Inhumation des huit opposants tués lors des contestations contre le 3e mandat


Résumé de l’actualité guinéenne sur Twitter


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Revue de tweets réalisée par Sékou Chérif Diallo





L’opposition guinéenne demande l’arrêt des opérations d’enrôlement en cours [Déclaration]


Déclaration

Les images d’enrôlement de mineurs de moins de 10 ans dans les CAERLE, relevées dans les fiefs proches du RPG, sont de notoriété publique. Elles ont largement été diffusées sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Ces images sont choquantes et traduisent l’intention manifeste du pouvoir de remplir le fichier de mineurs dans le seul dessein d’assurer le troisième mandat soit par le referendum soit par les législatives. Le communiqué du Président de la CENI en date du 1er décembre 2019 a d’autant moins rassuré que nous avons assisté à l’intensification de ces pratiques frauduleuses depuis lors. Ce sont ces mêmes pratiques frauduleuses qui avaient permis au Président Alpha Condé de se faire réélire en 2015. L’enrôlement des mineurs que nous constatons dans la révision en cours est sans précédent de par son ampleur et son caractère discriminatoire. Ces pratiques sont de nature à affaiblir considérablement les fondements de l’Etat et constituent, avec la violence d’Etat, les principales armes du régime actuel pour se pérenniser.

Ainsi, comme pour les précédentes élections, le
pouvoir d’Alpha Condé prépare une mascarade électorale à l’aide d’un processus
émaillé de nombreuses irrégularités dont entre autres :

  • L’enrôlement réduit à 25 jours alors que le code électoral prévoit 3 mois. 25 jours pour enrôler ceux qui ont atteint l’âge légal de voter depuis 2015 (dernière date de la révision de la liste électorale) ; radier tous les électeurs décédés et ceux qui sont indûment enregistrés ; et procéder, à titre exceptionnel pour cette révision, au ré-enrôlement des 6 042 643 électeurs qui sont déjà dans la base de données, conformément à la recommandation principale du rapport d’audit du fichier électoral.
  • L’envoi dans les fiefs réputés proches du pouvoir des commissaires représentant le RPG à la CENI avec l’appui de l’Administration inféodée a permis le recensement sans retenue des mineurs dont les images scandaleuses inondent les réseaux sociaux.
  • La visite opportuniste d’Alpha Condé en Haute Guinée dès l’ouverture de la période d’enrôlement. Ses discours aux accents de campagne ont été entendus par les cadres de son parti et leurs affidés de l’Administration comme un appel pour exécuter les basses pratiques habituelles sur le processus électoral en leur donnant encore plus d’ampleur.
  • Les nombreuses difficultés enregistrées dans les opérations de révision sur le terrain. Plus particulièrement dans les fiefs considérés proches de l’opposition : arrivée tardive et pannes fréquentes des kits, retards importants dans le démarrage des opérations dans plusieurs CAERLE, insuffisance et parfois manque de matériel et de consommables (rupture organisée des récépissés) avec les risques sur l’enrôlement liés à la non délivrance des récépissés qui sont la preuve d’une inscription sur la liste électorale. De tels actes discréditent la CENI et augurent de façon certaine des conflits électoraux ou post électoraux aux conséquences imprévisibles.

C’est pourquoi, dans le souci de préserver la
paix sociale, nous demandons l’arrêt du processus en cours afin de prendre de
manière concertée les mesures correctives nécessaires pour rendre plus crédibles
les prochaines élections.

L’opposition réitère sa ferme volonté à œuvrer
pour la consolidation de la démocratie et réaffirme sa détermination à exiger
que les conditions de transparence soient réunies pour la tenue des prochaines
élections. Elle rappelle également la nécessité de mettre en œuvre les
recommandations contenues dans le rapport d’audit du fichier électoral. Les
partis politiques de l’opposition invitent l’ensemble des guinéens à rester
mobilisés pour faire échec à la volonté de confiscation des suffrages des
citoyens.

Conakry, le 05/12/2012





SCAN : « si l’opposition va aux législatives en février, ça sera seulement pour accompagner Alpha Condé » Aliou Barry


Aliou Barry, chercheur en
géopolitique et consultant sur les questions de paix, de sécurité et de défense
(Décembre 2019, Lynx fm)

« On n’a pas achevé le processus des élections
communales. Curieusement, tout le monde parle de législatives, alors qu’on n’a
pas installé les chefs de quartier qui sont les croix essentielles pour un
hold-up électoral. [   ] Partout où il y
a un fort électoral de l’opposition, il n’y a pas de récépissé, les machines
sont en panne. Donc, si l’opposition va aux législatives en février, ça sera
seulement pour accompagner Alpha Condé »

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Bah Oury, président de l’UDD (Décembre 2019)

« Nous
souhaitons que le Président Alpha Condé soit également à l’écoute de son
peuple. Et son peuple lui demande de renoncer à ce changement constitutionnel
qui ne pourra rien apporter de bon au pays, ni à lui même, ni au RPG (…) »

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Sidya Touré, président de l’UFR (Novembre 2019)

« Les anciens du RPG qui se sont battus pendant 20 ans
sont dans la misère. Même une vielle maison ils n’en ont pas. Ce sont ces
opportunistes qui font la campagne d’une présidence à vie ou de changement de
constitution qui sont en train de s’enrichir »

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Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG (Novembre 2019)

« Cette révision se fait dans des conditions chaotiques
parce qu’il n’y a aucune organisation. Il y a un sabotage par l’institution
chargée d’organiser les élections, la CENI et le gouvernement de la République
qui devait veiller à ce que tous les guinéens puissent s’enrôler et voter.
Mais, malheureusement, nous constatons qu’il y a une sainte pagaille partout
dans le pays. On empêche les gens de s’enrôler dans les fiefs de l’opposition
en disant qu’il n’y a pas de consommables, il n’y a pas de récépissés, la
machine est en panne, l’agent est malade »

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Aliou Bah, président du Model (Novembre 2019)

Sur la révision du fichier électoral : « un échec, une
catastrophe parce que la loi a été d’abord violée. Au lieu de trois mois prévus
par la loi en termes de révision ordinaire, la CENI a imposé un calendrier de
révision extraordinaire de 25 jours »

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Alpha Condé, président guinéen (Novembre 2019)

« L’avenir de la Guinée se décide en Guinée et ça sera
fait par le peuple de Guinée ; comme nous l’avons fait en 1958. N’ayons
peur de rien sauf Dieu, car unis, nous sommes capables d’aller loin »

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Un scan réalisé par Sékou Chérif Diallo





Guinée : ma CENI et mon fichier, le « trousseau de l’autocrate »


Les signes sont inquiétants, les incertitudes se multiplient, les positions se radicalisent, les enjeux sont importants, les élections à venir en Guinée présentent tous les éléments d’alerte d’une crise majeure.


En affirmant lors d’un meeting de soutien à N’Zérékoré le 16 novembre 2019 qu’il y a désormais « deux Guinée », Alpha Condé ôte le manteau de président censé rassembler tous les guinéens (qu’il n’a d’ailleurs jamais véritablement porté) pour celui d’un autocrate prêt à tout pour se maintenir au pouvoir aux termes de ses deux mandats consécutifs. La réalisation de ce projet plongera le pays dans une profonde instabilité politique, sociale et économique. Tous les scénarios sont ouverts. Revivre les périodes sombres de coup d’état serait tout simplement catastrophique pour ce pays. En affaiblissant les institutions et les instruments légaux de transfert du pouvoir, Alpha Condé fait le travail préalable que tout potentiel putschiste aspire : avoir des raisons valables de passer à l’acte et compter sur la légitimation de la subversion par le peuple.

En Mauritanie, lorsque le général Aziz prend le pouvoir en août 2008,
il affirme vouloir « sauvegarder les acquis démocratiques » en accusant
le président déchu d’avoir violé « les dispositions de la
Constitution », de n’avoir rien fait contre la hausse vertigineuse des
prix des denrées alimentaires, d’avoir « créé un climat propice à la
généralisation de la mauvaise gestion, du détournement des deniers
publics et de la corruption ». La légitimité des coups d’Etat se construit également sur l’idée d’un risque de troubles ethno-tribaux,
en renvoyant l’instabilité potentielle du pays non seulement à une
mauvaise gestion politique et économique, mais aussi à une nature
intrinsèquement anarchiste de la société. L’appropriation de tels
arguments dans le contexte guinéen est aujourd’hui facilitée par les
agissements du pouvoir de Conakry.

Certes, un chef d’Etat peut toujours compter sur des loyalistes au
sein de la grande muette pour protéger son pouvoir mais parfois les
évènements s’accélèrent de façon inattendue. Au Soudan, tout à commencer
par une décision du gouvernement de confier les importations
céréalières au secteur privé, qui a occasionné l’augmentation du prix du pain. Pour des raisons bien calculées, les officiers militaires soudanais ont préféré sacrifier le puissant Omar El Béchir.

La Guinée doit réussir sa première transition pacifique du pouvoir.
Il revient à la majorité rassemblée autour de l’esprit du FNDC de
combattre tous les projets (le plus souvent pilotés par de groupes
d’individus aux intérêts convergents) qui mettraient en péril la paix et
la stabilité du pays. Après avoir été une terre d’accueil pour des milliers de sierra léonais,
libériens et ivoiriens, la Guinée ne peut se permettre de sombrer dans
le chaos parce que tout simplement un petit groupe a décidé de modifier
les règles du jeu démocratique qui garantissent la paix, la stabilité et
le vivre ensemble.

Manipulation du fichier électoral

Depuis le 21 novembre 2019, les opérations d’enrôlement et de révision du fichier électoral se déroulent sur toute l’étendue du territoire national en prélude aux élections législatives du 16 février 2020.

La problématique du fichier électoral a toujours été au centre des
crises de confiance entre les acteurs politiques guinéens. L’opposition
politique n’a cessé de dénoncer les « anomalies » sur le fichier
électoral. Selon Sidya Touré,
président de l’Union des forces républicaines (UFR), le fichier
électoral « comporte plus d’un million et demi d’électeurs fictifs
répartis dans les régions de Kankan, Faranah, Nzérékoré et même Labé ».
C’est aussi l’avis de Aliou Condé,
le secrétaire général de l’Union des forces démocratiques de Guinée
(UFDG) « Le fichier électoral comporte 77 % d’anomalies, trois millions
de personnes, soit la moitié de l’électorat, n’ont pas de données
biométriques ». Si le président de la CENI dément l’existence de fictifs,
en reprenant une des conclusions du rapport d’audit à savoir des
électeurs inscrits mais dont les données biométriques sont manquantes,
les signalements des cas d’enrôlement de mineurs dans les zones acquises
au parti au pouvoir sont nombreux et des preuves vidéos circulent sur les réseaux sociaux depuis le début des opérations.

