Insoumis et Amoulanfé, Mélenchon soutient la lutte du peuple de Guinée


@JLMelenchon (12 févr. 2020)

La Guinée en ébullition populaire [Par Jean-Luc Mélenchon]

La Guinée est en ébullition. Depuis cet automne, une intense mobilisation populaire demande le départ du président en place et un changement de régime. La situation de ce pays de 12 millions d’habitants montre une fois de plus la place centrale des peuples du continent africain dans les vagues de révolutions citoyennes dans le monde. Comme au Burkina Faso en 2014 ou au Soudan en 2018-2019, les Guinéens sont entrés en insurrection directement sur une revendication démocratique.

Le président de la Guinée, Alpha Condé, proche des réseaux PS, veut faire adopter une nouvelle Constitution pour se faire réélire au-delà de la limite aujourd’hui fixée à deux mandats. Le refus des Guinéens de cette modification constitutionnelle vient du fait qu’il comprennent parfaitement ce que cela veut dire : Alpha Condé a décidé qu’il ne perdrait jamais une élection. Et d’abord qu’il ne perdrait pas le référendum constitutionnel, qui doit se tenir le 1er mars.

Le peuple guinéen s’oppose donc à ce qu’on lui retire sa
souveraineté. Il le fait d’une manière tout à fait massive et
exemplaire. Les manifestations de l’automne ont réuni dans la capitale
de cet État de 12 millions d’habitants, Conakry, entre 500 000 et un
million de personnes. Sans compter les mobilisation dans les autres
villes du pays, à Labé, Kindia ou Nzérékoré. Une alliance de type
inédite s’est constituée pour porter les revendications du peuple en
écartant le soupçon de récupération politique. Le Front National de la
Défense de la Constitution (FNDC) réunit en son sein des collectifs
citoyens, des partis d’opposition et des syndicats. C’est une forme
assez proche de la plateforme Unidad Social qui porte le processus
constituant déclenché par la révolution au Chili. Ce que j’ai nommé et
appelé de mes voeux ici sous le nom de « fédération populaire ».

Évidemment, les revendications sociales rejoignent ici comme ailleurs
dans ce cas les revendications démocratiques. Les besoins sociaux les
plus essentiels ne sont pas pris en charge par l’organisation économique
de la Guinée, dominée par le néolibéralisme global. En témoigne
l’indice de développement humain pour lequel le pays se classe au 174ème
rang sur 189 pays, évalué par l’ONU pour cet indicateur. La Guinée
possède évidemment des potentiels de création de richesses importants.
Mais ils tous sont exploités et capturés par des grandes entreprises
étrangères avec la complicité de l’oligarchie locale. Ainsi, la plus
grande mine de fer d’Afrique, qui est en Guinée, est la propriété d’un
fond singapourien. Et le port de Conakry est celle d’une filiale du
groupe français Bolloré. Cette attribution est entachée de fort soupçon
de corruption qui marche ici comme bien souvent avec la privatisation
des biens communs.

Récemment, le pays avait observé une trêve dans les manifestations. Mais cette trêve va s’achever la semaine prochaine. La décision d’Alpha Condé de coupler le référendum du 1er mars avec des élections législatives que tout le monde devine truquées a été vécue comme la provocation de trop. Des manifestations monstres sont convoquées à partir du mercredi 12 février. Le peuple guinéen peut espérer la victoire. Je lui la souhaite. Mais surtout, j’espère que le cout humain ne sera pas trop lourd à payer. Le pouvoir en place risque de provoquer un bain de sang avant de partir. J’adjure donc la diplomatie de mon pays de ne pas agir dans le sens d’un maintien en place de ce régime illégitime aux yeux de son peuple, comme il l’a déjà fait sur ce continent. La meilleure chose que mon pays peut faire pour aider les guinéens est de les laisser libre de leur destin.


melenchon.fr