans le centre de la
Guinée, le 31 mai 2019.

Ce rapport révèle aussi que des centaines de personnes, dont des
enfants de seulement quatre ans, ont été blessées par les forces de
sécurité qui ont fait usage de balles réelles, de matraques et de gaz
lacrymogènes.

L’une des victimes est Mamadou Hady Barry, 10 ans, touché dans le dos
par une balle alors qu’il rentrait chez lui depuis l’école coranique à
Conakry, le 13 novembre 2018. Grièvement blessé, il a été pendant
plusieurs mois incapable de marcher.

Ces dernières années, le gouvernement a interdit de manière
arbitraire de nombreuses manifestations. Les défenseurs des droits
humains et les journalistes sont convoqués, détenus ou arrêtés par la
police, uniquement parce qu’ils exercent leurs droits à la liberté
d’expression et de réunion pacifique.

Au moins 60 membres du Front national pour la défense de la
Constitution (FNDC), un groupe pro-démocratie ont été arrêtés depuis le
12 octobre 2019. Un tribunal a condamné cinq de leurs dirigeants à des
peines allant jusqu’à un an de prison pour avoir appelé à manifester
pacifiquement. Des dizaines de participants ont été condamnés à un an de
prison pour avoir assisté à un « rassemblement illégal ».

En outre, le rapport dévoile que les journalistes sont pris pour
cibles ou agressés par des membres des forces de sécurité, et que des
médias sont suspendus.

À titre d’exemple, Aboubacar Algassimou Diallo, présentateur radio à
Lynx FM, et Souleymane Diallo, administrateur général, ont été convoqués
par la police les 19 et 20 août derniers, après avoir diffusé
l’interview d’une femme qui accusait le ministre de la Défense de
détournement des fonds destinés aux Casques bleus guinéens.

Amnesty International a constaté une surpopulation carcérale
généralisée dans les établissements pénitentiaires guinéens. À la prison
centrale de Conakry, qui a la capacité d’accueillir 500 prisonniers,
1 468 personnes sont détenues. Au moins 109 personnes sont mortes en
détention pendant la période que couvre le rapport.

Ce document recense également des cas de torture et de mauvais
traitements, particulièrement en garde à vue – passages à tabac, viols,
recours à des positions douloureuses, brûlures et privation de sommeil
notamment.

L’impunité continue de régner en Guinée. Les familles de personnes
tuées lors des manifestations ont déposé des dizaines de plaintes,
parfois en fournissant des informations précises sur les unités des
forces de sécurité déployées, notamment des noms et des plaques
d’immatriculation.

Pourtant, un seul cas a donné lieu à des poursuites judiciaires. En
février 2019, un capitaine de police a été condamné pour l’homicide en
2016 d’un passant lors de manifestations, et ce pour la première fois
depuis qu’un membre des forces de sécurité avait été déféré à la justice
en 2010.

Les poursuites judiciaires concernant l’homicide de plus de
150 manifestants pacifiques et les viols et violences sexuelles infligés
à plus de 100 femmes dans le stade de Conakry en 2009, ne progressent
guère.

Afin de briser le cycle de la violence en Guinée à l’approche de
l’élection présidentielle de 2020, les autorités doivent faire savoir
avec force que les violations des droits humains ne seront pas tolérées.

Marie-Evelyne Petrus Barry.

« Afin de briser le cycle de la violence en Guinée à l’approche de l’élection présidentielle de 2020, les autorités doivent faire savoir avec force que les violations des droits humains ne seront pas tolérées », a déclaré Marie-Evelyne Petrus Barry.

« Enfin, elles doivent cesser de museler les voix dissidentes. »

amnesty