Déjà en 2015, les révélations de la députée de l’opposition Fatoumata Binta Diallo assurant avoir observé dans la région de Faranah l’enrôlement de mineurs
avaient suscitées de vives réactions des responsables du parti au
pouvoir qualifiant ces accusations d’infondées. Face à l’ampleur des
accusations de l’opposition sur cette question d’enrôlement de mineurs,
le comité technique de suivi du fichier électoral était sorti de sa
léthargie en publiant un rapport
le 12 septembre 2015 avec une recommandation spécifique sur la
question de l’âge : « Renforcer le contrôle de l’âge lors de la
distribution des cartes et prendre les dispositions pour que les
directives de la CENI en la matière s’imposent à tous ».

Le dialogue politique inter-guinéen (Accords du 12 octobre 2016)
avait mis un accent particulier sur le recrutement d’un « cabinet pour
réaliser un audit complet du fichier électoral ». Deux ans après,
débutaient les travaux d’audit du fichier électoral pilotés par des experts de l’Union européenne, de l’OIF et du PNUD. Le 10 octobre 2018,
les membres du comité technique d’audit du fichier électoral ont remis
le rapport d’audit du fichier électoral au ministre de l’Administration
du Territoire et de la Décentralisation. Interrogé sur le contenu du
rapport, le président dudit comité Mamady III Kaba affirmait ceci : « Il
y a effectivement un nombre très élevé, un million cinq cent trente
mille et quelques (1 530 000) électeurs, qui n’ont pas leurs données
biométriques au complet
 ». Sans parler de l’existence d’électeurs
fictifs comme le dénonce l’opposition, Kaba avance une toute autre
explication : « L’équipe d’experts, composée de sept (7) personnes, a
trouvé des raisons pouvant justifier cet état de fait. Et l’une de ces
raisons majeures, il y a eu plusieurs opérateurs qui ont travaillé sur
le fichier électoral guinéen au fil du temps. Les opérateurs
n’utilisaient pas le même système et du coup, le transfert d’un
opérateur à un autre, a altéré certaines données biométriques notamment,
les empreintes. » Pour l’opposition politique, les anomalies sont nombreuses :
« plus de 1 564 388 électeurs inscrits dans le fichier sont sans
empreintes digitales, plus de 3 051 773 d’électeurs non dédoublonnés,
plus de 3.000.000 d’électeurs sont nés entre un 1er janvier et un 1er
juillet, et donc un peu plus de la moitié des électeurs ne peuvent pas
produire un acte d’état civil avec une date de naissance exacte ». Pour
corriger ces anomalies, elle recommande :
« Au vu des doublons persistants du nombre de citoyens sans données
biométriques et de décédés qui pourraient encore figurer dans la base
des données, un contrôle physique de l’ensemble des électeurs s’impose.
Chaque citoyen revient confirmer ou compléter ses données
alphanumériques et biométriques pour qu’il soit maintenu dans la base. »

Malgré toutes les recommandations formulées dans le rapport d’audit
et les dénonciations sur le manque de transparence dans l’établissement
du fichier électoral, l’enrôlement de mineurs reste une pratique
frauduleuse redoutable que le pouvoir en place compte rééditer pour
remporter les élections futures. Pour vanter les efforts de la CENI, un
expert de l’OIF n’avait pas hésité à affirmer lors d’une conférence de
presse tenue à Conakry le 21 octobre 2019 que : « la CENI a fourni
l’effort d’acquérir un autre programme d’appui, c’est le programme ABIS
qui est un programme hautement performant pour la détection des
enrôlements multiples ». Selon cet expert «  l’ABIS permettra aussi à faire d’autres recherches telles que la reconnaissance de l’âge potentiel de l’électeur ». Aujourd’hui, les images montrant l’enrôlement de mineurs
dans la région de la haute Guinée font penser à des actions coordonnées
et encouragées par les autorités locales avec la bénédiction des
commanditaires basés à Conakry.

Face à l’ampleur des dénonciations de ces pratiques sur les réseaux sociaux, le président de la CENI s’est fendu d’un communiqué
ce dimanche 2 décembre 2019 pour annoncer les dispositions prises par
son institution : « le Président de la CENI constate sur les réseaux
sociaux des images faisant allusion à des cas d’enrôlement de mineurs.
La CENI mène des enquêtes et prend déjà des dispositions informatiques
pour déceler et radier tout enregistrement de mineurs. Sur la question
il demande : – Aux présidents de CEPI de faire le tour des CAERLE et de
prendre des dispositions disciplinaires contre tout membre de CAERLE
impliqué dans un cas d’enregistrement illégal. – A ETI-Bull de mener des
enquêtes et de relever de sa fonction tout opérateur de saisie qui
aurait enrôlé un mineur. – Et, le logiciel dont dispose la CENI permet
de faire un audit et de savoir exactement quel operateur et à quel
moment il ou elle a enrôlé un électeur. » En attendant, la fabrique d’un
électorat composé de mineurs se poursuit dans les fiefs du parti au
pouvoir.

L’enrôlement des mineurs, une tradition politique africaine

Si certains observateurs n’hésitent pas à réduire les consultations
électorales à de « simples formalités administratives » qui seraient
dominées par des acteurs politiques se livrant à un « banditisme
électoral plutôt qu’à une compétition loyale », pour reprendre la
formule de Kassoum Tapo l’ancien président de la Commission électorale
nationale indépendante du Mali, il faut toutefois noter que les graves
dysfonctionnements observés dans le déroulement des opérations
d’enrôlement des électeurs en Afrique de façon générale résultent d’une
volonté manifeste des pouvoirs en place de violer les règles du jeu
démocratique. Quantin dans son article intitulé « les élections en Afrique: entre rejet et institutionnalisation » explique
ces dysfonctionnements comme : « des stratégies jouées par les groupes
au pouvoir menacés dans leur hégémonie par une installation durable de
la règle de la majorité».

Pour Mokamanede cité par le chercheur Koné, auteur d’un article intitulé : TIC et processus de démocratisation en Afrique
: pour un système de gestion transparente des élections par
l’expérience du « Parallel Vote Tabulation » (PVT), le processus
électoral en Afrique souffre de deux contraintes : les contraintes
institutionnelles et socio-culturelles. Il note que les structures des
régimes à parti unique n’ont pas changé et les pays africains ne
disposent pas de données démographiques fiables.

L’enrôlement des mineurs est une recette politique très prisée dans
les palais africains où les présidents autocrates cherchent par tous les
moyens à contourner les exigences de transparence et de sincérité des
opérations électorales. Lors des élections générales au Burundi de 2015,
l’opposition ne cessait de dénoncer des distributions massives de
cartes nationales d’identité à des mineurs et aux seuls militants du
parti au pouvoir le CNDD-FDD. Les mêmes pratiques ont été observées en
RDC lors des élections présidentielle et législatives de novembre 2011, dans la province du Katanga (sud-est du pays), où des cartes d’électeur étaient distribués à des enfants d’une dizaine d’années. Dans la déclaration préliminaire de la Mission d’observation de l’Union africaine
aux élections législatives du 20 Décembre 2018 au Togo, les
observateurs n’ont pas manqué de rappeler que l’audit des listes
électorales avait pour but « d’éliminer certaines irrégularités
constatées notamment l’enrôlement des mineurs et les inscriptions
multiples ». Toujours au Togo, la mission d’observation électorale de l’Union européenne
pour l’élection présidentielle de 2010 soulignait déjà des cas
d’enrôlements de mineurs : « La MOE UE a relevé dans tous les CRV
(Centre de révision et de vote ) des régions de la Kara et des Savanes
(nord du pays) observés le jour de la révision supplétive des cas
d’enregistrement d’individus dont l’apparence portait à croire qu’ils
étaient mineurs.» Au Tchad lors de l’élection présidentielle de 2016,
les opposants accusaient l’administration chargée du fichier électoral
d’enrôler des mineurs, des électeurs fictifs et des réfugiés.

Il faut noter que les expériences ont démontré que les processus
électoraux peuvent stimuler ou catalyser des conflits sociaux majeurs.
Dans une publication du bureau des nations unis en Afrique de l’Ouest et
le Sahel intitulée « Comprendre la violence électorale pour mieux la prévenir ».
Nous pouvons lire ceci : « La violence électorale est déclenchée
pendant la période électorale quand des parties en position de force ou
de faiblesse constatent que l’autre partie établit de manière
unilatérale les règles du jeu électoral qui la favorisent. Les sujets
sur lesquels ce déclenchement est plus rapide restent : la mise en place
du fichier électoral, la mise en place de l’administration électorale
et les résultats électoraux. »


Sékou Chérif Diallo
Fondateur/Administrateur
www.guineepolitique.com




À quand la fin du désordre politico-judiciaire ?


Condamnés le 22 octobre 2019 à des peines allant de six mois à un an de prison ferme, les principaux initiateurs des manifestations qui agitent le pays depuis plusieurs semaines ont été remis en liberté provisoire ce jeudi 28 novembre 2019.


Jugés pour « manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique et à occasionner des troubles à l’ordre public », les responsables du FNDC avaient appelé à manifester contre le projet de nouvelle constitution qui n’est rien d’autre qu’un moyen déguisé pour permettre à Alpha Condé de s’octroyer illégalement un troisième mandat.

Depuis cette condamnation, les réactions se sont multipliées pour dénoncer cette volonté des autorités guinéennes d’écraser toute forme d’opposition à ce projet décrié par la majorité des guinéens. Pour le chercheur à Amnesty International, François Patuel « Nul ne peut être détenu pour avoir organisé ou appelé à une manifestation pacifique. Les leaders du FNDC doivent être libérés immédiatement et sans condition ». L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme dans un communiqué publié le 24 octobre 2019 condamnait cette décision de la justice guinéenne et demandait aux autorités la libération immédiate et inconditionnelle des membres du FNDC arrêtés le 12 octobre 2019 et condamnés à des peines d’emprisonnement.

Le procès
en appel de ce jeudi portait sur une demande de renvoi et de remise en liberté.
A l’issue de l’audience, les deux demandes ont été acceptées par le ministère
public en ordonnant la mise en liberté des prévenus et le renvoi du dossier au
5 décembre 2019.

Sous forte pression permanente sur le plan national avec les manifestations de rue et à l’international, les autorités guinéennes n’avaient d’autres choix que de reculer. Il faut rappeler que les manifestations de rue pour s’opposer au projet de 3e mandat pour Alpha Condé ont fait plus de 20 morts. Ce désordre politico-judiciaire avec son trophée macabre témoigne de l’état de déliquescence des institutions de la République où les répressions et condamnations sont récurrentes avec ses corollaires de violations de droits humains.


Sékou Chérif Diallo
Fondateur/Administrateur
www.guineepolitique.com




Nouvelle mobilisation massive contre Alpha Condé


Les
Guinéens ont à nouveau manifesté en masse mardi à Conakry contre un
éventuel troisième mandat du président Alpha Condé, a constaté un
correspondant de l’AFP.


Fode Oussou Fofana, un responsable de l’opposition au président, a
chiffré le nombre de manifestants à un million tandis que la presse a
avancé le chiffre de 800.000.

