Récits du camp Boiro: du témoignage à l’écriture de l’Histoire [Florence PARAVY]


Choix et partage de lectures


Avec une histoire glorieuse mais aussi douloureuse, la Guinée doit affronter son passé avec la plus grande lucidité. Le site Guinée Politique fait du partage de ses lectures, une rubrique pédagogique pour offrir à ses lecteurs de la matière à débattre.


« De 1958 à 1984, Ahmed Sékou Touré, dont la dictature fut l’une des plus sanglantes d’Afrique, fait vivre la Guinée au rythme des vagues de répression, liées à de multiples complots le plus souvent imaginaires. La période de terreur la plus intense s’étend de 1970 à 1977, le régime remplissant alors sans relâche les différentes prisons du pays, dont peu de détenus ressortiront vivants. Or les témoignages sur ces camps de la mort, notamment celui de Boiro, sont nombreux et d’autant plus intéressants que le statut de leurs auteurs est très différent, non seulement par rapport au régime de Sékou Touré, mais aussi à l’égard des faits même qu’ils rapportent. La confrontation de ces textes permet de mieux saisir jusqu’à quel point leur concordance peut ici faire office de preuve et leur donner le statut de documents « au premier degré », c’est-à-dire fournissant des données dont l’exactitude ne peut guère être mise en doute.

Cependant, certains auteurs n’échappent pas à la tentation du romanesque, à une forme de fictionnalisation qui tient à distance la lecture de type strictement historique. Enfin, la personnalité des auteurs et leurs partis pris idéologiques engendrent des différences sensibles quant à leur interprétation de l’histoire guinéenne. C’est à ce titre que les ouvrages sont alors des documents « au second degré », reflétant les traces diverses, voire divergentes, que cette histoire a laissées dans la mémoire collective. »

Florence PARAVY présente dans ce texte les incidences politiques de l’écriture, le témoignage, la tentation du romanesque, et l’écriture de l’Histoire.


« La diversité des analyses politiques et des regards portés sur la personnalité de Sékou Touré reflète toute la complexité d’une conscience collective où s’entremêlent adulation et haine, aveuglement et lucidité, aveu et déni de culpabilité, complexité qui perdure encore aujourd’hui [ ] »

Paravy, F. (2008). Récits du camp Boiro : du témoignage à l’écriture de
l’Histoire. Études littéraires africaines, (26), 34–41.


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