De tels chiffres se sont révélés invérifiables depuis le début du mouvement.

Mais cette marche impressionnante aux couleurs rouges de
l’opposition est le dernier acte en date de la contestation lancée le 14
octobre par le Front national de défense de la Constitution, un
collectif de partis d’opposition, de syndicats et de membres de la
société civile.

“Non à la présidence à vie”, “Alpha Condé dictateur”, ont scandé les manifestants, ainsi que “Mort aux assassins”, référence à la mort de plusieurs civils tués lors de précédentes journées de manifestation.

Aucun incident significatif n’a été rapporté au cours de celle-ci.
Les forces de l’ordre, à nouveau déployées en nombre, sont restées
discrètes.

Depuis un mois et demi, le FNDC est
parvenu à mobiliser à plusieurs reprises des foules de manifestants qui
ont envahi les rues des quartiers périphériques de Conakry, fiefs de
l’opposition.

Les protestations ont à différentes reprises été brutalement
réprimées. Au moins 20 civils ont été tués depuis le 14 octobre, ainsi
qu’un gendarme.

La Guinée, coutumière des protestations et des répressions brutales, est en proie à l’agitation depuis que le FNDC
a appelé à faire barrage au projet prêté à M. Condé, élu en 2010 et
réélu en 2015, de briguer sa propre succession en 2020 et de réviser
dans ce but la Constitution, qui limite à deux le nombre de mandats
présidentiels.

Les forces de sécurité ont fait l’objet en novembre d’un rapport
accusateur d’Amnesty International. Il dénonce l’usage excessif de la
force, les interdictions de manifestations pacifiques, les arrestations
“massives” et “arbitraires”, les cas de torture et l’impunité des
gendarmes et policiers.

Le gouvernement s’est défendu contre un rapport ignorant selon lui ses efforts.

A 81 ans, M. Condé, ancien opposant historique qui fut le premier
président démocratiquement élu après des décennies de régimes
autoritaires et militaires, entretient le flou sur ses intentions, mais a
lancé en septembre des consultations sur la Constitution.


Africanews/AFP




Lettre ouverte : Ne nous laissez pas seuls [Par L. Petty Diallo]


Lettre Ouverte à la Communauté internationale

-Communauté
Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, (CEDEAO)

-Organisation
des Nations-Unies, (ONU)

-Union
Africaine, (UA)

-Organisations
de la Mano River Union et de la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal, (OMVS)

A Messieurs les
présidents :

-En exercice de
l’Union Africaine, Abdel Fattah al-Sissi

-De
la République Française, Emmanuel Macron

-Des Etats-Unis
d’Amérique, Donald Trump


Messieurs les Chefs d’État et Représentants des Organisations Internationales

Cette lettre n’a nullement la prétention de
dire ce qui serait méconnu ou ignoré. Elle se vent en revanche d’être un appel
à la conscience des nations, à leurs dirigeants ou représentants. Elle est un rappel
du passé de la Guinée faite de tumultes souvent dramatiques, parfois tragiques.
  

Une fois de plus, la Guinée renoue avec son
passé fait de violences politiques dans toute leur dimension et, comme à
l’accoutumé, dans l’indifférence totale. Une fois de plus, les Guinéens sont
submergés par les flots menaçants de lendemains incertains mais sûrement
obscurs.

Vos représentants, ambassades, corps consulaires et autres institutions ont sûrement dû, mesdames, messieurs les chefs d’États et représentants des institutions susmentionnées, vous remonter les informations de l’actualité politique guinéenne marquée par des : manifestations, répressions, arrestations, séquestration de leaders politiques, violations de domiciles privées, meurtres, etc.

Au-delà des informations officielles que vous
devriez avoir reçues, les médias guinéens et internationaux relayent la réalité
du terrain.

 Messieurs les chefs d’États et représentants des institutions internationales

Depuis lundi 14 octobre 2019, une vague de
violences déferle sur la Guinée à cause de la volonté manifeste ou supposée du
président Alpha Condé d’imposer une nouvelle constitution en violation
flagrante de celle en vigueur. Une constitution qui ne souffre d’aucune
illégitimité car l’expression librement consentie du peuple de Guinée sur
laquelle le président Condé a prêté serment à son élection de 2010 et à sa
réélection de 2015.

Les violences engendrées ces derniers jours, lors de manifestations pacifiques de la société civile et des partis politiques de l’opposition réunis au sein du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), dépassent les bornes. Elles sont en voie de précipiter la Guinée dans le gouffre et aucune limite ne semble se dessiner pour empêcher cette éventualité.

Les conséquences pourraient être
dévastatrices car les prévisions actuelles ne sont pas les plus optimistes. Les
dates des prochaines manifestations sont déjà annoncées et le peuple pourrait
bien répondre massivement alors que la répression coutumière des forces de
l’ordre ne fait l’ombre d’aucun doute.

Messieurs les chefs d’États et représentants des institutions internationales

Le temps des hypothèses est dépassé en Guinée. Nul ne peut nier que le pays peut basculer d’un moment à un autre face à un pouvoir répressif qui met en avant l’arrogance à la place du dialogue, une société civile déterminée et légitimée par l’appui populaire.  

Les partis politiques de l’opposition longtemps méprisés et forcés au repli par l’interdiction de toutes manifestations depuis un an, reprennent du poil de la bête. Leur appel au dialogue longtemps ignoré ne leur donne plus aucun crédit de s’asseoir à nouveau sur la table de négociation avec le pouvoir. Le parti politique qui s’y hasarderait risque de perdre tout soutien de la base tant son acte apparaitrait comme une trahison. Face à cette situation, plus le chrono tourne, plus les lendemains s’assombrissent et les positions se durcissent.

D’autre part, les digues ethniques par
lesquelles le pouvoir semblait tenir les Guinéens sont en train de sauter et
plus aucun obstacle ne semble empêcher les populations de manifester leur
opposition à un troisième mandat générateur des conflits actuels. Seulement,
acculé, apparemment dépassé par la réalité, le pouvoir ne veut rien cédé,
encore moins la société civile et les partis d’opposition unis dans un élan de
refus et de revendication.

Les effets sont visibles et malheureusement
guère étonnants : armer les forces de sécurité pour réprimer des
manifestants désarmés est la seule solution que semble trouver le système en
place. En face, retranchés et acculés, ces derniers répondent en se servant de
tout ce qui leur tombe entre les mains.

En outre, les répressions ne se limitent pas
aux lieux de manifestations : les paisibles citoyens sont violentés dans
leur domicile, victimes de brimades, de jets de bombes lacrymogènes et de tirs
à balles réelles. Les meurtres, si ce n’est les assassinats, se multiplient de
jour en jour. On en dénombre neuf (9) morts et d’innombrables blessés. Et la
violence semble monter crescendo à chaque manifestation, veille ou lendemain de
celle-ci. Dès lors, plus aucun citoyen ne se sent en sécurité ni chez lui, ni
travail, au marché ou ailleurs.

Messieurs les chefs d’États et représentants des institutions internationales

Nul n’a besoin de dire que la situation actuelle de la Guinée fait planer le spectre de la guerre civile et, dans une moindre mesure, du retour à un pouvoir qui ne serait pas issu de la volonté populaire.

Aujourd’hui, plus qu’hier, tout guinéen se
pose la question de savoir si sa vie vaut moins que celle d’un autre être
humain. Il se demande s’il compte encore parmi le petit chainon qui constitue
la longue chaine de l’humanité. Il se questionne sur le devenir de son pays et
de l’importance de celui-ci face au destin des autres nations.

Les Guinéens se sentent abandonnés et livrés à un pouvoir qui ne montre aucun état d’âme quant à sa capacité répressive. Un pouvoir impuissant de dialoguer et qui se radicalise au seul motif d’ambition personnelle d’un homme élu par son peuple pour le protéger et non pour le punir, le réprimer ou le faire tuer.

Ce bref rappel de la situation guinéenne et
du sentiment que semble éprouver chaque Guinéen pose un certain nombre de questions.
Cette lettre ouverte qui en est l’objet les décline en quelques points.

 La communauté
internationale :

– Serait-elle si indifférente au sort du
peuple de Guinée pour qu’elle soit aussi inaudible depuis tant de jours de
violences en cours en Guinée ?

-Se serait-elle lassée des efforts antérieurs
qu’elle a fournis, même à minima, face à la situation guinéenne qui
perdure ? 

 -Méconnaitrait-elle
les risques de reproduction sur la Guinée du passé récent de pays limitrophes :
Sierra-Leone, Liberia, Côte-d’Ivoire et, dans une moindre mesure, la
Guinée-Bissau ?

-Serait-elle incapable de paroles franches et
fermes face à un chef d’Etat qui, non seulement viole la charte des
organisations régionale et/ou continentale en matière de durée de mandat et qui
laisse (ou fait) tuer ses concitoyens ?

-Des intérêts partisans sacrifieraient-elles
la vie et la sécurité des populations guinéennes ? Autrement dit, les
richesses minières, halieutiques, forestières et autres du pays valent-elles
mieux que la vie d’un Guinéen ? 

-Ignorerait-elle l’effet domino du
non-respect de la durée du mandat présidentiel (un quinquennat renouvelable une
seule fois) sur la sous-région ouest-africaine ?

-Enfin, serait-elle indifférente aux risques
qu’en court la Guinée face à la menace qui pèse sur la sécurité et la vie des
leaders politiques et du FNDC ?

J’appelle par ces mots à mettre fin aux maux
du peuple de Guinée rongé depuis des décennies par de multiples souffrances.

Il est dur de se sentir seul. Les Guinéens ont de plus en plus le sentiment d’être seuls. Alors, je dis, ne nous laissez pas seuls. Ne nous abandonnez pas au bord du gouffre. La vie de tout peuple, le devenir de toute nation vaut la peine d’être défendue.

Je terminerais en paraphrasant Sir Wilson Churchill : « Donnez aux Guinéens les instruments de la démocratie véritable, ils termineront la tâche ». Je vous remercie.

M. Lamarana Petty Diallo, Guinéen- Professeur Hors-Classe, lettres-histoire, Orléans- France




Élection présidentielle en Guinée-Bissau : quels enjeux?


La Guinée-Bissau élit son président ce dimanche 24 novembre. Sur les douze candidats, deux favoris : le président sortant José Mario Vaz, et Domingos Simoes Pereira, ex-Premier ministre et chef de la formation dominante au Parlement, le PAIGC.


Près de 700 000 Bissau-Guinéens sont appelés aux urnes ce dimanche 24
novembre entre 7 heures et 17 heures (GMT et heure locale). Les
premières tendances sont attendues en début de semaine. Quant au second
tour, sa date est fixée au 29 décembre.

  • Douze candidats

Les électeurs doivent départager douze candidats – tous des hommes. Les
favoris sont des acteurs des crises politiques qui ont ébranlé
l’ancienne colonie portugaise ces dernières années :

– le président sortant, José Mario Vaz. Exclu du Parti africain pour
l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), il concourt en
indépendant. Il est le premier chef d’Etat en 25 ans à avoir terminé son
mandat, les autres ayant été tués ou renversés.

–  le Premier ministre entre 2014 et 2015, Domingos Simoes Pereira, chef de l’historique PAIGC,

– Umaro Sissoco Embalo, à la tête d’une dissidence du PAIGC,

– Nuno Nabiam, battu au second tour en 2014.

  • Vote anticipé des militaires

Jeudi 21 novembre, les membres des forces armées et de sécurité ont
donné le coup d’envoi de l’élection présidentielle. Ils ont voté dans
les isoloirs installés dans la cour de la Commission nationale
électorale (CNE). Le scrutin s’est déroulé dans le calme, ont constaté
des journalistes de l’AFP.

  • Une campagne pacifique malgré les tensions

Peu de violence pendant cette campagne qui aura vu des caravanes
tapageuses scander les noms des candidats à travers le pays, et des
posters géants à leur effigie dans la capitale.

Dans une banlieue de Bissau, en campagne ce mercredi 20 novembre, José
Mario Vaz jouait la carte de la différence avec la classe politique
régnante. Il a assuré refuser “de faire le jeu d’un petit groupe de gens qui pillent et volent les deniers publics”.

Au siège du PAIGC paré de banderoles, Dan Yala, une responsable de la campagne de Domingos Simoes Pereira, assure que celui-ci “s’occupera des couches vulnérables comme les femmes, les enfants, les vieillards et les anciens combattants”, règlera le problème crucial des salaires impayés des fonctionnaires et attirera les investisseurs.

José Mario Vaz et Domingos Simoes Pereira promettent de respecter le résultat des urnes. “S’il est transparent et sans tripatouillage”,
assure le président sortant. Les Etats ouest-africains, médiateurs
historiques en Guinée-Bissau, et d’autres ont dépêché leurs
observateurs.

Il faut dire que la crise en cours au sommet du pouvoir a fait douter
jusqu’au bout de la tenue de la présidentielle. La faute à une paralysie
quasi complète depuis des années : la Constitution bissau-guinéenne
neutralise les pouvoirs respectifs du président et du Premier ministre.

  • Le spectre d’une guerre civile

Le président José Mario Vaz a engagé le bras de fer le 28 octobre 2019
en limogeant et remplaçant son Premier ministre Aristides Gomes. Ce
dernier était chargé par la communauté internationale de diriger les
affaires du pays, et d’organiser l’élection présidentielle.

Aristides Gomes refuse de quitter son poste, le président menace de
recourir à la force. La légalité est avec Aristides Gomes, s’accordent
la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao),
l’ONU et l’Union européenne.
Les agissements du président font courir “des risques de guerre civile”,
s’est alarmée la Cédéao. Ce coup d’éclat n’est pas le premier qu’ait
connu le pays lusophone, abonné aux crises institutionnelles.

  • Un pays instable

La Guinée-Bissau a connu quatre putschs (le dernier en 2012), seize
tentatives de coup d’Etat et une valse des gouvernements, depuis son
indépendance en 1974.

L’actuel président José Mario Vaz a été élu en mai 2014, après un accord
entre les autorités de transition et les putschistes. Deux ans plus
tôt, le chef d’état-major dirigeait un coup d’Etat à deux semaines du
second tour de la présidentielle.

La présidence de José Mario Vaz a vécu au rythme des changements de
Premier ministre, et de sa confrontation avec le PAIGC. Élu sous
l’étiquette de ce parti, l’actuel chef de l’État limoge en 2015 Domingos Simoes Pereira du poste de Premier ministre.

Cette paralysie est toujours d’actualité, et pourrait se prolonger si la
présidentielle était remportée par un adversaire de la PAIGC, la majorité parlementaire élue en 2019. À ces tensions politiques s’ajoutent la pauvreté et la corruption endémiques.

  • Narco-trafic et corruption en Guinée-Bissau

Sécurité, développement, démocratie. L’Afrique de l’Ouest, déjà
confrontée à la propagation djihadiste au Mali et au Burkina Faso, ne
souhaite pas que l’instabilité de la Guinée-Bissau se renforce. Ce pays
est fragile. Ses ressources, telles que la bauxite, les phosphates et
les forêts, sont en grande partie inexploitées. Les trafics, de bois
mais aussi de drogue, prospèrent.

L’instabilité et la pauvreté ont favorisé l’implantation de
narcotrafiquants, qui utilisent la Guinée-Bissau comme zone de transit
de la cocaïne entre l’Amérique latine et l’Europe, parfois sous la
protection de hauts gradés de l’armée.

L’ONU a salué les progrès réalisés dans la lutte contre le narco-trafic
depuis l’élection de José Mario Vaz. Mais elle a regretté que, depuis
avril 2018, la volonté des autorités en la matière se soit “peu affermie”. Le pays pâtit d’une corruption endémique : il était classé 172e sur 180 pays en 2018 selon l’indice de perception de la corruption de l’ONG Transparency International.


La Guinée-Bissau en chiffres

1, 87 : million d’habitants en 2018 (selon la Banque mondiale)

3e : producteur africain de noix de cajou

4,3% : prévision de la croissance du PIB en 2019 Banque mondiale.

177e : sur 189 pays dans l’indice de développement humain du Pnud (classement 2018)

70% : de la population vit sous le seuil de pauvreté, avec moins de 2 dollars par jour.

58 ans : l’espérance de vie moyenne


tv5monde




SCAN vidéo : Paroles d’acteurs politiques [Dalein, Sidya, Bah Oury]


“Les paroles s’envolent, les écrits restent” [Pas vraiment]

Archiver la parole publique, Guinée Politique suit les acteurs politiques guinéens.


Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG, entretien à Dakar avec Senflash7, novembre 2019. Source vidéo : Seneflash7

Cellou Dalein Diallo

Sidya Touré, président de l’UFR, plénière du FNDC le 18 novembre 2019. Source vidéo : Fodé Baldé

Sidya Touré

Bah Oury président de l’UDD, invité de TFM (Télévision sénégalaise) en novembre 2019. Source vidéo : ici

Bah Oury

Une revue hebdomadaire de Sékou Chérif Diallo





« Non au pouvoir à vie en Guinée Conakry ! » [Balai Citoyen ]


Depuis le
mois d’octobre 2019, le vaillant et digne peuple de la Guinée est debout
contre l’ambition affichée et démesurée du Président Alpha CONDE
d’instaurer un pouvoir à vie par le truchement de la modification de la
clause limitative du mandat présidentiel.

A cette
lutte légitime du peuple pour la démocratie et le respect de l’Etat de
droit, le pouvoir autocratique d’Alpha CONDE oppose une répression
féroce par l’instrumentalisation des forces de défense et de sécurité.

A 81 ans révolus censés lui conférer sagesse et responsabilité, Alpha CONDÉ, autrefois opposant historique, s’est aujourd’hui, mué en bourreau historique sous l’effet des délices et des sirènes du pouvoir personnel.  

Depuis le début des manifestations, à l’appel du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), des leaders d’organisations de la société civile et des opposants sont régulièrement intimidés, agressés et certains croupissent injustement dans les geôles du régime scélérat d’Alpha CONDÉ. Au nombre de ces vaillants et irréductibles défenseurs de la démocratie qui croupissent actuellement dans les geôles de CONDÉ, figure les camarades Abdourahamane Sanoh, coordinateur du FNDC, Sékou Koundouno, Coordonnateur du Balai Citoyen Guinée et responsable des stratégies et de la planification du FNDC, Ibrahima Diallo, responsable des opérations, le reggaeman engagé Elie Kamano, Mamadou Baïlo Barry et Alpha Soumah. Ils ont été condamnés le 22 octobre dernier à des peines allant de 06 à 12 mois de prison ferme à l’issue d’une parodie de justice orchestrée par le régime et ses juges acquis aux ordres.  Pire, plusieurs dizaines de jeunes ont péri sous les balles assassines des forces de sécurité et sans qu’aucune enquête sérieuse ne soit diligentée en vue de rendre justice aux victimes.   

Le mouvement le Balai Citoyen du Burkina Faso, suit avec consternation et non sans intérêt particulier, l’évolution dramatique de la situation en Guinée. Aussi, Il constate avec regret que malgré son parcours politique pour lequel la jeunesse africaine était pleine d’admiration jusqu’à un passé récent, de la Fédération des Étudiants d’Afrique Noire en France (FEANF) à l’opposition et aujourd’hui au pouvoir, Alpha CONDÉ n’a malheureusement encore tiré aucune leçon de l’histoire récente des mouvements contre les velléités de tripatouillage constitutionnel en Afrique. Professeur de son état, il n’a jamais assimilé la leçon historique selon laquelle, dans le face-à-face avec leur peuple, les hommes dits forts finissent pourtant toujours dans la poubelle de l’histoire ; quand bien même les exemples sont légions. La déchéance morale et politique de l’homme n’a d’égal que l’espoir qu’il a incarné à un moment donné de sa vie politique.

C’est pourquoi, le mouvement Balai citoyen, solidaire du combat de tous les peuples en lutte pour la liberté et la démocratie et résolument engagé contre toute forme de pouvoir à vie, condamne sans réserve aucune la répression barbare à laquelle se livre le régime obscurantiste et moribond du renégat CONDÉ contre le vaillant peuple de Guinée dont la glorieuse histoire constitue à jamais une source d’inspiration intarissable pour tous les peuples épris de liberté. Nous avons la ferme conviction que ce peuple de Guinée, fort de sa tradition de lutte, triomphera inexorablement de cette épreuve de force à lui imposé par cette poignée d’aventuriers politiques.   

Au regard de ce qui précède, le Balai Citoyen :

  • Met en garde Alpha CONDÉ et ses sbires sur leurs responsabilités devant l’histoire face aux exactions en cours en Guinée ;
  • S’insurge contre le silence complice des organisations sous-régionales, panafricaines et internationales sur le risque que fait courir Alpha CONDÉ à la Guinée et à l’Afrique tout entière ;
  • Exige l’arrêt immédiat des violences à l’encontre des populations et la libération sans condition de toutes les personnes injustement embastillées dont le seul crime est d’avoir défendu la démocratie ;
  • Apporte son soutien sans faille au peuple Guinéen en lutte et exhorte tous les démocrates sincères à joindre leur voix à celle du peuple Guinéen pour dire non au troisième mandat de CONDÉ.

Le peuple de Guinée ne courbera pas l’échine devant cette forfaiture car un peuple uni n’est jamais vaincu.

Vive la Guinée !

Vive les peuples en lutte !

N’an laara, an saara (Si nous nous couchons, nous sommes morts !) !

Notre nombre est notre force !

Ensemble, on n’est jamais seul !


Pour le Balai Citoyen, la Coordination Nationale





SIMANDOU Blocs 1 & 2 : Comment SMB a remporté l’offre [Par Akoumba Diallo]


Par une lettre du 14 novembre 2019 au gouvernement guinéen, la directrice générale adjointe de Fortescue Metals Group, Julie Shuttlewroth, a pris acte de la décision de la commission d’évaluation des offres d’attribuer les blocs 1 & 2 de Simandou au consortium conduit par la Société Minière de Boké.


Pour cette praticienne du secteur
minier d’Australie, de la Chine et de la Tanzanie depuis plus de 19 ans, « bien
que nous soyons déçus de ce résultat, nous sommes reconnaissants d’avoir pu
participer à cet appel d’offre et établir par la même occasion un lien
privilégié et étroit avec la Guinée. Nous estimons que le processus d’appel
d’offres est bien géré et nous sommes impatients d’en apprendre davantage à
mesure que le processus avance. Fortescue continue d’espérer qu’il existe
toujours un moyen significatif de contribuer au succès de la Guinée et de ses habitants
».

Après leur réunion du 23 août 2019,
les membres de la commission d’évaluation des offres pour l’octroi de la
concession des gisements de minerai de fer des blocs 1 & 2 de Simandou,
s’étaient réunis le 4 octobre, pour l’ouverture des plis. Le premier constat
des évaluateurs a été que toutes les sociétés qui avaient acheté des cahiers
des charges n’avaient pas soumissionné. L’assemblée des évaluateurs avait dû
mentionner que le retrait des cahiers de charges avait été opéré par trois
sociétés : la Société Minière de Boké (SMB), Vale et Fortescue Metal Group
(FMG), pour une période de préparation des offres de 45 jours. Et de s’accorder
qu’à la date du 4 octobre, seules la SMB et la FMG avaient déposé leurs offres
(composées globalement de 20 formulaires). Les évaluateurs avaient noté en
outre que les offres de la SMB étaient arrivées à temps, contre 15 minutes de
retard pour celles de FMG. Retard qui serait dû à de difficultés
d’identification du lieu de dépôt officiel des offres.

Malgré ce constat, les deux offres
avaient été déclarées recevables par la plénière de la commission d’évaluation.
A cette date, des membres de cette commission avaient rapporté que les offres
de la SMB semblaient être plus alléchantes, en ce sens qu’elles prenaient en
compte la construction du chemin de fer Trans-guinéen et celle d’un port en eau
profonde, à Forécariah, en vue de l’exportation du minerai de fer vers les
marchés. Le tout dans un délai de cinq ans, à compter de la ratification des
conventions (1ère phase).

Les 12 et 13 novembre, les
candidats à l’appel d’offres avaient respectivement reçu leur lettre de
notification. Et c’est la Société Minière de Boké qui a remporté la double
évaluation faite séparément par la commission interministérielle d’évaluation
et le cabinet E&Y (Ernst & Young). Selon une source interne à la
commission, «Fortescue Metals Group n’a pas soumis d’offres sur les
infrastructures» et s’est juste contentée de mentionner «qu’elle est prête à
accompagner l’État guinéen dans la recherche des solutions infrastructurelles».
Par contre «la Société Minière de Boké a identifié des acteurs et des fonds
allant jusqu’à 50% des charges nécessaires pour la première phase».

Pour se protéger contre une
éventuelle contestation, des membres de la commission disent avoir sollicité
les services de E&Y pour une contre-évaluation portant sur les deux offres
en examen. «Après notre évaluation et classement, la commission a demandé à ce
que E&Y évalue de manière indépendante. Les deux résultats se sont situés
dans les mêmes ordres de grandeur. C’est ainsi que nous avons notifié aux
concurrents le résultat final». 

Sur certains paramètres des offres soumises, «les deux concurrents ont proposé un ticket d’entrée d’environ 100 millions USD avec modalités de paiement presque identiques ». Les évaluateurs n’auraient pas examiné cette facette de la concurrence. Selon toujours un évaluateur, le consortium conduit par la Société Minière de Boké a proposé sur les points n°2 et n°4, un processus axé sur «la construction de la mine, d’un chemin de fer Trans-guinéen de 679 km et d’un port en eaux profondes d’une capacité totale de 80 millions de tonnes par an à Matakong sur les côtes guinéennes et d’une aciérie ».

La prévision en investissements
cumulés soumise par la SMB avoisine les 14 milliards USD pour les deux phases
du projet Simandou, blocs 1 et 2 (formulaire n°4, 6, 7 etc). Contrairement à la
SMB, les offres de Fortescue Metals Group proposeraient (formulaire n°7) qu’«
outre le financement des études de faisabilité qu’elle évalue à près de 200
millions USD pour lesquelles FMG s’engage sur fonds propres de respecter un
ratio de dettes/fonds propres de 70/30 pour un investissement total d’environ 4
milliards USD. En dehors du financement des études de faisabilité, tout autre
financement du projet est soumis à la direction des investissements qui ne sera
prise qu’au bout d’un délai de 34 mois, à compter de la date d’entrée en
vigueur».

Le grand écart entre les deux
soumissions se justifierait  surtout par
l’absence de proposition concrète relative au développement des infrastructures
et des installations portuaires pour l’évacuation du minerai des blocs 1 &
2 de Simandou par Fortescue Metals Group alors que SMB aurait proposé la
construction d’un chemin de fer d’une longueur de 679 km reliant la mine à un
port en eaux profondes d’une capacité finale de 80 millions de tonnes par an
situé dans la localité frontalière de Matakong sur les îles Kabak, près de la
Sierra Leone.

L’autre élément déterminant dans la
préférence des évaluateurs pour l’offre de SMB semble avoir été «la
disponibilité et l’engagement à commencer dès que possible les études de
faisabilité et le développement de la mine et des infrastructures à travers
l’engagement d’importants fonds propres disponibles alors que FMG privilégie la
levée des capitaux sur les marchés internationaux comme source principale de
financement de ses activités ».

Pourtant, Fortescue Metals Group
semblait avoir été favorite dans ce processus d’appel d’offres. La candidate à
la reprise des blocs 1 & 2 de Simandou avait dépêché le 22 août 2019, une
équipe sur le site des blocs en jeu. Après plusieurs reports, pour cause de
mauvaises conditions météorologiques, la délégation de Fortescue avait
finalement foulé le  sol de la
sous-préfecture de  Damaro, dans la
préfecture de  Kérouané, ce 22 août.
Damaro, où elle avait été accueillie par les autorités préfectorales et du
ministère des mines avec lesquelles elle s’était entretenue.

La mission de Fortescue avait
visité la cartothèque des échantillons des blocs 1 et 2 de Simandou, en vue
d’identifier le contenu des caisses à travers des numéros de certaines sections
spécifiques de forages sur les blocs 1 et 2, réalisés par la société VBG,
filiale conjointe de BSGR et Vale.

Après cette étape de terrain, la
mission s’était rendue dans le village de Damaro pour une visite de courtoisie
aux sages et aux autorités locales. Où M. Patrick Highsmith de la société
Fortescue avait remercié les sages du village, avant de présenter les valeurs
et les nombreuses expériences de Fortescue, ainsi que de leur engagement sans
faille dans la promotion et le développement du contenu local.

Prenant la parole à cette occasion,
le directeur préfectoral des mines et carrières de Kérouané, Nouman Kanté,
avait au nom de la délégation du ministère des mines, remercié la notabilité du
village pour la mobilisation et l’accueil chaleureux. M. Kanté avait enfin
rappelé l’objectif de la mission de Fortescue qui était la visite technique sur
les blocs 1 et 2, précisant que la société est soumissionnaire à l’appel
d’offres sur les blocs 1 et 2 de Simandou. C’était apparemment une visite de
terrain…miné.


Akoumba Diallo/ Journaliste/ Analyste au cabinet Mineral Merit SARL/ Ancien membre de l’ITIE-Guinée / akoumba2000@yahoo.fr





La fétichisation du pouvoir en Afrique : l’exemple de la Guinée [Par Dr Babacar Diop]


La tyrannie par excellence […] repose sur la contrainte, car aucun homme libre ne supporte de son plein gré un tel pouvoir, Aristote, Les politiques, GF Flammarion, 1993, p.310.

Dr Babacar Diop

L’Afrique
est encore frappée par ce que le philosophe sénégalais Djibril Samb
appelle le «syndrome Bâsi», une maladie qui affecte dangereusement les
chefs d’Etat africains et qui est pire que l’épidémie de l’Ebola. Bâsi
était un souverain de l’empire du Ghana qui arriva au pouvoir à un âge
assez avancé ; frappé de cécité qu’il dissimula, il s’accrocha au
pouvoir avec la complicité de son entourage en usant de toutes sortes de
subterfuges (D. Samb, L’Afrique dans le temps du monde, 2010, p.91).

Le
pouvoir est une drogue qui fait perdre la raison. Des chefs d’Etat
africains découvrent subitement, avec déraison, qu’ils sont
irremplaçables et nourrissent la folle ambition de régner à vie sur leur
pays. Ils sont prêts à tout, au nom disent-ils de l’intérêt supérieur
de leur pays : ils tuent des enfants, massacrent leur peuple,
emprisonnent des innocents pour satisfaire des ambitions démesurées et
démoniaques. Ils prétendent terminer les projets qu’ils seraient les
seuls à pouvoir achever. C’est dans cette logique que Djibril Samb
explique cette maladie contagieuse et mortelle des hommes politiques
africains : «Ce syndrome consiste, pour ces chefs d’État […], même parvenus démocratiquement au pouvoir, à capturer l’appareil d’État,
à vassaliser toutes les institutions, à concentrer tous les pouvoirs
entre leurs mains et celles de leurs familles, avant d’instituer une
espèce de «royauté barbare» d’extraction tyrannique fondée sur le règne
du pouvoir personnel. Ce syndrome est d’autant plus justement nommé que
certains chefs d’
Etat africains, n’ayant pourtant exercé le pouvoir au plus que quelques années, se découvrent subitement irremplaçables» (L’Afrique dans le temps du monde,
p.92). Le syndrome Bâsi constitue une politique du pire qui repose sur
la violence brutale et une concentration de tous les pouvoirs entre les
mains d’un individu omnipotent qui devient l’alpha et l’oméga de tout un
peuple soumis à ses désirs, fantasmes et caprices les plus burlesques.

À titre d’illustration, le président Alpha Condé, arrivé au pouvoir à un âge fort avancé, après plusieurs décennies passées dans l’opposition, apparaît comme un nouveau Bâsi des temps modernes. Frappé de cécité politique, il utilise la violence contre son peuple pour s’accrocher à un pouvoir personnel et clanique qui a tourné le dos au peuple guinéen depuis longtemps. Ses partisans entonnent la chanson déjà entendue ailleurs:

«la Guinée a besoin du Pr Alpha Condé, il faut le laisser terminer ses chantiers pour le grand bonheur du peuple guinéen». C’est pourquoi, F. Mitterrand avait bien raison de dire : «Il y a toujours une clientèle pour les dimensions hors série» (Le coup d’Etat permanent, 2010, p.109).

Alpha Condé ne reculera devant aucune honte, il tuera pour le pouvoir, il piétinera le peuple pour conserver les privilèges égoïstes de son clan politique. L’Afrique est malade de ses dirigeants ! C’est la raison pour laquelle, «la question fondamentale qui se pose à l’Afrique […] demeure celle de son leadership politique» (D. Samb, L’Afrique dans le temps  du monde, p.9).

Les manifestions organisées à Conakry et à l’intérieur du pays, entre
le 14 et 16 octobre par le Front national pour la défense de la
Constitution (FNDC) ont déjà fait onze morts, une centaine de blessés
dont certains sont dans un état critique et plus de deux cents
arrestations. Malgré cette situation chaotique, Alpha Condé refuse
d’entendre la voix de la raison ; il est décidé à aller jusqu’au bout de
sa logique meurtrière du troisième mandat en marchant sur des cadavres.
Le peuple de Guinée a trop souffert pour supporter à nouveau qu’on
sacrifie innocemment ses enfants. Il faut préserver le sang sacré des
guinéens. A-t-on oublié le massacre du 28 septembre 2009 qui a fait plus
de 150 morts ? A-t-on oublié la douleur des femmes violées dans
l’enceinte du stade du 28 septembre de Conakry ? A-t-on besoin de
rappeler toutes les luttes du peuple guinéen pour la démocratie et la
dignité ? A-t-on rangé aux oubliettes le rôle pionnier et héroïque de la
Guinée dans les indépendances africaines. Il est évident qu’Alpha Condé
refuse de marcher dans le sens de l’histoire, il veut replonger la
Guinée dans les ténèbres à ce moment décisif de son histoire.

Malgré
la grande défaillance d’un homme face à sa population, la belle
jeunesse de Guinée est décidée à marcher dans le sens l’histoire. Elle
assure la résistance populaire pour arrêter la révision
constitutionnelle qui ouvrirait à Alpha Condé la voie à une candidature
et à un troisième mandat au forceps. Saint-Just disait, avec son cœur
plein de jeunesse dans son Discours sur la Constitution de France :
«La liberté d’un peuple est dans la force et la durée de sa
constitution ; sa liberté périt toujours avec elle, parce qu’elle périt
par des tyrans qui deviennent plus forts que la liberté même» (Œuvres complètes, 2004, p.539).

Au regard de l’idéal de démocratie que nous souhaitons en Afrique, la jeunesse doit soutenir ce noble combat pour dissuader d’autres «Bâsi» en puissance qui observent avec intérêt l’évolution de la situation en Guinée. Sans aucune hésitation, les peuples africains doivent adopter des positions radicales contre les chefs d’État qui seraient tentés par l’idée d’un troisième mandat, en violation flagrante de la Constitution de leur pays. C’est l’occasion d’inviter la jeunesse africaine à s’inspirer de ces propos pleins d’enthousiasme, d’engagement et d’actualité du jeune Abraham Lincoln de Springfield qui venait d’entrer en politique ; il disait à ses compatriotes américains dans un discours du 27 janvier 1838, à la veille de son vingt-neuvième anniversaire: «[Que chaque amoureux de la liberté, que tout citoyen qui veut le bien de sa postérité jure, au nom du sang versé par la révolution, de ne jamais violer en quoi que ce soit les lois du pays et de ne jamais tolérer que d’autres les violent. […], que chaque [citoyen] accepte de soutenir la Constitution et les lois au prix de sa vie, de ses biens et de son honneur sacré ; qu’aucun n’oublie que transgresser la loi, c’est piétiner le sang de son père et mettre en lambeaux sa propre liberté comme celle de ses enfants. […] Bref que [le respect de la loi] devienne la religion politique de la nation ; que les anciens et les jeunes, les riches et les pauvres, les esprits graves et les êtres joyeux, quels que soient leur sexe, leur langue, leur couleur, leur condition, ne cessent jamais de lui offrir des sacrifices sur les autels qui sont les siens» (Le pouvoir des mots. Lettres et discours, 2009, pp.20-21).

Alpha Condé, un passionné de pouvoir absolu en arrive à se considérer
comme la source légitime du pouvoir, oubliant que la légitimité émane
de la volonté de la communauté politique. Pour cet homme, sa propre
volonté et la volonté particulière du clan au pouvoir deviennent la
volonté générale. C’est ce processus de corruption de la politique qui
coupe la légitimité de sa source originaire (la communauté) que le
philosophe argentin Enrique Dussel appelle la «fétichisation du
pouvoir», c’est-à-dire, son absolutisation, et sa divinisation.

La fétichisation du pouvoir est la manifestation de la corruption la plus achevée de la politique. Ainsi, les représentants cessent de représenter le peuple pour incarner des intérêts particuliers, les intérêts du groupe au pouvoir et des lobbies qui les soutiennent. Le pouvoir se corrompt quand il dévie de sa fonction première qui est d’obéir à la volonté générale de la communauté politique. En ce sens, E. Dussel soutient : «La corruption originaire du politique, que nous nommerons le fétichisme du pouvoir, consiste en ce que l’acteur politique (les membres de la communauté politique, qu’ils soient citoyens ou représentants) croit pouvoir affirmer que sa subjectivité propre ou l’institution dans laquelle il accomplit une fonction (et qui lui permet donc d’être appelé «fonctionnaire», qu’il soit président, député, juge militaire policier, est le siège ou la source du pouvoir politique. Ainsi, par exemple, l’État qui s’affirme comme souverain, comme l’instance ultime du pouvoir, représente le fétichisme du pouvoir de l’État et la corruption de tous ceux qui prétendent exercer le pouvoir étatique ainsi défini» (Vingt thèses de politique, 2018, p.29-30). Celui quit nie son peuple s’affirme lui-même comme maître absolu et se divinise. Ainsi, le pouvoir est considéré comme une idole à laquelle on sacrifie la vie du peuple qui devient un instrument, un objet, c’est-à-dire une chose. Le pouvoir fétichisé est un pouvoir corrompu, coupé des préoccupations du peuple pour satisfaire des intérêts particuliers ; c’est aussi un pouvoir oppressif qui use des formes les plus brutales de la violence.

Alpha Condé croit exercer le pouvoir par son « autorité autoréférentielle » (E. Dussel, Vingt thèses de politique, p.30), c’est-à-dire référée à lui-même,
oubliant la communauté politique, «l’instance ultime» qui est la seule
source du pouvoir légitime. Alpha Condé, candidat au pouvoir absolu,
devient à lui seul toute la Guinée, sa volonté particulière vaut la
volonté générale du peuple. Ainsi le pouvoir en Guinée se corrompt, se
fétichise, s’absolutise et se tyrannise. Le pouvoir fétichisé est un
pouvoir despotique qui use de la violence pour exercer sa domination sur
le peuple. Il ne consiste plus en un exercice délégué par la
communauté, mais plutôt en une dictature qui persécute le peuple afin
d’assouvir les ambitions particulières et égoïstes d’une oligarchie
politique corrompue. Dans un tel schéma, ceux qui s’opposent à
l’oppression sont persécutés et réprimés jusqu’à la mort. Ainsi, le
pouvoir fétichisé se nourrit du sang de ceux qui résistent.

Le
peuple doit faire face au monstre afin de construire un nouvel ordre
qui consacre la volonté de la communauté. En Afrique, il est temps que
les despotes comprennent que le peuple est le seul détenteur légitime du
pouvoir. La Guinée doit user de tous les moyens pour se libérer de
cette nouvelle domination. Devant un Bâsi infirme et assoiffé de pouvoir
absolu, il faut un peuple éveillé et prêt à défendre sa liberté à tout
prix. En vérité, «un dictateur n’a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi» (Le coup d’État permanent,
2010, p.238). Aujourd’hui, la Guinée engage la lutte pour sa «Seconde
Emancipation» ; ce noble combat mérite une solidarité continentale.

Pour
conclure, les onze victimes des manifestations du 14 au 16 octobre 2019
doivent être élevées au rang de martyrs de la démocratie. À leur
endroit, nous prononçons ces vers de Senghor remplis symboles : « Non,
vous n’êtes pas morts gratuits. Vous êtes les témoins de l’Afrique
immortelle /Vous êtes les témoins du monde nouveau qui sera demain »
(L.S. Senghor, Œuvre poétique, 1990, p.95). La jeunesse africaine est invincible.


Dr Babacar DIOP

Enseignant-chercheur au département de Philosophie de l’Université Cheikh Anta DIOP





Violences politiques : les twittos #224 dénoncent et condamnent les tueries

Résumé de l’actualité guinéenne sur Twitter


Cliquez sur l’image pour accéder au tweet (page Twitter)












Les leaders politiques #224 sur Twitter





Sékou Chérif Diallo

Revue de tweets réalisée par





Crise politique en Guinée : les titres de la presse internationale

Crise politique guinéenne : la presse internationale en parle


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LIBÉRATION

Conakry marche contre un «président qui casse les reins»


RFI

Réforme constitutionnelle en Guinée: nouvelle manifestation de l’opposition


QUARTZ AFRICA

Guinea’s president is prepared to risk it all for a third term as anti-government protests grow


AFRICAN QUARTERS

More death in Guinea as protests against Alpha Conde rages on


TV5 MONDE

Guinée: les voyants “au rouge” pour les droits humains, dit Amnesty


Guinée : la procureure de la CPI met en garde contre l’escalade de la violence


LE POINT

Guinée : cette porte ouverte sur la réforme constitutionnelle


DAKAR ACTU

Guinée / 70 manifestants tués, 109 personnes mortes en détention en Guinée : Amnesty alerte « sur le niveau rouge des droits humains »


AFRICANEWS

Guinée : cerné par la crise politique, Alpha Condé rebat ses cartes


THE GUARDIAN

President approves February vote in turbulent Guinea


LIBRE AFRIQUE

Guinée: 70 tués dans des manifestations contre le président Alpha Condé depuis 2015


PREMIUM TIMES

70 people killed in Guinea ahead of 2020 presidential polls – Report


DW

Situation des droits de l’homme très critique en Guinée


LSI AFRICA

Guinée : Fatou Bensouda met en garde contre l’escalade de la violence


REUTERS

Guinea president replaces security minister following deadly protests


Une revue de presse réalisée par Sékou Chérif Diallo





Guinée. Les voyants au rouge pour les droits humains à l’approche de l’élection présidentielle (Amnesty)

  • Au moins 70 manifestants et passants tués depuis janvier 2015
  • Des journalistes ciblés
  • 109 morts en détention

Les autorités guinéennes doivent remédier aux violations des droits
humains qui se multiplient, notamment les homicides de manifestants, les
interdictions de rassemblements pacifiques et la répression des voix
dissidentes, qui risquent de s’aggraver à l’approche de l’élection
présidentielle de 2020, écrit Amnesty International dans un nouveau
rapport publié le 13 novembre 2019.

Intitulé Guinée. Les voyants au rouge à l’approche de l’élection présidentielle de 2020, ce document expose la situation des droits humains qui s’est dégradée entre janvier 2015 et octobre 2019, et dénonce l’homicide de 70 manifestants et passants et d’au moins trois membres des forces de sécurité. Il met en garde contre la montée des tensions politiques, dans un contexte où les craintes sont vives que le président Alpha Condé ne modifie la Constitution pour briguer un troisième mandat.

Neuf manifestants ont été tués le mois dernier lors des manifestations contre une éventuelle révision de la Constitution. Les leaders des mouvements pro-démocratie et de nombreux manifestants ont été arrêtés. C’est un affront pour les droits humains et une tentative violente visant à museler la dissidence. Marie-Evelyne Petrus Barry, directrice pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale à Amnesty International.

« Neuf manifestants ont été tués le mois dernier lors des
manifestations contre une éventuelle révision de la Constitution. Les
leaders des mouvements pro-démocratie et de nombreux manifestants ont
été arrêtés. C’est un affront pour les droits humains et une tentative
violente visant à museler la dissidence », a déclaré Marie-Evelyne
Petrus Barry, directrice pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale
à Amnesty International.

« Les autorités guinéennes doivent faire tout ce qui est en leur
pouvoir pour apaiser les tensions, protéger les droits humains et sauver
des vies avant, pendant et après les prochaines élections. Nous
demandons au gouvernement du président Alpha Condé de mettre fin au
règne de la peur et de la répression en modifiant la législation
relative à l’usage de la force lors de rassemblements publics et en
retirant les forces armées militaires des zones de manifestation. »

Amnesty International publie son rapport avant l’Examen périodique
universel (EPU) de l’ONU sur la Guinée en janvier 2020. Ce rapport
évalue la situation des droits humains depuis l’EPU de janvier 2015.
Aujourd’hui, la Guinée a aboli la peine de mort, ce qui constitue une
avancée notable.

Cependant, dans bien d’autres domaines, les autorités n’ont pas été à la hauteur de leurs engagements.

Amnesty International a constaté que 70 manifestants et passants ont
été tués dans le cadre de manifestations entre janvier 2015 et
octobre 2019. Si l’organisation n’a pas pu confirmer les circonstances
de tous les décès, les témoignages du personnel médical et de témoins
ainsi que le type de munitions utilisées indiquent qu’au moins 59 des
victimes semblent avoir été tuées par la police et la gendarmerie. Parmi
les victimes, un enfant de sept ans qui, selon des sources médicales, a
été touché par une balle perdue en octobre 2015.

En outre, Amnesty International déplore l’homicide d’Amadou Boukariou
Baldé, un étudiant battu à mort par des gendarmes déployés pour
disperser une manifestation à l’Université de Labé, dans le centre de la
Guinée, le 31 mai 2019.

Ce rapport révèle aussi que des centaines de personnes, dont des
enfants de seulement quatre ans, ont été blessées par les forces de
sécurité qui ont fait usage de balles réelles, de matraques et de gaz
lacrymogènes.

L’une des victimes est Mamadou Hady Barry, 10 ans, touché dans le dos
par une balle alors qu’il rentrait chez lui depuis l’école coranique à
Conakry, le 13 novembre 2018. Grièvement blessé, il a été pendant
plusieurs mois incapable de marcher.

Ces dernières années, le gouvernement a interdit de manière
arbitraire de nombreuses manifestations. Les défenseurs des droits
humains et les journalistes sont convoqués, détenus ou arrêtés par la
police, uniquement parce qu’ils exercent leurs droits à la liberté
d’expression et de réunion pacifique.

Au moins 60 membres du Front national pour la défense de la
Constitution (FNDC), un groupe pro-démocratie ont été arrêtés depuis le
12 octobre 2019. Un tribunal a condamné cinq de leurs dirigeants à des
peines allant jusqu’à un an de prison pour avoir appelé à manifester
pacifiquement. Des dizaines de participants ont été condamnés à un an de
prison pour avoir assisté à un « rassemblement illégal ».

En outre, le rapport dévoile que les journalistes sont pris pour
cibles ou agressés par des membres des forces de sécurité, et que des
médias sont suspendus.

À titre d’exemple, Aboubacar Algassimou Diallo, présentateur radio à
Lynx FM, et Souleymane Diallo, administrateur général, ont été convoqués
par la police les 19 et 20 août derniers, après avoir diffusé
l’interview d’une femme qui accusait le ministre de la Défense de
détournement des fonds destinés aux Casques bleus guinéens.

Amnesty International a constaté une surpopulation carcérale
généralisée dans les établissements pénitentiaires guinéens. À la prison
centrale de Conakry, qui a la capacité d’accueillir 500 prisonniers,
1 468 personnes sont détenues. Au moins 109 personnes sont mortes en
détention pendant la période que couvre le rapport.

Ce document recense également des cas de torture et de mauvais
traitements, particulièrement en garde à vue – passages à tabac, viols,
recours à des positions douloureuses, brûlures et privation de sommeil
notamment.

L’impunité continue de régner en Guinée. Les familles de personnes
tuées lors des manifestations ont déposé des dizaines de plaintes,
parfois en fournissant des informations précises sur les unités des
forces de sécurité déployées, notamment des noms et des plaques
d’immatriculation.

Pourtant, un seul cas a donné lieu à des poursuites judiciaires. En
février 2019, un capitaine de police a été condamné pour l’homicide en
2016 d’un passant lors de manifestations, et ce pour la première fois
depuis qu’un membre des forces de sécurité avait été déféré à la justice
en 2010.

Les poursuites judiciaires concernant l’homicide de plus de
150 manifestants pacifiques et les viols et violences sexuelles infligés
à plus de 100 femmes dans le stade de Conakry en 2009, ne progressent
guère.

Afin de briser le cycle de la violence en Guinée à l’approche de
l’élection présidentielle de 2020, les autorités doivent faire savoir
avec force que les violations des droits humains ne seront pas tolérées.

Marie-Evelyne Petrus Barry.

« Afin de briser le cycle de la violence en Guinée à l’approche de l’élection présidentielle de 2020, les autorités doivent faire savoir avec force que les violations des droits humains ne seront pas tolérées », a déclaré Marie-Evelyne Petrus Barry.

« Enfin, elles doivent cesser de museler les voix dissidentes. »

amnesty




La procureure de la CPI met en garde contre l’escalade de la violence en Guinée

La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a mis en garde
lundi les responsables de l’escalade de la violence en Guinée, exhortant
le gouvernement et l’opposition à renouer le dialogue après des
manifestations sanglantes dans ce pays.


Les tensions
sont fortes en Guinée après des semaines de manifestations organisées
par l’opposition qui soupçonne le président Alpha Condé de vouloir
briguer un troisième mandat.

«Suite aux informations faisant état de nombreux épisodes de violence en Guinée au cours des dernières semaines, j’appelle tous les responsables et leurs sympathisants à s’abstenir de la violence et à reprendre le dialogue pour éviter de nouvelles victimes», a déclaré la procureure de la CPI, Mme Fatou Bensouda.

«Toute personne qui commet, ordonne, incite, encourage ou contribue de toute autre manière à commettre des crimes atroces (…) est passible de poursuites par les tribunaux guinéens ou par la CPI», a-t-elle mis en garde dans un communiqué.

Au total, au moins 16 civils et un gendarme ont trouvé la mort au cours de l’intense mouvement de contestation auquel la Guinée – un petit pays pauvre de 13 millions d’habitants – est en proie depuis le 14 octobre à l’instigation du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Des dizaines d’autres personnes ont été blessées, des dizaines arrêtées et jugées.

Le FNDC veut faire barrage au projet prêté au président Condé de
briguer sa propre succession en 2020 et de réviser pour cela la
Constitution qui limite actuellement à deux le nombre des mandats
présidentiels.

A 81 ans, M. Condé entretient le flou sur ses
intentions, mais a entamé en septembre des consultations sur la
Constitution. L’opposition accuse de dérive «dictatoriale» l’ancien
opposant historique qui fut le premier président démocratiquement élu en
2010, réélu en 2015, après des décennies de régimes autoritaires et
militaires.

La communauté internationale s’inquiète d’une escalade dans un pays coutumier des manifestations et des répressions brutales.

En outre, Mme Bensouda a ajouté que son bureau s’était rendu en Guinée fin octobre pour faire le point sur l’enquête liée au massacre de plus de 150 partisans de l’opposition, il y a dix ans.

Établie à La Haye, la CPI a ouvert une enquête préliminaire sur le massacre perpétré le 28 septembre 2009 dans l’enceinte du plus grand stade de Conakry lorsque les forces de sécurité ont tiré sur une foule qui manifestait contre le chef de la junte Moussa Dadis Camara. Plus de 100 femmes ont en outre été violées.

Mme Bensouda s’est
déclarée encouragée par des déclarations du ministre guinéen de la
Justice, Mohamed Lamine Fofana, au cours de la visite de son équipe,
annonçant que le procès des responsables du massacre de 2009 devrait
commencer au plus tard en juin 2020.

«Cela fait maintenant plus de dix ans que ces crimes horribles ont eu lieu au stade de Conakry», a déclaré Mme Bensouda. «Les victimes et les communautés qui ont été touchées méritent que justice soit faite», a-t-elle dit.

La Croix




L’arrestation d’acteurs de la société civile marque un nouveau tournant autoritaire en Guinée

Au moins huit membres du Front National de la Défense de la Constitution (FNDC) ont été arrêtés samedi 12 octobre. Les manifestations du lundi 14 octobre ont quant à elles été violemment réprimées. C’est une nouvelle étape franchie par le pouvoir guinéen pour museler toutes les voix critiques aux velléités de changement de la constitution qui permettrait au Président Alpha Condé de s’assurer un 3ème mandat.


Alors que les citoyens étaient appelés à descendre dans les rues ce
lundi 14 octobre, l’ACAT, Aide et Action, le CCFD-Terre Solidaire, la
CFDT, la CGT, la Plateforme Dette et Développement, la LDH, Survie et
Tournons la Page appellent à la libération des militants du FNDC et à
une mobilisation des partenaires internationaux, en Europe comme en
Afrique, afin que les autorités au pouvoir respectent les libertés
fondamentales des citoyens guinéens.

Depuis ce samedi 12 octobre 2019 matin, au moins huit membres du FNDC
de Guinée ont été arbitrairement arrêtés par les forces de sécurité au
domicile du Coordonnateur du FNDC, Abdourahmane Sano. Ces arrestations
sont intervenues alors que le FNDC avait appelé les Guinéens à
manifester pacifiquement ce lundi 14 octobre afin de dénoncer le projet
de nouvelle Constitution pouvant permettre au Président Alpha Condé de
se maintenir au pouvoir pour un 3ème mandat consécutif.

Le vendredi 11 octobre 2019, vers 20h, alors que le Coordonnateur du
FNDC allait animer à son domicile de Conakry une rencontre avec ses
collègues, quatre véhicules de policiers et de gendarmes se sont garés
devant son domicile. Après une alerte sur les réseaux sociaux, les
forces de l’ordre ont quitté les lieux quelques minutes plus tard. La
rencontre a été reportée au samedi matin. Lors de cette nouvelle
réunion, des éléments des forces de sécurité encagoulées ont fait
irruption dans le domicile privé et ont mis aux arrêts les membres du
FNDC présents.
“Il s’agit ni plus ni moins d’arrestations arbitraires suivies de détentions au secret” affirme Clément Boursin, responsable Afrique à l’ACAT-France.

Ces arrestations à moins de 48 heures de la manifestation prévue
contre la réécriture de la Constitution témoignent d’une volonté de
dissuader les citoyens désireux de se joindre pacifiquement à l’appel du
FNDC et des organisations de la société civile. Cet acte arbitraire
illustre l’escalade des tensions politiques en cours en Guinée qui s’est
matérialisée par la mort de plusieurs personnes lors des manifestations
du 14 octobre.

Ces arrestations arbitraires de militants de la société civile
doivent être le déclencheur au niveau international pour que les
partenaires de la Guinée avertissent publiquement les autorités de ce
pays, et en premier lieu son chef de l’Etat, qu’il ne sera toléré aucune
violation des droits et libertés et que les auteurs et responsables de
toute violations graves des droits humains seront dénoncés, sanctionnés
et un jour poursuivis devant la justice.

“Les autorités guinéennes doivent respecter le droit à la liberté d’expression et de manifestation et veiller à ce que les manifestations soient encadrées correctement afin qu’elles puissent se tenir pacifiquement” déclare Laurent Duarte, coordinateur international de Tournons la page.

Nous, syndicats et associations d’Afrique et d’Europe, solidaires du
FNDC et des citoyens guinéens désireux d’éviter toute confiscation du
pouvoir par des stratégies de réformes constitutionnelles :

Demandons au gouvernement guinéen et aux autorités administratives compétentes :

– La libération immédiate et sans conditions des huit membres du FNDC arbitrairement arrêtés et actuellement détenus au secret ;

– Le respect de leurs droits fondamentaux durant leur détention, notamment celui de ne pas faire l’objet de tortures, de peines ou de traitements cruels, inhumains ou dégradants ;

– Le respect des droits constitutionnels à pouvoir s’exprimer librement (article 7) et à manifester pacifiquement (article 10).

Exigeons de la Communauté économique des États de l’Afrique de
l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union Africaine (UA) qu’elles fassent respecter
le protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance de
la CEDEAO et la Charte Africaine de la Démocratie des élections et de la
gouvernance de l’UA, qui consacrent la limitation des mandats
présidentiels dans les Constitutions ;

Interpellons les partenaires extérieurs de la Guinée, en premier lieu l’Union Européenne (UE) et ses Etats-membres, sur la crise démocratique actuelle. Les risques d’une déstabilisation majeure pèsent sur la Guinée et la sous-région. Nous les appelons à condamner publiquement la répression et le coup de force constitutionnel en cours, et de prendre des mesures concrètes afin que les droits et libertés fondamentales de citoyens guinéens soient respectés.


Signataires :

  • Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT)
  • Aide et Action
  • CCFD-Terre Solidaire
  • CFDT
  • CGT
  • Plateforme Dette et développement (et ses organisations membres)
  • Ligue des Droits de l’Homme
  • Survie
  • Tournons la page (et ses organisations membres)



Crise politique en Guinée : les titres de la presse internationale

Crise politique guinéenne : la presse internationale en parle.

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AFRICA CONFIDENTIAL

LE 360 AFRIQUE

AGORAVOX ITALIA

SEN360

COURRIER INTERNATIONAL

STRATFOR

LA NOUVELLE TRIBUNE

BBC

RFI AFRIQUE

REUTERS

Une revue de presse réalisée par Sékou Chérif Diallo




Comprendre la crise politique en Guinée-Bissau

Alors que la Guinée-Bissau s’acheminait vers une élection présidentielle, elle s’est subitement enfoncée dans une nouvelle crise politique née du limogeage, le 28 octobre dernier, du Premier ministre Aristides Gomes par le président José Mário Vaz.


Intervenue à quelques semaines seulement de la présidentielle, le 24 novembre, au détriment d’un gouvernement en charge de l’organisation de la compétition électorale, la décision a provoqué une véritable levée de bouclier au niveau régional et international.

Pour l’ONU et la CEDEAO, le gouvernement légitime demeure celui d’Aristide Gomes, et pas celui de Faustino Fudut Imbali, récemment désigné, le 31 octobre par le président Mário Vaz.

L’organisation régionale a même donné un ultimatum aux membres du nouveau “gouvernement illégal” pour qu’ils se retirent et se mettent à la disposition des “institutions légales” du pays sous peine de “sanctions sévères”.

Selon la CEDEAO, l’installation du nouvel appareil exécutif contesté a “aggravé” la crise dans le pays.

Finalement, suites aux multiples pressions, le clan Mário Vaz a dû reculer et le nouveau Premier ministre démissionner ce vendredi.

La CEDEAO se prononçait ce même vendredi sur la situation de ce pays, lors d’un sommet à Niamey.

“Alors que nous sommes indépendants depuis 46 ans, certains acteurs internes et externes prétendent nous imposer une sorte de tutelle internationale”, a déclaré le président Vaz au début de cette nouvelle crise.

Un comité interministériel de la CEDEAO s’est même rendu à
Bissau pour essayer de faire entendre raison au Président dont le mandat
actuel est censé prendre fin le 24 novembre.

Il a été dirigé par
le ministre nigérien des Affaires étrangères et président du Conseil des
ministres de la CEDEAO, Kalla Ankourao.

La délégation était composée du ministre d’État et secrétaire général de la présidence de la République de Guinée, Naby Kiridi Bangoura, président de la Commission de la CEDEAO, de Jean-Claude Kouassi Brou, le commissaire pour la Paix, la Sécurité et les Affaires politiques, de Francis Behanzin et des responsables des forces ECOMIB (Mission de la CEDEAO en Guinée-Bissau).

Il a réaffirmé son soutien au Premier ministre Aristides Gomes, à son
gouvernement et au plan gouvernemental approuvé par l’Assemblée
nationale, qui, selon lui, est la preuve du soutien du parlement guinéen
au gouvernement Gomes.

En outre, le communiqué de la délégation régionale a exhorté les forces de défense et de sécurité à s’abstenir de suivre des “ordres illégaux”.

Rien n’y fit. Le président était resté campé sur sa position, se contentant d’évoquer les raisons qui ont sous-tendu sa décision de limogeage.

Dans un élan de défiance vis-à-vis de la communauté internationale, le président a même convoqué, lundi 05 novembre, “un conseil de défense”, réunissant des militaires y compris le Chef d’Etat-Major Général de l’Armée, évoquant son titre de “commandant en chef des forces armées”.

Les ambassadeurs en soutien au gouvernement limogé

Les ambassadeurs des différents pays accrédités en Guinée-Bissau ont
déclaré qu’il n’y a aucune raison de renverser le gouvernement actuel
car il ne reste que quelques jours pour l’élection présidentielle.

L’avis des ambassadeurs a été exprimé ce lundi (4 novembre) par l’ambassadeur des Etats-Unis Tulinado Mussingi après une brève rencontre avec Aristide Gomes et quelques membres de son gouvernement.

“Nous ne voyons aucune raison de changer de gouvernement puisqu’il ne reste plus que 20 jours avant les élections, mais à partir de maintenant, le gouvernement Aristides continuera à travailler pour le processus démocratique”.

“Aujourd’hui, nous sommes venus déclarer notre soutien au
gouvernement d’Aristides Gomes alors qu’il prépare les élections et nous
continuerons à travailler avec ce gouvernement jusqu’à ce que les
élections présidentielles aient lieu”, a-t-il déclaré.

Réunis ce
vendredi à Niamey, les Chef d’Etats de la CEDEAO ont examiné le rapport
de la Commission de la CEDEAO et réaffirmé leur soutien au Premier
ministre limogé, mandaté de poursuivre l’organisation de l’élection. Il
ont invité la Commission à leur soumettre des noms personnes qui
entraveraient le processus, en vue de leur appliquer sanctions ciblées.

« La Conférence décide de l’envoi à Bissau d’une mission de chefs d’État et de gouvernement dirigée par le président de la conférence [le Nigérien Mahamadou Issoufou] et composée des chefs d’État de la Côte d’Ivoire, de la Gambie, du Ghana, de la Guinée et du Nigeria pour transmettre au président Vaz les décisions de la Conférence. Cette mission sera précédée d’une mission des chefs d’état-major de la CEDEAO», annonce le communiqué sanctionnant les travaux des Chefs d’Etats.

Une histoire d’inimitié

L’inimitié
entre les deux hommes n’est pas nouvelle. Issu pourtant du PAIGC, plus
vieux parti du pays, José Mário Vaz a fini par en être exclu alors que
ses relations avec des représentants dudit parti, majoritaire à
l’Assemblée, n’ont cessé de se dégrader, y compris avec Aristides Gomes,
son nième Premier ministre en 5 ans.

Dans une déclaration rendue publique le vendredi 1er novembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a “appelé le président José Mario Vaz et le gouvernement dirigé par le Premier ministre Aristides Gomes, chargé de conduire le processus électoral, à résoudre leurs divergences dans un esprit de respect et de coopération”.

bbc




16 février 2020, nouvelle date annoncée pour les législatives en Guinée

Le président de la Commission électorale, en Guinée, a
annoncé samedi 10 novembre que les élections législatives pourraient
avoir lieu le 16 février 2020. Cela fait des mois que ces élections sont
reportées.

Ces élections législatives retardées – elles auraient dû se tenir en 2018 – auront probablement lieu le 16 février prochain, nouvelle date annoncée par le président de la Céni, Amadou Salif Kebe.

Il
faut rappeler que le même président de la Commission électorale avait
proposé, en septembre dernier, la date du 28 décembre 2019, date
catégoriquement rejetée alors par les représentants de l’opposition au
sein de cette institution.

Ils avaient jugé cette date irréaliste
et servant, selon eux, le projet prêté au président Alpha Condé de
briguer un troisième mandat, en 2020.

Dans ce cafouillage,
l’Organisation internationale de la Francophonie, acteur accompagnant le
processus électoral en Guinée, avait elle-même demandé à la Céni de
reconsidérer cette date du 28 décembre et c’est ce qui fut fait.

C’est
pourquoi, cette fois, le nouveau calendrier a été adopté à l’unanimité
des commissaires de la Commission électorale, toutes tendances
confondues.

Ils ont en même temps annoncé avoir acquis le matériel nécessaire, réclamé par l’audit, pour la tenue de ces élections. La Commission renouvelle sa disponibilité à organiser une élection crédible, inclusive et transparente.

RFI